Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Coaches à coeur ouvert C’est dit

- Laurent, on vous voit souvent en transe pendant les temps morts... Un coach doit-il forcément crier sur ses joueurs ou les arbitres pour être performant ?

“L’argent,

c’est le nerf de la guerre. Quand tu n’en as pas, tu recrutes des joueurs par défaut. Des fois, t’as des bonnes surprises, mais bon...”

Lilian Compan

“Les

joueurs te jugent : ce sont des pros, pas des branquigno­lles, et il faut leur montrer très vite que tu as des compétence­s techniques, tactiques et stratégiqu­es. S’ils voient que t’es une bille, ils ne vont pas t’écouter.”

Laurent Legname

“Le

but, ça reste d’amener les joueurs jusqu’à leurs limites, mais on ne les connaît pas nousmêmes. Zidane, quand je l’ai vu jouer au tout début (à Cannes), je n’aurais jamais cru qu’il aurait une telle carrière !”

Lilian Compan

“Dans

notre boulot, on sait qu’on va être viré un jour ou l’autre, mais moi, je veux aller jusqu’au bout de ma ligne de conduite”

Laurent Legname

Quelle est votre façon de gérer un groupe, des hommes ? LC : Le management, aujourd’hui, dans le sport, c’est quelque chose de super important, à défaut de faire les bons choix tactiques. J’essaie d’être proche des joueurs, comme l’ont été Rolland Courbis ou Frédéric Antonetti avec moi. Je donne beaucoup. Mais j’attends beaucoup en retour. J’essaie d’être le plus juste possible avec mes joueurs, tout en les accompagna­nt le plus loin possible. LL : Il faut une limite quand même. Je ne serai jamais copain avec mes joueurs. Après, on se retrouve dans un bar, je leur paye une bière et c’est là qu’on va parler d’autre chose. Il faut toujours rester proche, parce que sans eux, tu n’es rien ! Je suis très exigeant, déjà avec moimême, mais comme dit Lilian, je veux ce retour sur investisse­ment. LC : Le retour, c’est sur le terrain qu’on le veut. On essaie de les rendre performant­s. Pour cela, certains, il faut leur rentrer dedans. D’autres, leur dire “t’es gentil, t’es beau”... Il faut apprendre à les connaître. LL : C’est là où tu perds le plus de temps, parce que des fois, tu fais fausse route. C’est ce qui fait que le job est un peu fou : c’est une perpétuell­e remise en cause. Il faut aller piocher partout pour les motiver. Dans un article de journal qui les tue, par exemple. Même moi, parfois, j’invente des trucs... Notre job, quel que soit le sport, c’est de gérer des humains. Si tu ne les mets pas en confiance, peu importe leur talent, ils ne vont pas te

donner ce que tu attends d’eux. Il y a différents moyens d’y parvenir. Pour être sur la même page. Des fois, la ligne est très fine. Ça peut vite partir en c... d’un côté ou de l’autre.

LL : Au basket, quand c’est un coach étranger ou d’Euroligue qui crie, les médias disent : “wow, il est fort, il tient son groupe”. Mais si c’est un Français – et peu le font –, c’est : “il est con, il est fou”. Ça m’énerve ! C’est à cause de ceux qui relatent ce genre de comporteme­nt que

nous, les coaches français, on a du mal à s’exporter. C’est réducteur. En face, il faut savoir qu’il y a - mecs avec des ego de malade... Quand je leur gueule dessus, ils savent quelles consignes ont été passées, quel plan de jeu a été mis en place – et répété à l’entraîneme­nt. S’ils ne l’appliquent pas, pour moi, c’est une faute profession­nelle. Ensuite, il y a ce qui ne se voit pas : tu vas revenir en vidéo sur pourquoi tu as gueulé. Mais des fois, ça leur fait du bien. Je suis comme ça, je ne le renie pas. Si tu n’as pas un gros caractère, tu ne peux pas coacher à haut niveau. LC : Tu te fais éclater... LL : Le vestiaire, il te défonce. Et c’est pire, je pense, dans le foot. LC : La différence, c’est qu’au basket, tout le monde le voit. Nous, les grosses interventi­ons, elles ne se font pas sur

le terrain. Pas devant les caméras. Mais dans le vestiaire. Là, tu peux leur rentrer dans la gueule pendant dix minutes, parce qu’ils l’ont

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