Des kayaks éco-solidaires au Brusc
À Six-Fours, pour financer son restaurant humanitaire, le fondateur de l’association ABC loue ses bateaux légers à rames et reverse une partie du prix de la location en fonction des déchets ramassés
L’ABC de la solidarité. La protection des individus et celle de l’environnement en ligne de mire. Pour financer le restaurant solidaire que l’association ABC, née en 1991 et dont il est le fondateur, a ouvert au Brusc il y a trois ans (1), le biologiste retraité et multicasquettes Claude Escarguel développe depuis le 1er juillet et jusqu’à fin septembre, une activité kayak pas comme les autres, sur le parking de la base nautique du Brusc à Six-Fours, près de la cale de mise à l’eau.
Des déchets transformés en bijoux
Le principe, novateur, mis en place est le suivant : « Nous remettons à tous ceux qui louent nos kayaks un filet à oursins et les invitons à ramasser les déchets qu’ils trouvent sur leur chemin. A leur retour, en fonction de la quantité prélevée qu’ils s’engagent à ramener lors de leur balade ou plongée en apnée, nous leur reversons une partie du prix de la location », sourit Claude Escarguel, qui est épaulé par les bénévoles de son association, dont les bénéficiaires du restaurant solidaire. « Il faut développer une prise de conscience autour de la pollution de la mer par les microplastiques ! »
Et une fois par semaine, l’association marseillaise Sauvage, avec laquelle ABC a conventionné, « passe collecter les déchets qui sont transformés en bijoux », s’illumine l’écologiste humanitaire. Dans un cadre idyllique, une vingtaine de kayaks est ainsi proposée à la location sur un terrain sur lequel l’association ABC est titulaire d’une autorisation d’occupation temporaire (AOT) pour trois mois. Dans le même temps, la base de location a aussi pour vocation de promouvoir le kayak hybride tri-propulsion, dont la propulsion électrique. « C’est une évolution du kayak “grand raid” que j’avais mis au point pour l’explorateur Mike Horn, un Triak à bord duquel j’ai même bouclé l’année dernière un tour de Corse de 400 km en trois semaines », s’enthousiasme Claude Escarguel,
qui a oeuvré au développement de l’engin hybride avec Mohamed Camara (voir ci-dessous). Le principe du Triak brille par sa simplicité. Un moteur électrique nautique de série – de marque Torqueedo –, actionné par une télécommande et alimenté par une batterie se rechargeant au soleil via un panneau photovoltaïque, est positionné à la poupe du kayak, qui se manoeuvre grâce à un palonnier. « L’autonomie est d’environ 10 heures, pour une vitesse garantie de 4 à 5 noeuds, soit une dizaine de km/h au maximum », commente le passionné, qui ambitionne de « faire du Brusc la capitale du kayac des mers » . Des Triaks à bord desquels l’association – qui compte sept embarcations de ce type – organise tout l’été des sorties hebdomadaires d’une journée, avec repas compris dans la crique du Mont Salva (coût 50 € / six personnes maximum).
Le potentiel de l’électrique
Par ailleurs, surfant sur leur succès et poursuivant ses activités de recherche et développement, Claude Escarguel, toujours via l’association ABC, envisage enfin de fabriquer cet hiver au Brusc des kayaks hybrides, déjà vendus à plus de 500 exemplaires dans le monde entier, et de les commercialiser (tarif de 2000 à 4 000 euros - il faut compter 1 500 euros pour le seul moteur). Pas de doute, le vent du développement durable s’est levé et souffle à Six-Fours ! 1. Ouvert les mardis et mercredis midi d’hiver au 135 traverse du Gaou, gratuit pour les plus démunis, participation de 10 euros pour les autres.
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