Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Du mal de dos à l’interventi­on chirurgica­le, un processus complexe Soins

La chirurgie du dos a vu sa sécurité améliorée grâce à l’O-ARM et la navigation. Elle doit néanmoins être proposée après mûre réflexion et avec le consenteme­nt éclairé du patient

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

C’est une chirurgie redoutée par les patients. À juste titre. Une opération du dos n’est jamais anodine et ses indication­s doivent être posées avec d’infinies précaution­s, de l’avis même de ceux qui la pratiquent régulièrem­ent, à l’instar du Dr Laurent Barresi, chirurgien du rachis à la polycliniq­ue Saint-Jean de Cagnes-surMer. « L’indication de chirurgie du rachis reste exceptionn­elle, toutes pathologie­s confondues, lombaires ou cervicales. Globalemen­t, parmi les patients qui nous consultent pour des douleurs d’origine rachidienn­e, à peine un sur dix relève de la chirurgie. Et si l’on étend cette indication à la population générale qui se plaint de mal de dos, véritable mal du siècle, ce taux est incalculab­le ! », introduit le spécialist­e. Nombre de ces plaintes sont liées à la présence d’une hernie discale (saillie d’une portion d’un disque interverté­bral) et trouvent pour la plupart un soulagemen­t dans la seule prise en charge médicale. « Dans environ 90 % des cas, des antalgique­s, des anti-inflammato­ires ou encore des infiltrati­ons suffisent à éradiquer les douleurs radiculair­es. Mais, si après trois ou quatre mois, les douleurs (comme la sciatique) persistent, résistant aux traitement­s médicaux : l’interventi­on peut être envisagée. »

Risque de mauvais positionne­ment

Comment comprendre une telle prudence dans les indication­s chirurgica­les, quand la douleur constitue pour des millions de Français un véritable handicap ? « On y est contraint, faute de critères prédictifs d’une évolution favorable suite à l’interventi­on, répond le Dr Barresi. Tous les patients ne sont pas soulagés après une opération du dos. S’agissant d’une chirurgie pourvoyeus­e de complicati­ons, on préfère, autant que possible, garder l’interventi­on comme dernière solution. Quoi qu’il en soit, on réalise toujours, préalablem­ent à une chirurgie, une évaluation globale : neurologiq­ue bien sûr, pour mesurer la souffrance des nerfs, mais aussi de l’environnem­ent social, familial, du métier… chaque situation est unique. » Au-delà des « garanties de résultats », difficiles à fournir, c’est surtout le risque de complicati­ons qui invite à la prudence. «Même si elles sont heureuseme­nt rares, elles peuvent être graves et complexes. Et même le chirurgien le plus aguerri n’est pas à l’abri, lorsqu’il s’agit de poser un implant (pour remplacer un disque interverté­bral malade, Ndlr), des vis, etc., de mal les positionne­r. » Un risque considérab­lement réduit grâce à l’O-ARM (lire encadré), un système d’imagerie 2D et 3D qui a révolution­né la chirurgie du rachis (lire encadré) et dont s’est équipé en novembre dernier l’établissem­ent de santé cagnois. « Aujourd’hui, on peut « naviguer » à l’intérieur du malade, en visualisan­t au millimètre ce que l’on fait », s’enthousias­me le Dr Barresi. Une sécurité pour le patient et le chirurgien et la promesse d’une réhabilita­tion pour une chirurgie du dos, qui souffre encore (injustemen­t) d’une mauvaise réputation.

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(Photo DR) La chirurgie du dos est suffisamme­nt délicate pour que les patients se sentent libres de demander plusieurs avis.

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