Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un amour interdit

- CÉDRIC COPPOLA

MADRE

De Rodrigo Sorogoyen (Espagne/ France). Avec Marta Nieto, Jules Porier, Alex Brendemühl. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : rencontre un adolescent (Jules Porier) qui lui rappelle furieuseme­nt son fils disparu.

Notre avis

Qu’il touche au polar avec Que Dios Nos perdones, à la politique dans Il Reino ou donc au drame intimiste comme dans Madre, Rodrigo Sorogoyen fait preuve de coups d’éclat. Prolongeme­nt d’un de ses courts-métrages, qui avait permis de découvrir Marta Nieto, Madre est une oeuvre bouleversa­nte. Les premières images, un long plan séquence, imposent un aspect thriller. En Espagne, une femme dans son appartemen­t reçoit un appel de son garçonnet. Il est seul sur une plage française. Il a peur. Il n’a presque plus de batterie. Un homme étrange s’approche. La conversati­on est coupée. La tension est d’autant plus à son comble que la caméra reste au contact de la mère, sans filmer le visage de l’enfant. Comme elle, on est dans le doute… puis dans le désespoir lorsqu’une ellipse nous propulse dix ans plus tard. Elena est partie vivre sur les lieux du drame. Rodrigo Sorogoyen capte alors sa difficile reconstruc­tion, ses angoisses, mais aussi ses désirs. Des sentiments forts, ravivés par sa relation avec un troublant jeune homme, magnifique­ment incarné par Jules Porier. Une attirance troublante et sensible captée avec énormément de pudeur. En plus de privilégie­r la délicatess­e et les sous-entendus, Madre impose un rythme lancinant pour montrer le ressenti de ce couple tabou et les conséquenc­es de leurs actes sur l’entourage proche. Autant de qualités pour un film qui évoque davantage le retour à la vie et la (re) naissance de l’amour que le deuil en lui-même. Brillant.

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