Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Crise sanitaire : la très lourde facture économique

Les mauvais résultats de Renault et d’Airbus, mais aussi le PIB de l’Allemagne et des USA, dévoilés hier, montrent l’ampleur des conséquenc­es de la pandémie

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Des milliards perdus pour les pétroliers, les avionneurs, les constructe­urs automobile­s, des PIB en chute libre : l’économie mondiale paye la facture de la pandémie, tandis que de nombreuses incertitud­es pèsent encore sur un éventuel rebond. Les chiffres donnent le vertige : le PIB des Etats-Unis, publié hier, a chuté de 32,9 % au deuxième trimestre, en rythme annualisé, marquant l’entrée officielle de la première économie mondiale en récession. L’Allemagne, première économie européenne, a dévoilé, de son côté, un plongeon historique de 10,1 % de son PIB au deuxième trimestre et le Mexique une chute de 17,3 %, la plus forte de son histoire.

« Le PIB est le rétroviseu­r »

Attention toutefois à ne pas comparer hâtivement : l’évolution américaine en rythme annualisé compare le PIB à celui du trimestre précédent, et projette l’évolution sur l’année entière à ce rythme, ce qui tend à amplifier les variations. Par rapport au deuxième trimestre 2019, la baisse est de 9,5 %. « Le PIB est le rétroviseu­r, il nous indique le creux de la vague, le trou noir de la crise », déclare Ludovic Subran, chef économiste d’Allianz.

Du côté des entreprise­s, la rafale de résultats financiers publiés hier faisait tanguer les marchés financiers mondiaux. Les représenta­ntes de la « vieille économie » – industriel­le, gourmande en énergie, dépendante des échanges marchands physiques – ressortent ébranlées, alors que les mastodonte­s américains de le tech (Apple, Alphabet, Facebook et Amazon) devaient, à leur tour, dévoiler leurs propres bilans hier. Les compagnies pétrolière­s ont révisé à la baisse la valeur de leurs actifs, pour cause d’effondreme­nt des cours du brut et de la demande. Avec pour conséquenc­e des pertes abyssales au deuxième trimestre, de 8,4 milliards de dollars pour Total, de 18,1 milliards de dollars pour l’anglo-néerlandai­s Royal Dutch Shell.

Airbus et Boeing trinquent

L’aéronautiq­ue paye également un tribut écrasant à la crise. L’avionneur européen Airbus a accusé une perte nette de 1,9 milliard d’euros au premier semestre. Son grand rival Boeing prévoit de réduire encore ses cadences de production, de licencier et d’arrêter la production du mythique « Jumbo-Jet » 747 en 2022. Au deuxième trimestre, il a perdu 2,4 milliards de dollars.

Renault s’enfonce

L’industrie automobile a aussi calé. Le constructe­ur français Renault a subi au premier semestre la perte nette la plus lourde de son histoire, 7,3 milliards d’euros, plombé par son partenaire japonais Nissan et des dépréciati­ons d’actifs. L’allemand Volkswagen a, lui, annoncé une perte avant impôts de 1,4 milliard d’euros au premier semestre.

La SNCF déraille

Côté ferroviair­e, la SNCF a subi une perte de 2,4 milliards d’euros tandis que l’allemand Deutsche Bahn connaît la pire crise de son histoire avec une perte de 3,7 milliards. « La situation est sans précédent, elle n’est pas sans appel », a tempéré le directeur général de Renault Luca de Meo, promettant un rebond. Mais sous quelle forme ? La normalisat­ion sera lente, et l’automobile comme le transport aérien, portés à bout de bras par les Etats, sont confrontés aux préoccupat­ions environnem­entales accrues.

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(Photo AFP) Avec une perte de , milliards d’euros au premier semestre Renault subit la perte nette la plus lourde de son histoire.

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