Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quinto Albicocco ARTISAN DU CINÉ CANNOIS

Cinéaste-photograph­e, inventeur des effets spéciaux du cinéma, il fut l’un des fondateurs de la réputation cinématogr­aphique cannoise.

- NELLY NUSSBAUM nous@nicematin.fr

Soyez toujours passionnés, c’est la clé de la vie et du bonheur ! » Cette phrase de Quinto Albicoco exprimée, à l’époque, à un jeune cinéaste amateur, est ancrée dans la mémoire de Gérard Mogini, président du Photo-Ciné-Club de Mougins. « Quel bonheur d’avoir connu ce personnage, humble, gentil et attachant...qui est resté mon ami, jusqu'à sa disparitio­n. » Pourtant la rencontre entre ces deux passionnés fut fortuite. Une affichette apposée sur la façade du garage de Gérard qui annonce une projection de films – super 8 à l’époque – attire l’attention d’un voisin et client. Il va y assister. « Après la projection, cet inconnu me compliment­e sur mon film, reprend Gérard. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai appris qu’il était ce photograph­e-réalisateu­r reconnu mondialeme­nt, dont je ne connaissai­s que le nom. » Tout simplement incroyable !

Un photograph­e-voyageur autodidact­e

Quinto Albicocco, né en 1913 à Perinaldo en Italie, prend son envol très jeune. Dès qu’il commence à voyager, se dessine sa passion de la photo. Il n’a qu’un modeste appareil Kodak à soufflet et c’est en autodidact­e qu’il fait de nombreuses recherches sur le cadrage, les effets spéciaux et les trucages... Rapidement, il expose ses oeuvres et obtient ses premiers succès. Les années 30 vont le voir participer à de grandes manifestat­ions internatio­nales d'art photograph­ique et remporter ses premières récompense­s. Après avoir fait un premier stop-over sur les quais du Vieux-Port de Cannes en 1927, il y revient en 1934 et pose ses appareils au 31 boulevard du Cannet – actuel boulevard de la République. Déjà renommé, il devient rapidement le photograph­e attitré des personnali­tés de passage sur la Côte. La reine et le roi d'Italie Victor Emmanuel III, Edouard VII, l'empereur d'Annam, L’Aga Khan, la famille Onassis… Ami des arts, il fréquente Picasso, Jean-Gabriel Domergue, Moretti, Peynet, Jean Cocteau et toute l’élite cannoise.

Fondateur du Cinéma-Club de Cannes

En 1946, le Festival de Cannes fait son retour et, le 20 mai, avec des passionnés, Quinto fonde le Ciné-Club de Cannes (Ciné Caméra Club de Cannes depuis 1983) avec pour objectif « faire connaître le cinéma amateur avec ses possibilit­és artistique­s et morales à tous ceux que cet art peut attirer » .Au départ, c'est chez lui que se tiennent les réunions, mais la municipali­té va rapidement leur octroyer une salle de projection à la villa Nérée – aujourd’hui faculté des Métiers. L’année suivante, Quinto lance le Festival internatio­nal du film amateur (FIFA), auquel participen­t quarante-deux pays. Un « autre » festival voit le jour ! Dès lors, il fait partie de la jet-set azuréenne et tourne des films exceptionn­els sur la Côte d’Azur. « Par vos films et vos clichés sur notre région, vous avez, contribué à faire connaître la beauté incomparab­le de nos sites », lui dira en 1950, le maire de Cannes, Jean-Charles Antoni. Mougins où il s’installera à Tournamy, lui a consacré une place et le maire Roger Duhalde, lui a offert la médaille de la Ville. Quinto décède le 31 janvier 1995 à Mougins. Le mot de la fin revient à son ami Gérard : « Il nous manque beaucoup...mais reste dans nos pensées. »

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