La vitesse à km/h ne fait toujours pas l’unanimité
Après deux ans de tests, la vitesse à 80 km/h, instaurée sur certains réseaux secondaires, est jugée « efficace »parla nouvelle déléguée interministérielle à la Sécurité routière, qui n’envisage pas de retour à 90 km/h. Pour argumenter, Marie Gautier-Melleray s’appuie sur l’évaluation du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) missionné par le Premier ministre d’alors, Edouard Philippe. Forte de ce rapport, Marie Gautier-Melleray affirmait lundi dernier à l’AFP que la mesure a permis « d’épargner 349 vies hors agglomération et hors autoroute en France métropolitaine entre le 1er juillet 2018 -- date d’entrée en vigueur de la mesure -- et le 28 février dernier, par rapport à la moyenne des années 2013 à 2017. » Le Cerema avance également que l’abaissement de 10 km/h « a fait perdre aux conducteurs en moyenne une seconde par kilomètre sur un trajet quotidien. » Une mesure mieux perçue qu’il y a deux ans avec « 48 % des Français favorables (30 % en avril 2018), contre 20 % tout à fait opposés (39,8 %) ». Elle ne convainc cependant pas la Ligue de défense des conducteurs. Pour l’association, ce rapport est « un condensé de conclusions établies au doigt mouillé. »
« Un condensé de conclusions au doigt mouillé »
À commencer par le nombre de vies épargnées, « calculé sur des routes hors agglomération et hors autoroute où la vitesse maximale peut aussi bien être de 70 que de 110 km/h. » La LDC note que le rapport écarte d’emblée les autres causes d’accidents de la route (alcool, téléphone, fatigue…) pour ne retenir que la vitesse, sans pour autant présenter de lien indiscutable entre l’abaissement de la vitesse et l’évolution de l’accidentologie. « Il est totalement impossible d’affirmer que 349 vies ont été épargnées par le seul 80 km/h entre le 1er juillet 2018 et le 29 février 2020 (les vingt-quatre mois initialement imaginés pour établir des statistiques ayant été mis à mal par la crise du Covid19). » Seule concession de la LDC : la hausse du nombre de Français favorables. Mais, modère-t-elle, « avoir les gens à l’usure n’est pas un gage de pertinence ».