Merci à ces aides à domicile oubliées de la prime Le délégué régional de la Fédération des services à la personne et entrepreneur varois a souhaité saluer le travail de ses intervenantes durant le confinement mais une revalorisation du métier s’impose
Elles ont fait un travail remarquable. Ce n’est pas pour la rémunération qu’elles perçoivent qu’elles ont continué à travailler malgré la boule au ventre, mais parce que les personnes âgées avaient besoin d’elles. C’était extrêmement courageux d’intervenir. Certaines, malgré leurs protections, ont attrapé le Covid. D’autres sont intervenues chez des personnes revenues de l’hôpital et encore contagieuses. Cette prime, elles la méritent vraiment. » Léo Malfant est délégué régional de la Fédération des services à la personne (FEDESAP) et dirige la société Provence Aide Services, implantée dans le Var à Sanary, Hyères et Saint-Raphaël. Les intervenantes à domicile ont été les grandes oubliées de l’aprèsconfinement, regrette-t-il.
De la déception
Alors que le gouvernement leur avait promis une prime de 1 000 € comme pour les Ehpad, rien n’a été octroyé aux aides à domicile une fois passée la crise. Chez Provence Aide Services qui emploie 280 personnes, le dirigeant a décidé de leur offrir à chacune une prime de 100 € même si celui-ci reconnaît que « Ça génère de l’incompréhension mais nous n’avions pas les moyens de verser plus ». Pour autant, Léo Malfant défend la cause de ces professionnel(le)s qui n’ont pas hésité à braver le virus et leur propre peur pour rendre service aux aînés. De nombreux courriers ont été envoyés par la fédération nationale au gouvernement et aux départements pour rappeler les engagements de l’État et tenter d’obtenir une revalorisation des tarifs horaires de l’APA (allocation de perte d’autonomie). «Elleestà19 € de l’heure dans le Var et autour de 22 à 23 € dans d’autres départements. Selon l’observatoire de la fédération, on devrait être à 25 € de l’heure minimum si on respecte le cahier des charges. Ça permettrait de répondre aux exigences actuelles », rappelle Léo Malfant. Car les enjeux sont de taille. Et plus encore, si l’on tient compte de ce que le confinement a révélé. Les personnes âgées, demeurées chez elles, ont été globalement moins touchées par le Covid-19 que dans les Ehpad. Et les intervenantes à domicile ont démontré toute l’utilité
Elles ont aussi pu informer et alerter les familles et personnels soignants grâce à des outils de coordination digitaux et téléphones portables mis à disposition par la société Provence Aide Services. « La question est : quelle société veuton pour nos aînés ?, pointe du doigt Léo Malfant. plus dépendantes mais désirent, en majorité, vieillir à leur domicile. Nous allons avoir besoin de plus d’aides à domicile et de personnels formés à l’avenir. »
Pour une augmentation des tarifs horaires
Or, le manque d’attractivité pour ce métier engendre un turnover important, compliqué à gérer, pour les sociétés prestataires de services. Alors même que c’est un vivier d’emplois. « Ce sont souvent des femmes seules avec enfant ou issues des quartiers prioritaires de la ville, éloignées de l’emploi, de niveau infra bac, avec peu de diplômes, confie Léo Malfant. Alafédération, nous militons pour une structuration de ce secteur d’activité, pour une revalorisation de l’offre et une augmentation des tarifs horaires, et pour permettre une meilleure coordination avec les personnels soignants (médecins, kinés, infirmières) afin d’échanger sur la situation de la personne âgée. Ce temps de coordination n’est pas rémunéré comme une heure de travail » ,regrette le délégué régional. L’ère post-Covid permettra-t-elle de reconnaître davantage ces professionnels et tous les services qu’ils rendent à la société ? De mettre dans la lumière ces femmes de l’ombre qui ont su relever le défi de cette crise sanitaire ? Dans un secteur où les offres d’emploi ne risquent pas de tarir, il serait temps de s’y pencher.