Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un x d’occasion, mobile du crime de La Valette ?

Devant la cour d’assises du Var, une seconde autopsie a confirmé que Hakim Ouadi a succombé à plusieurs coups sur le crâne. L’accusé maintient ne pas l’avoir frappé

- G. D.

Au deuxième jour du procès de Roger Haerter, pour le meurtre de Hakim Ouadi dans la journée du 26 décembre 2016 à La Valettedu-Var, la cour d’assises a examiné plusieurs témoignage­s. À commencer par celui de Muriel Galea, épouse de l’accusé. Elle a convenu que, quand elle s’est trouvée en garde à vue, au vu des éléments qui lui avaient été exposés, elle avait pensé que son mari avait commis cet acte. En tout cas, elle était quasiment sûre que ce qui s’était produit le jour des faits, dans la salle d’eau de son studio, n’était pas un dégât des eaux dû au lave-linge, comme le lui avait dit Roger Haerter. « Quand je suis rentrée chez moi, j’ai poussé la machine et j’ai vu qu’il y avait de la poussière derrière. » Questionné­e par la cour sur le mobile qui aurait pu animer son mari : « J’en vois deux, le premier c’est l’argent, un certain prix concernant une voiture, ou un gros manque de respect qui aurait déclenché une bagarre. »

Une occasion en or

Précisémen­t, l’expert en informatiq­ue, qui a examiné le matériel multimédia de la victime, y a trouvé toute une série de messages échangés entre Roger Haerter et Hakim Ouadi du 8 au 23 décembre 2016. Le premier y proposait au second d’acheter d’occasion un 4x4 de luxe, côté 63000€, au prix défiant toute concurrenc­e de 20000€ , le propriétai­re ayant une dette envers lui. Dans le dernier message,

Hakim Ouadi s’était déclaré très intéressé par cette affaire «derêve», et Roger Haerter lui avait annoncé qu’ils auraient rendez-vous le 26 décembre avec le vendeur. Ce qu’il a confirmé dans le box. Mais il n’y a dans le dossier aucune preuve de l’existence de cette voiture.

Au minimum deux coups sur le crâne

Dans le prolongeme­nt de l’autopsie avait eu lieu, à l’institut médico-légal de Nice, une analyse en anthropolo­gie lésionnell­e. Destinée à affiner la première expertise, elle avait consisté à nettoyer les ossements de la victime pour permettre une observatio­n plus précise. « La cause du décès est un traumatism­e crânien majeur, a conclu l’expert. Toute la partie droite du crâne a été fracturée par au minimum deux coups très violents, et possibleme­nt trois, avec un objet contondant. Ce n’est pas possible qu’un seul choc fasse tout ça. » Il a confirmé que ces coups avaient été portés par un tiers. Et que la thèse accidentel­le d’une chute dans le bac à douche n’était « pas compatible ».

Le corps découpé après la mort

Il a aussi confirmé que le corps avait été découpé au milieu du tronc et audessus des genoux, « avec un couteau à lame dentelée ou une scie » , et que cette découpe avait eu lieu après la mort. Enfin, il a précisé que la carbonisat­ion du corps, enfermé dans une valise aspergée d’essence, avait été assez faible : «Ellea duré au maximum trente minutes, mais plus probableme­nt quinze. » Roger Haerter a maintenu que Hakim Ouadi n’avait subi qu’un seul choc derrière la tête, et qu’il ne l’avait pas frappé. La parole sera donnée aujourd’hui aux avocats et à l’avocat général, le verdict étant attendu dans la soirée.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) L’accusé Roger Haerter face à l’avocat général et à l’avocat des proches de la victime.

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