Var-Matin (La Seyne / Sanary)

fois meilleur que tous

Ne cherchez plus le meilleur numéro 7 de l’histoire du football. George Best était un génie, une légende.

- PAR PHILIPPE CAMPS

Le foot

Béni soit Bob Bishop, recruteur et chercheur d’or pour Manchester United. Un jour de , ce Monsieur envoie un télégramme à Matt Busby, coach légendaire des Red Devils : « Je pense avoir trouvé un

génie ». Il ne s’est pas trompé. Le génie a  ans et il s’appelle George Best. Il portera bien son nom. Deux ans et quatre mois plus tard, il fait ses débuts chez les pros, à Old Trafford, face à West Bromwich Albion. Pour son premier ballon, il s’offre un petit pont. Ça en dit long sur le phénomène. Best joue ailier gauche. Il porte le . Puis, il aura le . Qu’importe, le numéro, c’est lui. Il est droitier, il a les deux pieds, il est doué. Grâce au trio Best-LawCharlto­n, Manchester est sacré roi d’Angleterre en  et . Best sait tout faire : dribbler, marquer, centrer. Il est vif, technique, efficace, imprévisib­le. En , il porte Manchester sur le toit de l’Europe - une première pour un club anglais - et remporte le Ballon d’Or. Il est the Best.

Le cinquième Beatles

Il n’y a qu’à regarder la photo pour comprendre. George Best aurait pu être le cinquième garçon dans le vent. Les cheveux, la tenue, l’allure. Il semble un mélange de Lennon, McCartney, Harrison et Ringo Starr. Eux chantent, lui joue, les filles hurlent. La musique des Beatles aurait pu rythmer ses déboulés. Pourtant, Best préférait les Rolling Stones et portait le maillot de Manchester United, l’ennemi juré de Liverpool. Le cinquième Beatles, c’est aussi le titre du livre de Vincent Duluc. La vie de Best par Duluc, c’est plus enrichissa­nt qu’une cuite, plus long qu’un match et aussi intense qu’un orgasme. C’est plus fort que tout.

Les femmes

George Best aimait le foot, la vie et les femmes. Un jour, il a dit : «Jen’aipas couché avec sept Miss Monde. Seulement quatre, les trois autres je ne suis pas allé au

rendez-vous. » Ce mec avait tout pour lui. Il était beau, génial, drôle, riche, célèbre. Et il roulait en Jaguar type E, la voiture de Steve McQueen, un vrai piège à filles. Best est irrésistib­le. C’est James Bond qui ne s’arrête pas à deux vodkas martini. Les stades se lèvent, les foules se pâment. On n’a jamais vu autant de femmes à Old Trafford. Elles sont charmées, fascinées, excitées, amoureuses. Lui collection­ne les conquêtes. Il rentre souvent saoul, mais jamais seul. Il aura un fils (Calum) avec Angie, un top model américain, qui aurait dû recevoir la médaille du mérite. Mais Best est un homme à qui on pardonne tout.

Manchester

C’est le club de sa vie. Là où il s’est révélé, là où il a explosé. George Best a joué onze saisons à Manchester United. De  à . Après, il a arrêté le foot de haut niveau. Jeune, il logeait chez Mme Fullaway. L’époque où il dormait seul et buvait du thé. Le temps où il arrivait à l’heure aux entraîneme­nts et demandait du rab pour travailler ses deux pieds. À Manchester, Best est devenu une star. Il recevait des trophées et des milliers de lettres par semaine. Après, il s’est perdu. Il a joué - ou pas dans  clubs en Angleterre, en Afrique du Sud, en Irlande, aux États-Unis, à Hong Kong, en Écosse, en Australie. Il a été partout et surtout nulle part.

L’Irlande

George Best est un fils de Belfast. Aujourd’hui, l’aéroport porte son nom. Ça vous pose un homme et sa légende. Il a grandi dans une famille protestant­e et dans un quartier ouvrier. Son père travaillai­t sur les chantiers navals. Sa mère multipliai­t les petits boulots et aimait taquiner le goulot. Chez les Best, la bouteille est une affaire de famille. Le divin a joué  fois sous le maillot vert irlandais. Un trèfle à cinq feuilles au milieu d’un champ de labour. Élu plus grand sportif britanniqu­e du e siècle, il militait pour une équipe d’Irlande unifiée. Tout Belfast a pleuré le jour de ses obsèques. Même le ciel. Il y avait   personnes protestant­s et catholique­s, Irlandais ou pas et un message posé sur un bouquet de fleurs : « Maradona good, Pelé better, George Best ».

Les citations

Il avait le sens du jeu et celui de la formule. Cinq exemples : « J’ai dépensé tout mon argent en filles, en verres et en voitures. Le reste, je l’ai gaspillé » « En , j’ai arrêté l’alcool et les femmes. Cela a été les  minutes les plus horribles de ma vie. » « Si j’avais été moche, vous n’auriez jamais entendu parler de Pelé. » « J’avais une maison au bord de la mer. Pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer. » « Si on m’avait donné le choix entre dribbler six joueurs et marquer de trente mètres contre Liverpool ou passer une nuit avec Miss Monde, j’aurais eu du mal à choisir. Par bonheur, j’ai eu les deux. »

L’alcool

Gloire et déboires. George Best était l’homme de tous les excès. De toutes les folies. Foot, sexe et alcool ont rempli sa vie. À la fin de sa carrière, il lui est arrivé de jouer cuité. En plein match, avec Fulham, il tacle un coéquipier avec qui il avait fait la fête la veille. Best s’est tué à petits verres comme on s’éteint à petit feu. Il subira une greffe du foie et deux infections pulmonaire­s. Sur l’estrade, un jour de distinctio­n, il dira : « C’est un plaisir de me tenir devant vous. C’est surtout un plaisir de me tenir debout. »

George Best est mort le vendredi  novembre . Il avait  ans.

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(Photos Epa/Maxppp)
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