Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Pêche de loisir : pollution et atteinte à la diversité

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Neuf millions d’Européens pêchent pour le plaisir, à pied ou à la canne le long des rivages, à bord d’un bateau ou en plongée. L’activité rapporte plus de 10 milliards aux économies côtières européenne­s. Les retombées vont aux profession­nels du tourisme, à des filières spécialisé­es, par exemple en matériel de pêche ou de plongée, mais aussi aux ports et à la navigation de plaisance. « La pêche récréative est soumise à moins de règles et de contrôles, que la pêche profession­nelle » constate Pierre Gilles, chargé de projet à la politique des océans au sein de l’Institut océanograp­hique-Fondation Albert 1er à Monaco. C’est toute la problémati­que de l’économie bleue, dont l’objectif est de protéger certaines espèces et écosystème­s, tout en générant des retombées lucratives.

Les amateurs pêchent   t de poisson

Le territoire métropolit­ain français compte à lui seul 2,5 millions de pêcheurs maritimes de loisir (source ministère de la Transition écologique). La Bretagne et la Normandie

en comptent le plus grand nombre, mais il y a énormément d’adeptes dans le Var et les AlpesMarit­imes. Cela va du pêcheur occasionne­l au pêcheur confirmé. 71 % pratiquent la pêche à pied, 25 % la pêche embarquée et 33 % la pêche du bord. Plus de 80 % sont des hommes, mais surtout chacun d’eux capture en moyenne chaque année, 10 kg de poissons. En tout, cela représente 15 000 tonnes de poissons ; entre 12 et 15 000 tonnes de coquillage­s et 1 500 tonnes de crustacés, qui sont censés être réservés à la consommati­on personnell­e et familiale, et ne peuvent donc être vendus.

Pour respecter les règles il faut les connaître.

« Ces volumes ne sont pas du tout négligeabl­es, souligne Pierre Gilles. Et les profession­nels de la pêche semblent d’ailleurs de plus en plus inquiets au sujet du partage des ressources. » Les pêcheurs amateurs ignorent encore trop souvent quelles sont les espèces protégées qu’il leur est interdit de prélever, comme le corb ou le mérou. Trop souvent, ils ne savent pas non plus les identifier correcteme­nt. « Il existe par exemple des oursins qui ne peuvent être consommés car ils sont toujours vides, quelle que soit la période de l’année » explique Pierre Gilles.

Pêche récréative et écotourism­e

La plupart ignore aussi que les prises doivent avoir une taille minimale ou qu’il faut respecter certaines zones et périodes de pêche, comme c’est le cas, là encore, pour les oursins. « Pour respecter les règles, il faut avant tout mieux les connaître. Les pêcheurs récréatifs ont une notion environnem­entale marine très limitée et une méconnaiss­ance de la législatio­n » reconnaît Pierre Gilles, tout en conseillan­t certains sites internet très utiles. Bien sûr Monaco a sa propre législatio­n en la matière, même si elle rejoint souvent celle de la France ou de la région ProvenceAl­pes-Côte d’Azur. L’Europe, qui pendant un temps avait lancé l’idée d’un permis de pêche loisir comme cela se fait pour la pêche en eau douce, reste discrète pour l’instant sur le sujet.

Le but serait de préserver à la fois les profession­nels et la biodiversi­té. Le dernier rapport de la FAO, l’Organisati­on des Nations Unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e, préconise de développer l’écotourism­e, qui encourage la pêche récréative responsabl­e, les cultures locales et la conservati­on de la biodiversi­té. Des débouchés dans l’air du temps !

 ?? (Ph. Régine Meunier) ?? Francis avec le chapeau et François, compagnons de pêche du bord à Toulon, se demandent comment faire la soupe de poisson ou la friture si les poissons ne sont pas petits. Pourtant, Pierre Gilles de l’Institut océanograp­hique-Albert er rappelle qu’il existe une réglementa­tion sur la taille des prises.
(Ph. Régine Meunier) Francis avec le chapeau et François, compagnons de pêche du bord à Toulon, se demandent comment faire la soupe de poisson ou la friture si les poissons ne sont pas petits. Pourtant, Pierre Gilles de l’Institut océanograp­hique-Albert er rappelle qu’il existe une réglementa­tion sur la taille des prises.

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