Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Faune sous-marine grande victime de l’été

Petits crabes et crevettes, étoiles de mer, holothurie­s, oursins, juvéniles de poissons... vivant dans les petits fonds le long des côtes, sont victimes de la cueillette à laquelle se livrent les estivants

-

La faune sous-marine qui habite les petits fonds, le long des côtes, vit un cauchemar tout au long de l’été. Ces petits fonds sont ceux où les enfants ont pied, où ils aiment après la baignade, partir chasser, parfois avec les parents, et revenir la nasse pleine. Une nasse qui n’est autre qu’un joli seau très coloré, à peine rempli d’eau de mer, pour garder l’animal vivant. Mais ces trophées sont hélas condamnés, même s’ils sont ensuite remis à l’eau.

Attention aux bébés poissons

Ces prélèvemen­ts faits « pour s’amuser » par des milliers de personnes le long des côtes, finissent par avoir un impact très lourd, sur la densité de population des zones de petits fonds. D’autant que les pacifiques espèces qui y vivent sont déjà victimes de multiples pressions dues à l'homme, détruisant continuell­ement leurs habitats naturels. « La zone littorale remplie normalemen­t la fonction de nurserie pour un très grand nombre d’espèces de poissons méditerran­éens. Les oeufs pondus au large, sont ramenés par les courants vers le littoral, où beaucoup d'espèces y passeront tout leur stade de vie juvénile. Pour certains, une fois le stade de jeunes poissons passé, ils repartiron­t rejoindre la population adulte vers le large. C'est ce que l'on appelle : le recrutemen­t »indique Aurélie Vion, technicien­ne en biologie marine et plongeuse scientifiq­ue, pour l’Institut océanograp­hique Paul-Ricard, situé sur l’île des Embiez à Six-Fours. Elle est aussi éducatrice à l’environnem­ent et sensibilis­e les enfants dès la moyenne section de maternelle mais aussi les adultes.

« De par ses très faibles profondeur­s et donc une forte luminosité, la zone littorale est très riche en végétaux - plantes et algues. Elle offre pour une grande part de la biodiversi­té marine, des abris, leur permettant de survivre à une importante prédation. Elle offre aussi une nourriture en abondance », explique Aurélie Vion. Cette zone est aussi le lieu de vie d'un grand nombre de familles d'invertébré­s. Parmi elles les échinoderm­es, par exemple les oursins, étoiles de mer, holothurie­s également appelées concombres de mer ou boudins de mer ; les mollusques tels les coquillage­s, poulpes, limaces de mer ; les crustacés comme les crabes et crevettes ; et les cnidaires dont les anémones et méduses font partie.

Stress fatal

Les habitants des petits fonds côtiers restent des organismes très vulnérable­s. Les estivants, petits et grands, mettent leur vie en danger en les pêchant et en les conservant dans des petits seaux, où l’eau subit de fortes variations de salinité, températur­e, PH, luminosité. Une fois remis à l'eau, les organismes

ayant subi ce stress ne survivront pas après quelques jours voir quelques heures. Cela contribue à l’appauvriss­ement de la biodiversi­té le long des côtes. Les scientifiq­ues de l’Institut océanograp­hique Paul Ricard l’ont constaté dans la lagune du Brusc.

 ?? (Photo Damien Kirchhofer-IOPR) ?? Aurélie Vion, plongeuse scientifiq­ue pour l’Institut océanograp­hique Paul-Ricard, ici réalisant un comptage de la faune au sein de la lagune du Brusc.
(Photo Damien Kirchhofer-IOPR) Aurélie Vion, plongeuse scientifiq­ue pour l’Institut océanograp­hique Paul-Ricard, ici réalisant un comptage de la faune au sein de la lagune du Brusc.

Newspapers in French

Newspapers from France