Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les célèbres Cafés Maurice

bientôt de retour

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

Il fut un temps où ce petit noir était le roi des percolateu­rs et des comptoirs. Où sa torréfacti­on et son empaquetag­e faisaient travailler près de 200 personnes à Toulon. Où Pierre Bellemare produisait une publicité pour le petit écran dans laquelle les Frères Ennemis vantaient ses arômes raffinés. Il fut un temps, pas si lointain, où les Cafés Maurice étaient connus, bus et appréciés aux quatre coins du pays. Malmenée par la mondialisa­tion, minée par les soucis économique­s, la marque péricliter­a pourtant en 1982. Mais pas son souvenir, encore fumant au pied du Faron. Et c’est ainsi que 38 ans plus tard, Boris Touaty, un trentenair­e seynois, s’est mis en tête de relancer ici une entreprise… qu’il connaît bien.

Le souvenir de l’usine du Champs de Mars

« C’est mon arrière-arrière grand-père, Marc Maurice Levy, qui a fondé les Cafés Maurice en 1875, à Haïti ,explique cet afficheur de profession. Il s’est ensuite installé à Toulon en 1910 et à ouvert une boutique et son premier atelier de torréfacti­on sur le cours Lafayette. Puis dans les années 60-70, mon grand-père a continué de faire prospérer la marque, jusqu’à ce qu’elle devienne l’un des leaders du café en France. » C’est justement chez JeanClaude Maurice que Boris a découvert cette histoire, en tombant d’abord sur une image publicitai­re qui a éveillé sa curiosité. Il a alors 14 ans et des milliers de questions lui viennent à l’esprit. Autour d’une tasse, forcément, son aïeul ne se fait pas prier pour tout lui raconter. Sans filtre : de l’usine du Champs de Mars qui, entre 1934 et 1982, torréfie jusqu’à 10 000 tonnes de grains par an, en passant par les toutes premières boîtes de café sous vide produites par une entreprise française, jusqu’à la concurrenc­e étrangère qui lui sera fatale. Des étoiles brillent dans les yeux de l’adolescent.

Ouverture de la boutique en octobre

« Je me suis mis alors à collection­ner tout ce qui avait de près ou de loin un rapport avec les Cafés Maurice : objets promotionn­els, boîtes, affiches, jeux, cartes postales… énumère-t-il. Et petit à petit, je me suis pris à imaginer qu’un jour, je pourrais peutêtre, pourquoi pas, ressuscite­r la marque. » C’est il y a trois ans que la machine s’emballe. Le rêve est devenu une blague entre amis qu’on évoque de temps en temps sur les réseaux sociaux. Sauf que sur le web, l’enthousias­me des internaute­s, nombreux à se souvenir que l’odeur du café torréfié embaumait jadis les abords de l’avenue MarcelCast­ié, est bien réel. Un projet « solide, concret, réfléchi » émerge. Tout comme les premières difficulté­s. « On ne monte pas un atelier de torréfacti­on comme un salon de coiffure. On parle là de s’approvisio­nner avec un produit exotique », pointe Boris. L’importateu­r, qui travaille avec des paysans d’Amérique centrale, est trouvé. Tout comme le local de l’atelier, idéalement situé au 2, place Camille-Ledeau. L’entreprise est lancée en février. La suite de l’histoire reste à écrire. « Avec le confinemen­t, l’ouverture de la boutique a été reportée à octobre, précise-t-il. Puis avant la fin de l’année, le torréfacte­ur y sera installé. » Les cafés, pour l’instant transformé­s à Cannes suivant la méthode qui sera employée à Toulon, sont eux déjà servis sur leur soucoupe par une poignée de commerçant­s moccos. Qui ont l’air d’apprécier ce « café de consensus » autant que les consommate­urs toulonnais se disent fiers de voir une institutio­n faire un retour remarqué dans le centre-ville. Pour quelle ambition à terme ? « On verra, tempère Boris. Dans l’immédiat, il s’agit de redonner éclat et noblesse à une marque locale. Mais on ne se fixe pas de limite. » Sauf peut-être débaucher George Clooney pour jouer les ambassadeu­rs de service. « On a son équivalent à Toulon », glisse Boris dans un clin d’oeil. Quoi d’autre ?

Savoir + Facebook : Cafés Maurice https://www.cafesmauri­ce.com/

 ??  ?? Trois images qui résument, de gauche à droite, la saga des Cafés Maurice : les premières récoltes de grains à Port-au-Prince en , l’ouverture d’une boutique et d’une unité de torréfacti­on à Toulon en  et une publicité dans Paris Match en , alors que la marque prospère sur le marché hexagonal de la vente de café.
Trois images qui résument, de gauche à droite, la saga des Cafés Maurice : les premières récoltes de grains à Port-au-Prince en , l’ouverture d’une boutique et d’une unité de torréfacti­on à Toulon en  et une publicité dans Paris Match en , alors que la marque prospère sur le marché hexagonal de la vente de café.
 ?? (Photos Hélène Dos Santos et Ma.D.) ?? Afficheur de profession, Boris Touaty entend relancer l’entreprise familiale de torréfacti­on et de vente de café. Son atelier ouvrira dans le centre-ville de Toulon après l’été.
(Photos Hélène Dos Santos et Ma.D.) Afficheur de profession, Boris Touaty entend relancer l’entreprise familiale de torréfacti­on et de vente de café. Son atelier ouvrira dans le centre-ville de Toulon après l’été.
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