Les Varois et les vacanciers plutôt favorables au port obligatoire
Le port du masque obligatoire dans les lieux recevant du public ? L’éventualité devient de plus en plus probable et semble d’ores et déjà admise par un grand nombre de personnes croisées hier. Dans les rues de Saint-Raphaël, déjà, le nombre de visages masqués est légèrement supérieur ce lundi, par rapport aux dernières semaines où l’on n’en voyait quasiment pas. Comme si la perception de ce morceau de tissu, jetable ou pas, redevenait celle d’un accessoire utile. Il n’empêche qu’ils sont encore largement minoritaires. Sans le mettre, beaucoup l’ont dans la poche ou dans le sac, constate-ton devant l’entrée du magasin Monoprix, où quasiment un client sur deux enfile sa protection, et un sur quatre utilise le gel hydroalcoolique mis à sa disposition dès le seuil franchi. Sur le côté, un écriteau annonce « port du masque fortement recommandé »…
Sujet sensible pour les équipes de direction
Le sujet est très sensible. La direction du magasin n’a pas souhaité communiquer, pas plus que les autres enseignes contactées hier, y compris une grande surface d’équipements sportifs, où le port de la protection est obligatoire. Les avis du public sont eux assez tranchés. Dans le camp des sans masques, Pascal et Danièle assument ne pas le porter, sans prendre un air bravache. Ces vacanciers aixois admettent posséder des masques, mais ne « pas avoir pensé à le mettre ». Madame les sort de son sac à main pour en attester « Tu n’as pas besoin, c’est une journaliste, pas la police », lui dit son conjoint. «Si j’avais été avec ma fille de 26 ans, je l’aurais mis. Elle travaille dans le médical, elle est plus scrupuleuse que nous », indique-t-elle, un brin embarrassée. « On le met quand c’est obligatoire, poursuit Pascal. Et on se pliera à la réglementation si elle change. On n’est pas des anarchistes mais on attache beaucoup d’importance à notre petit confort personnel. Et quand on porte des lunettes comme moi, ce n’est pas pratique, il y a de la buée. Mais on jouera le jeu et je pense que si tout le monde le met, on limitera le R zéro (taux de reproduction de base d’un virus, NDLR), qui vient de dépasser 1 (1) ».
Éviter une deuxième vague
Autre visage non masqué, Patrick, de Bourg-en-Bresse, est un peu du même avis : « Je le mets seulement quand c’est obligatoire. C’était le cas hier, à l’Abbaye du Thoronet. Je porte des lunettes qui deviennent pleines de buée, et des appareils auditifs, les élastiques se coincent dedans. Franchement, je trouve idiot de le rendre obligatoire dans la rue ou sur une plage. Mais dans un magasin, OK ! » Monique aussi le met, « quand je suis obligée », précise-t-elle, mais sans « être sûre que ce soit efficace »… D’autres portent le masque, sans problème. Comme Maëlle : «Dès que je rentre dans un magasin, même pour acheter mon pain, précise cette retraitée raphaëloise. C’est trop grave. Je suis favorable au port obligatoire pour éviter une deuxième vague. » Anne, Parisienne masquée, est du même avis. Mais ses petits-enfants, âgés de 12 et 14 ans, qui l’accompagnent n’en portent pas. « Le mien est lavable. Au marché, seuls les vendeurs en ont. Il faudrait le rendre obligatoire, même dans les rues », préconise-t-elle. C’est aussi le point de vue de Lucienne, « Il me semble que c’est plus prudent, tout comme se laver les mains. Mes enfants de 50 et 54 ans ne veulent pas le mettre, ils vont dans des fêtes où il y a plus de dix personnes. Il faut être raisonnable. Bien sûr c’est casse-pieds, surtout quand on a des lunettes. Et pour les artistes, les spectacles, les boîtes de nuit, je regrette beaucoup pour eux que ce soit fermé, mais c’est nécessaire ». La balance de ces témoignages penche donc nettement pour la généralisation du port du masque. Et puis il y a ce monsieur, qui sort du magasin et enlève le sien, comme soulagé : « Je n’ai rien à dire, je suis médecin infectiologue et le masque, j’en ai marre », assène-t-il coupant court à la conversation.
1. Si le R zéro (R0) est supérieur à 1, un malade va contaminer plus d’une personne donc l’épidémie va prendre de l’ampleur. S’il est inférieur à 1, petit à petit les malades contaminent moins de personnes et donc l’épidémie peut s’atténuer voire disparaître.