Coup de maîtres au musée Picasso
Au premier étage du château antibois, la part belle est faite à la collection hors Picasso avec des oeuvres de Dubuffet, César, Pagès, Malaval. On emprunte avec délice ces « Chemins de traverse ».
S’émerveiller devant l’impressionnant mur de céramiques de Picasso. Se piquer de sa Femme aux oursins. Admirer Ulysse résister aux chants des sirènes. Avoir l’impression de pénétrer dans l’intimité du maître grâce aux clichés de Michel Sima retraçant sa période azuréenne. On peut ainsi longuement égrener les bonnes raisons de se rendre au deuxième étage du musée Picasso d’Antibes pour retrouver l’oeuvre et la vie de l’artiste espagnol. On peut aussi choisir de prendre les « Chemins de traverse ». De monter un peu moins haut. Arrêt au premier niveau, de ce château, ancienne demeure épiscopale, propriété de la famille Grimaldi entre 1385 et 1608, devenue musée en 1966. Là, une création vivante, plurielle s’exprime. Ouvrant des horizons aussi vastes que la perspective du musée sur le paysage marin, depuis la terrasse aux sculptures de Germaine Richier. Infini.
Art généreux
« Cet accrochage est dédié aux dernières acquisitions du musée, des oeuvres d’artistes de la collection moderne et contemporaine. Nombreuses d’entre elles ont été offertes au musée par les artistes après y avoir été exposés. Montrant ainsi leur attachement au musée et leur générosité », précise Jean-Louis Andral, directeur du musée. On suit ses pas. Après avoir passé les salles dédiées à Hans Hartung et Anna-Eva Bergman du rez-de-chaussée, comme un prélude à la visite de leur fondation antiboise, après l’éblouissant tout dernier Concert de Nicolas de Staël, voici une vidéo de l’artiste franco-israélienne Iris Sara Schiller autour du temps qui passe et des rapports mère fille. Un Dubuffet lui emboîte le pas. Faisant face à une oeuvre CoBra du Hollandais
Corneille. Profond, le tableau noir de Jean Degottex explore les effets de matière et de texture. Brillance, opacité pour un monochrome qui n’en est pas un. Un arbre doré surgit soudain d’une tête antique. Question de mémoire. OEuvre sublime signée Claudio Parmiggiani.
Salle bleue
Jean-Pierre Bertrand joue, lui, sur les transparences d’un papier délicat et poétique. Expérimentant les matériaux variés – papier recyclé, sel, citron, miel, pigments. Joseph Sima et Jean Fautrier introduisent une oeuvre rare, car figurative : un autoportrait de Pierre Tal Coat. Jeannine Guillou, la première femme de De Stael, est à ses côtés avec sa Vue de Taroudannt solidement cadrée. Poussière d’étoiles avec les paillettes dans la vie de Malaval dont les ondulations semblent répondre au serpent de Niki de Saint Phalle. Arman est aussi là. Martial Raysse. De Bernard Pagès, on admire le travail sur papier et les vingt-quatre assemblages de bout de bois. Le grand voilier blanc de Jean Le Gac impressionne dans la salle bleue, aux côtés d’une Venus de Klein et d’oeuvres graphiques de Jean Leppien. Bleu encore avec Royan bleu d’Olivier Debré ou le tableau de Geneviève Asse. La Grande bleue s’aperçoit par une fenêtre. S’acoquinant au Mobydick d’Henri Bassmadjian et au poisson d’Antoni Clavé. Autre bête, sous verre, le Centaure. Être hybride qui à la tête de César au-dessus de laquelle un masque reproduit le visage de Picasso. On y revient, toujours.
Musée Picasso, château Grimaldi à Antibes. Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h. Tarifs : 8 € ,6 € en réduit. Rens. 04.92.90.54.26. www.antibes-juanlespins.com