Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Toulon : au bout du monde dans un cabanon face à la mer

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Depuis son cabanon de l’anse Méjean, à l’est de Toulon, la famille Bernardini, a une vue de carte postale : des toits en tuiles, la plage sur la gauche, la colline verdoyante qui plonge dans la Grande bleue juste en face. Une impression de bout du monde se dégage de cet écrin méditerran­éen et pourtant, le centre-ville n’est qu’à quatre kilomètres. Ce n’est pas la foule en cette semaine du 15-Août, mais il y a du passage dans les trois ruelles de ce micro-village, où les cabanes de pêcheurs sont devenues, pour la plupart, des résidences secondaire­s. «Aujourd’hui ça va, pourtant le parking est déjà plein et il n’est même pas 10h» , commente Marie-Pierre Bernardini, qui s’y est installée début juillet. En 1989, quand ses parents, qui habitent Le Revest, commune située juste au-dessus de Toulon, ont acheté les parts de SCI (société civile immobilièr­e) correspond­ant à ce cabanon, ils ont décidé d’y passer tous leurs étés avec leur fille unique.

« On passait notre vie dans l’eau »

Marie-Pierre y a donc de merveilleu­x souvenirs d’enfance : «On y venait dès les beaux jours. Les cabaniers faisaient des fêtes ensemble et des immenses tablées, notamment le 14-Juillet et le 15-Août. Avec mes copains et copines, on passait notre vie dans l’eau. Et on sautait des rochers. Tout le monde se connaissai­t. Plus tard, j’y ai aussi habité un an, avec le père de mes enfants, lorsque nous nous sommes connus. Mais en hiver ce n’est pas pareil,

c’est assez humide. »

Cette année, alors que ses parents ne peuvent pas venir parce que sa maman est en convalesce­nce, c’est elle qui a investi les lieux avec ses fils Thomas, 14 ans, Bastien, 7 ans, et son compagnon Vincent. « On devait partir au Kenya cet été, mais avec le Covid-19, on reste ici. On ne va pas se plaindre,

ici c’est le paradis », relève MariePierr­e Bernardini. Cette professeur­e des écoles et sa petite famille ne voient pas le temps passer : «Onva se baigner, on aime bien nager, on remonte déjeuner. On fait des jeux de société avec les enfants. Et quand j’arrive à avoir un petit moment tranquille, j’essaie de lire, j’adore ça. On n’a pas d’heure ici, on vit à notre rythme,

on mange quand on veut… »

Si la plage est à 50 mètres à pied, ils y passent moins de temps que dans l’eau et sur l’eau. Avec le paddle, les palmes, masques, tubas, et le canoë, il y a de quoi s’occuper… « J’ai ma routine, explique Thomas. Je me lève, je fais du paddle, je vais sauter sur le quai. Je reviens manger, je retourne me baigner. Et le soir, on pêche parfois, des sars, des girelles. » Bastien aussi est fan des sauts depuis le quai. « Maintenant qu’il sait nager, je suis plus tranquille, c’est la première année où il descend mais il ne part jamais sans surveillan­ce, au minimum celle de son frère », confie leur maman.

Trop d’incivisme

Et puis il y a les promenades dans les minuscules ruelles de l’anse Méjean où l’on croise toujours une connaissan­ce. « Nos parents et les cabaniers de leur génération mangent souvent ensemble. Nous, on va voir Julien, qui a notre âge. Son cabanon est sur le quai, il habite à Méjean toute l’année. »

Ce dernier ne décolère pas contre l’incivisme des « visiteurs », qui ne respectent pas les lieux, laissent derrière eux toutes sortes de déchets, y compris les plaisancie­rs, qui jettent l’ancre dans les posidonies. La famille Bernardini est accueillan­te. « On a beaucoup de passage, des amis viennent nous voir, pour manger le midi ou prendre l’apéro », confirme la Revestoise. Entre cabaniers, l’entente est conviviale. « En ce moment il y a beaucoup de grands-parents et leurs petits-enfants, moins de gens de ma génération. Il y a des cabanons loués aussi. Les enfants se côtoient, jouent ensemble. On est au bout du monde… » Marie-Pierre est très attaché à Méjean et à cette ambiance villageois­e, authentiqu­e. Elle tient aux vacances au cabanon plus qu’à n’importe quel voyage « Et j’espère que mes enfants le garderont aussi », dit-elle.

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On devait partir au Kenya cet été. On ne va pas se plaindre, ici c’est le paradis”

 ?? (Photos Valérie Le Parc) ?? Pour Marie-Pierre Bernardini, ses enfants Bastien et Thomas, et son compagnon Vincent, le cabanon de l’anse Méjean est un petit paradis.
(Photos Valérie Le Parc) Pour Marie-Pierre Bernardini, ses enfants Bastien et Thomas, et son compagnon Vincent, le cabanon de l’anse Méjean est un petit paradis.
 ??  ?? Les enfants passent une bonne partie de la journée dans l’eau, devant le quai, au pied des cabanons.
Les enfants passent une bonne partie de la journée dans l’eau, devant le quai, au pied des cabanons.
 ??  ?? Entre familles de cabaniers, tout le monde se connaît et chaque rencontre est l’occasion de discuter et de prendre des nouvelles des uns et des autres.
Entre familles de cabaniers, tout le monde se connaît et chaque rencontre est l’occasion de discuter et de prendre des nouvelles des uns et des autres.

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