Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Nice : il refuse le port du masque et sort un couteau

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

«Ça devient aberrant… » Dans les rayons de sa supérette, devant les produits d’hygiène très prisés ces tempsci, le gérant du Carrefour City relate la scène de violence qu’il a vécue, avec ses employés, une heure plus tôt. Pas de blessé, hier, dans le magasin sis 35, boulevard de Riquier, au centre de Nice. Mais une scène choquante, liée au durcisseme­nt de la réglementa­tion sur les masques. « Le port du masque est obligatoir­e dans votre magasin. Merci de votre compréhens­ion. » Le message est bien décliné sur plusieurs affiches, en français et en anglais, sur les vitres de la supérette située à l’angle Riquier/Barbéris. Le message est d’autant plus clair que, depuis lundi, le port du masque est obligatoir­e dans tous les lieux publics en France, sous peine d’écoper d’une amende de 135 euros. Mais un client ne l’a pas entendu de cette oreille.

Masqué ou refoulé

« C’était un peu avant 10 h », rembobine le gérant, qui préfère taire son identité. Un masque noir recouvre sa barbe fournie. Un client est entré, lui, en s’affranchis­sant de cette règle de bienvivre ensemble. « C’est un client âgé d’une trentaine d’années, qui vient de temps à autre le matin. Quelqu’un avec qui on a des soucis : il double les clients, parle mal aux caissières… » Hier matin, le revoici. Sans masque. « La caissière lui a dit d’avoir obligatoir­ement un masque. D’autant qu’on en vend, témoigne le gérant. Il a refusé. Il est allé chercher ce dont il avait besoin, puis il est revenu en caisse. Sans masque… La caissière lui a dit d’en mettre ou de sortir. Il est reparti prendre quelque chose en rayon, puis est sorti directemen­t. Il a essayé de voler deux, trois articles, en mode ‘‘puisqu’on ne veut pas me passer en caisse, je sors sans payer’’. » Les témoins de la scène refusent de le laisser s’en tirer à si bon compte. «Des employés l’ont suivi. Ça a commencé à s’échauffer… Et il a sorti un couteau. Un truc pas mal », commente le gérant, en mimant une lame d’une bonne trentaine de centimètre­s.

« La moindre chose part au clash »

Lui-même a accouru quand on l’a alerté. Ce couteau, le client réfractair­e « a essayé de s’en servir, de donner des coups avec », raconte le gérant en exécutant des moulinets avec son bras.

Puis l’agresseur a déguerpi, sans avoir blessé quiconque. « On a essayé de le suivre à distance. Il s’est mis à courir, on l’a perdu. » Hier, le fuyard était activement recherché par la police. Les enquêteurs ont procédé aux constatati­ons sur place. Des réactions hostiles au port du masque, le gérant de ce Carrefour City s’y attendait. Comme nombre de commerçant­s. « Mais pas à ce point-là. On vit dans une société où la moindre chose part au clash ! C’est verbal, ça peut devenir physique… C’est quand même problémati­que. La semaine dernière, un client s’est fait taper dessus à la sortie pour une réflexion à quelqu’un qui l’avait doublé en caisse. Ça devient n’importe quoi. »

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(Photo C. C.) Le client a ignoré les affiches, en anglais comme en français, annonçant le port du masque obligatoir­e.

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