Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« C’est l’expériment­ation que l’on attendait depuis des années »

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En plus de trente ans de métier, Robert Biasizzo en a égaré des filets. « J’ai retrouvé la plupart, mais en passant des heures et des heures à grappiner et en gaspillant du carburant », témoigne le prud’homme de Carqueiran­ne. Voilà pourquoi l’expériment­ation de CLS ressemble à ses yeux à «une avancée énorme ». Comme de nombreux collègues pêcheurs, Robert Biasizzo est « à 100 % derrière » ce projet.

« Catastroph­e écologique »

« C’est même l’expériment­ation que l’on attendait depuis des années, renchérit Pierre Morera. Car lorsqu’un pêcheur artisan perd un filet ou une palangre, c’est avant tout une grosse perte financière, puisque le poisson est perdu, mais c’est aussi une énorme perte de temps », prolonge le président du comité départemen­tal des pêches. Comme tout bon vieux loup de mer qui se respecte, lui aussi « dépense des dizaines voire des centaines d’heures d’assemblage pour fabriquer le matériel ». Sachant qu’une centaine de mètres de filets se facture au moins 100 euros… Mais la question est aussi environnem­entale. Et les pêcheurs se montrent sensibles à ce paramètre. « Un filet perdu en mer peut rester là des années. C’est une catastroph­e au niveau écologique et ça, insiste Pierre Morera, on le sait. Il n’y a pas un pêcheur qui a envie de jouer à la roulette russe avec son matériel. » Et le prud’homme des Salins d’Hyères de rappeler « qu’on a tous envie de prendre soin de la mer. »

Sur la route des cargos

Les pertes de matériel sont évidemment accidentel­les. Or, bien souvent, les responsabl­es sont ces montagnes de métal flottantes qui « embarquent tout sur leur passage et coupent nos signaux ». «En général, témoigne Pierre Morera, les cargos arrivent très vite (entre 15 et 25 noeuds, soit de 28 à 46 km/h) et ne font pas trop attention à nous avec nos balises et nos petits bateaux de 9 mètres. Toutes ces zones qui se situent sur la route des cargos sont sujettes à ce genre de pertes. »

Un matériel haute technologi­e

Tous les pêcheurs rencontren­t les mêmes problèmes. « Pour les merlans et les langoustes roses, illustre le prud’homme varois, on est obligé de travailler en profondeur, à plus de 300 ou 400 mètres. » À ces profondeur­s-là, les courants sont de plus en plus violents. « Et une fois que la ligne est coupée, ça devient très compliqué pour retrouver le matériel. » À 77 ans, Roger aussi en a perdu, des filets. Aujourd’hui retraité, le pêcheur carqueiran­nais est plutôt enthousias­te à l’idée de voir ses collègues équipés de matériel de haute technologi­e. « C’est une très bonne idée, glisse-t-il. Faudra juste voir qui va payer… »

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Aujourd’hui retraité, Roger,  ans, se dit enthousias­te à l’idée de voir ses collègues pêcheurs équipés d’un tel matériel.

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