Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une nouvelle enquête criminelle en terre hyéroise

Après « Les Amants de Porqueroll­es », Olivier Aubert livre « Le Mystère de la presqu’île » où l’on retrouve son héros journalist­e en prise avec un règlement de compte. Les Hyérois appréciero­nt

- RECUEILLI PAR S. M.

Olivier Aubert a été journalist­e à Paris-Normandie avant de traiter les faits divers à Libération. Il est aussi passé par le réseau des radios locales de France Bleu, notamment. Établi à Hyères depuis six ans, il puise dans son expérience profession­nelle pour donner vie à Jeff, un journalist­e qui enquête sur un patron de bar du port d’Hyères, retrouvé mort dans le coffre de sa voiture, aux abords de Magic World.

Ce livre fait suite au précédent, « Les Amants de Porqueroll­es ». Pourquoi garder la même veine de polars à Hyères ?

Mes lecteurs hyérois voulaient retrouver Jeff enquêtant sur le territoire de la ville. Cela me donne des contrainte­s d’écriture parce que, dans ma tête, Jeff ne devait pas tenir le rôle qu’il a finalement dans le livre. Dans ce que j’appelle mon suspense à tiroirs, j’aime bien présenter les lieux de façon accessible aussi bien pour les Hyérois que pour les touristes. Par exemple, peu de gens savent qu’il existe un bunker à L’Ayguade, face à l’hôtel les Citronnier­s. Tout le monde passe devant sans le voir. Je me suis fait un plaisir d’y balancer un cadavre. Le secteur m’inspire car il y a tout ici. J’ai encore un regard neuf sur Hyères, je suis enthousias­mé par des lieux qui peuvent paraître anodins aux habitants de longue date.

Les lecteurs hyérois seront ravis de voir l’action évoluer sur la presqu’île de Giens, au port Saint-Pierre, en centre-ville. La géographie des lieux nourrit-elle l’inspiratio­n ? Oui, en me baladant, je peaufine mon synopsis d’origine. Parfois ça permet d’aller plus loin dans le détail, parfois le paysage correspond exactement à ce à quoi j’avais pensé. On me demande comment je fais pour écrire. Je ne sais pas, ça sort tout seul... On voit tellement les personnage­s quand on écrit, ils te dictent aussi ce qu’ils doivent faire dans l’histoire ! Je m’étonne aussi moi-même, c’est la magie du cerveau qui détaille une situation, une location, une action.

Vous confrontez l’enquête policière à l’enquête journalist­ique. Sont-elles complément­aires ?

Oui, et c’est au service du lecteur. Je veux mettre en valeur le fait qu’un journalist­e est libre. Depuis , la charte de la profession permet même de taire son identité au service de l’enquête, ce qui permet de faire des reportages infiltrés et d’en tirer des infos. Un policier ne peut pas faire ça. Mais, grosso modo, les deux profession­s exigent les mêmes réflexes, ce qui permet de mettre la pression ou de tirer les vers du nez. Jeff est un homme seul, il n’est pas en terrain de connaissan­ce mais il est sans scrupule peut-être, comme beaucoup de journalist­es parisiens qui débarquent en région pour les besoins d’une enquête.

Jeff, c’est une partie de vous-même ?

Je lui fais réussir les papiers et les enquêtes que j’ai ratées... J’ai de l’admiration pour les journalist­es qui enquêtent et qui prennent des risques. Moi j’étais un localier toujours tenu par l’urgence, qui s’interdit de franchir les limites car il y a toujours un lendemain avec les gens sur lesquels on écrit. Jeff lui s’en fout, il n’a pas de retenue parce qu’il n’a pas de lien avec les notables ou les autorités d’Hyères.

Vous mêlez le réel à la fiction. Quelle est la part de vérité dans le récit des scènes de commissari­at ou encore à ?

Var-matin Dans ce livre, la part de vérité, c’est un fait divers que j’ai traité dans l’Eure, un règlement de compte sur fond d’adultère. Pour la vie au commissari­at, j’ai consulté des policiers retraités. Pour l’agence locale de Var-matin, j’ai puisé dans mes souvenirs de rédaction.

Vous défendez les journalist­es de locale ?

On critique souvent les journalist­es, mais que serait la société sans eux ? Je cite Pierre Desproges : « Malgré un égocentris­me foncier qui confine à l’hystérie, je ne peux m’empêcher de me sentir solidaire de tout journalist­e attaqué. Quand la presse est muselée, c’est toujours un peu Hitler qui revient ». En tant que journalist­e, je dis : autorisezn­ous de nous tromper et faites la différence entre une info fiable et une fake news. Les journalist­es ont un rôle social. J’ose croire que, pris dans l’engrenage des réseaux sociaux, le grand public accorde plus de crédit à une info certifiée par des journalist­es, qu’aux fausses infos qui circulent. Un journalist­e de locale se doit de comprendre toutes les facettes d’une situation plus complexe qu’on veut bien le croire. La déontologi­e n’est pas un mot galvaudé, il est au centre de notre métier.

Dans le livre, on retrouve aussi Michel, cet homme toujours bien mis que les Hyérois rencontren­t fréquemmen­t en centre-ville...

J’adore ce genre de personnage­s excentriqu­es. Je lui ai bien sûr demandé s’il souhaitait être dans le livre et il a accepté. Je lui ai fait lire le passage dans lequel il intervient, comme je l’ai fait avec la directrice de la société de pompes funèbres que je fais apparaître dans une scène à la maison funéraire d’Hyères. Michel a été ingénieur en biologie et il a eu son propre laboratoir­e de recherche. C’est aussi un botaniste spécialist­e de la culture des oeillets. Ça l’a beaucoup amusé de se retrouver dans mon livre.

Le Mystère de la presqu’île d’Olivier Aubert, éditions Coline Julien, 254 p. 20 euros. Olivier Audibert dédicace son livre le lundi matin et le

vendredi matin à la librairie de la Capte, le mardi matin au dépôt presse le Tombolo de Giens, le mercredi matin aumarchéde­l’Ayguade,lemercredi après-midi au camping les Palmiers, le jeudi soir au marché nocturne de Giens, le samedi matin au marché du centre-ville et le dimanche matin au dépôt presse du port.

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(Photos doc. V. L. P. et DR) Lui-même ancien journalist­e, Olivier Aubert (en médaillon) avoue transmettr­e une partie de luimême dans le personnage de Jeff, qui résout des enquêtes à Hyères.
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