Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Balade Peillon, un joyau aux portes de Nice

À 20 minutes de Nice, ce village perché à 376 m d’altitude sur son flanc de montagne, offre une escapade aussi paisible que riche des multiples merveilles naturelles ou religieuse­s qu’il recèle

- CHRISTIAN HUAULT chuault@nicematin.fr

Peillon, c’est tout d’abord le regard qui se pose sur ce paysage de carte postale qui s’offre au détour de l’un des derniers virages de la RD 121 menant à ce village perché typique des Alpes-Maritimes, au-dessus de la vallée du Paillon. Un village à caractère médiéval qui répond, nous indique notre guide Véronique Muller, présidente du Syndicat d’initiative, « aux trois critères de ce type de bourg : un village falaise sur un ancien castellara­s, l’absence de remparts, et un couple château-église sur la place haute du village ». De fait, les premières maisons toutes en pierres apparentes et quelques tours de guets esquissent ce qui pouvait à l’époque protéger les Peillonnai­s.

La maison de Pierre Brasseur

Mais il est temps, après avoir garé la voiture sur le petit parking au bout de la route, de se laisser guider avec délice par Véronique dans les venelles escarpées de cet adorable village. Nous voici place Auguste-Arnulf où la balade (prévoir deux bonnes heures) va commencer. On lève la tête et voilà déjà qu’à la droite du restaurant Les Plaisirs, une étroite maison à la petite et unique fenêtre nous fait de l’oeil. « C’était celle de l’acteur Pierre Brasseur, nous souffle Véronique. Mais il voulait y faire de larges ouvertures sur la façade. Comme le village est classé, cela lui a été refusé. Du coup il a revendu. » Peillon est accueillan­te, mais la célébrité ne suffit heureuseme­nt pas à la dénaturer ! Revenons à notre point de départ où l’on peut voir à gauche de la place une jolie fontaine de 1800 et sur la droite, deux petits lavoirs-abreuvoirs joliment restaurés. L’ascension débute sur une calade refaite à l’identique avec les galets du Paillon. On emprunte la « carriera centrale » à gauche, puis on bifurque à droite au niveau du Syndicat d’initiative. On chemine tranquille­ment entre de jolies maisons reliées entre elles par des « poutins », « des petites arches qui servent aussi à consolider les maisons, nous explique Véronique. D’ailleurs, lors du grand tremblemen­t de terre de 1887, pas une d’entre elles n’est tombée au village... », clame-telle avec fierté ! La montée se poursuit jusqu’à tomber sur le four communal. « Il tourne à plein régime pour la fête du pain, le troisième dimanche de mai et la Saint-Sauveur, le 1er dimanche d’août. Mais cette année, avec le Covid, on a tout annulé », se morfond Véronique. La balade se poursuit, à la fraîcheur des hauts murs des ruelles, on passe devant l’ancien restaurant des chasseurs puis on emprunte sur la gauche, le chemin d’accès à la place haute. «Sur votre gauche, voici l’ancien bâtiment communal, nous indique notre guide. Au rez-de-chaussée la mairie, au 1er étage le logement de l’instituteu­r, au 2e, l’école ».

Une drôle de cour de récréation

Quelle drôle d’idée de percher la salle de classe au 2e étage d’une maison de village, me disje. Sauf qu’en débouchant sur la fameuse place haute, point culminant de Peillon, je me rends compte que l’accès à cette fameuse ancienne école est bien direct, par une jolie petite passerelle. « Pas mal, la cour de récréation de nos gamins jusqu’en 1942, non ? rigole Véronique. Je confirme.

A l’ombre de deux gros chênes, l’un blanc, l’autre vert, sous la protection de l’église Saint-Sauveur (édifice baroque dont la constructi­on s’échelonne du XIVe au XVIIIe siècle) et avec un panorama à couper le souffle jusqu’à l’Esterel au sud, les pitchouns devaient en effet apprécier l’endroit... « C’est aussi sur cette place qu’on festoie d’habitude avec l’orchestre pour la Saint-Sauveur. Mais cette année .... » Cette année il faudra se contenter d’admirer le paysage depuis la table d’orientatio­n, avec à droite de l’église et qui surplombe le village, le Rastel et ses baous, tout à droite la Caussinièr­e... et, entre les deux, le mont Agel. Un coup d’oeil sur l’énorme presbytère qui cache les fondations de l’ancien château médiéval et il est temps de quitter ce petit coin de paradis. La descente commence par le même itinéraire puis, en face du four communal, prendre à gauche et s’enfoncer sous de nouveaux « poutins », – décidément la marque de fabrique du village dont on ne se lasse pas – dans une longue et proprette ruelle. C’est un autre Peillon qui se découvre alors, dans cet entrelacs de passages où l’on croisera çà et là quelques chats, presque plus nombreux que les 60 âmes qui vivent à l’année à Peillon-village (1), et où les taches de couleurs que constituen­t les bougainvil­liers accrochés aux pierres des maisons superbemen­t entretenue­s attirent le regard. On tombe sur un charmant escalier à-pic (à dévaler avec prudence...) qui nous dépose dans la « carriera soutrana » (rue du bas) que l’on prendra sur la droite. On chemine encore sur une centaine de mètres, on passe sous une large voûte... et l’on se retrouve au point de départ. Où Véronique nous dévoile le point d’accès aux randonnées (voir encadré) et nous attire à la droite du parking pour une dernière surprise. Et non des moindres : le joyau et principale curiosité de la commune. La ravissante chapelle des Pénitents blancs ou Notre-Dame des sept douleurs. À l’intérieur, comme ses « soeurs » de Notre-Dame des Fontaines de La Brigue ou San Bernardo à Pigna au-dessus de Vintimille, une somptueuse fresque signée Giovanni Canavesio, peinte en 1492. Ce qui fut une chapelle ouverte aux marchands et voyageurs de la route du sel, est aujourd’hui le trésor du village. La passion du Christ s’y révèle dans des couleurs étincelant­es. Les explicatio­ns détaillées de Véronique Muller font le reste. A Peillon, le charme opère définitive­ment...

Des poutins pour relier les maisons entre elles.

Une fresque, trésor du village.

1. La commune, constituée de six hameaux (Les Novaines, Le Moulin, Sainte Thècle, Chateauvie­ux, Borghéas et le Village) compte 1 465 habitants.

Pratique

Depuis Nice, accès par la N204. Au pont de Peille, tourner à droite direction Peillon sur la CD21, puis suivre direction Peillonvil­lage (accès impossible pour les camping-cars). Parking au pied du village. L’église Saint-Sauveur et la chapelle des Pénitents blancs ne sont ouvertes que sur rendez-vous dans le cadre de visites guidées en mairie (04.93.79.91.04.). Nombreuses randonnées possibles vers la chapelle Saint-Roch et l’oratoire de la Merla mais aussi à travers les oliveraies vers les Lacs (sans eau) de Peillon et Saint-Martin de Peille. Départ à gauche de la place AugusteArn­ulf. Pour se restaurer au village : Auberge de la Madonne (04.93.79.91.17.) et restaurant Les Plaisirs (04.93.87.06.01.)

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