Du mal de dos à l’intervention chirurgicale, un processus complexe Soins
La chirurgie du dos a vu sa sécurité améliorée grâce à l’O-ARM et la navigation. Elle doit néanmoins être proposée après mûre réflexion et avec le consentement éclairé du patient
C’est une chirurgie redoutée par les patients. À juste titre. Une opération du dos n’est jamais anodine et ses indications doivent être posées avec d’infinies précautions, de l’avis même de ceux qui la pratiquent régulièrement, à l’instar du Dr Laurent Barresi, chirurgien du rachis à la polyclinique Saint-Jean de Cagnes-surMer. « L’indication de chirurgie du rachis reste exceptionnelle, toutes pathologies confondues, lombaires ou cervicales. Globalement, parmi les patients qui nous consultent pour des douleurs d’origine rachidienne, à peine un sur dix relève de la chirurgie. Et si l’on étend cette indication à la population générale qui se plaint de mal de dos, véritable mal du siècle, ce taux est incalculable ! », introduit le spécialiste. Nombre de ces plaintes sont liées à la présence d’une hernie discale (saillie d’une portion d’un disque intervertébral) et trouvent pour la plupart un soulagement dans la seule prise en charge médicale. « Dans environ 90 % des cas, des antalgiques, des anti-inflammatoires ou encore des infiltrations suffisent à éradiquer les douleurs radiculaires. Mais, si après trois ou quatre mois, les douleurs (comme la sciatique) persistent, résistant aux traitements médicaux : l’intervention peut être envisagée. »
Risque de mauvais positionnement
Comment comprendre une telle prudence dans les indications chirurgicales, quand la douleur constitue pour des millions de Français un véritable handicap ? « On y est contraint, faute de critères prédictifs d’une évolution favorable suite à l’intervention, répond le Dr Barresi. Tous les patients ne sont pas soulagés après une opération du dos. S’agissant d’une chirurgie pourvoyeuse de complications, on préfère, autant que possible, garder l’intervention comme dernière solution. Quoi qu’il en soit, on réalise toujours, préalablement à une chirurgie, une évaluation globale : neurologique bien sûr, pour mesurer la souffrance des nerfs, mais aussi de l’environnement social, familial, du métier… chaque situation est unique. » Au-delà des « garanties de résultats », difficiles à fournir, c’est surtout le risque de complications qui invite à la prudence. «Même si elles sont heureusement rares, elles peuvent être graves et complexes. Et même le chirurgien le plus aguerri n’est pas à l’abri, lorsqu’il s’agit de poser un implant (pour remplacer un disque intervertébral malade, Ndlr), des vis, etc., de mal les positionner. » Un risque considérablement réduit grâce à l’O-ARM (lire encadré), un système d’imagerie 2D et 3D qui a révolutionné la chirurgie du rachis (lire encadré) et dont s’est équipé en novembre dernier l’établissement de santé cagnois. « Aujourd’hui, on peut « naviguer » à l’intérieur du malade, en visualisant au millimètre ce que l’on fait », s’enthousiasme le Dr Barresi. Une sécurité pour le patient et le chirurgien et la promesse d’une réhabilitation pour une chirurgie du dos, qui souffre encore (injustement) d’une mauvaise réputation.