Var-Matin (La Seyne / Sanary)

LEJ Même Pas peur !

Lucie, Elisa et Juliette se sont produites au mas des Escaravati­ers, dans la foulée de leur deuxième album, Pas peur, où leurs compositio­ns originales affirment davantage leur identité.

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Elles ont choisi de se retrouver au mas des Escaravati­ers, pour leur unique date de l’été. La triplette de Saint-Denis, parmi figuiers, vignes et oliviers. Après six mois d’inactivité­s, le plaisir de retrouver la scène n’était pas dissimulé, même si leur second album, Pas peur, commence à se diffuser. LEJ. Lucie, Élisa, Juliette, au simple acronyme. Ce n’aurait pu être qu’un groupe épiphénomè­ne aux 80 millions de vues sur YouTube en 2015, destiné à retrouver l’anonymat. Ce n’aurait pu être qu’une formation habile mais sommaire, dont les reprises mashup (sorte de fondus enchaînés sonores où se succèdent les tubes) dureraient le temps de leur Summer. Ou bien l’un de ces girls band marketing. Mais cette bande de filles, soudées dès l’enfance par l’amitié de quartier et l’apprentiss­age des partitions, vaut bien mieux que les critiques essuyées. Deux opus (Poupées russes est le premier) ont prouvé originalit­é et identité, qui ne cessent de s’affirmer. Avec les collaborat­ions de Bigflo et Oli, Chilla, Fakear..., les rythmes rap électros se sont aussi invités à l’ADN voix, violoncell­e, percussion de ces anciennes élèves de conservato­ire. Pas si classiques, ces nanas-là !

Révélées sur les réseaux virtuels avec vos reprises en , ça fait du bien de retrouver le réel ?

Lucie : c’est même beaucoup mieux, même si c’est le réseau virtuel qui nous a lancées et permis d’être ici aujourd’hui. Juliette : on « adooore » la scène, d’autant plus qu’on n’a pas joué depuis longtemps : c’est notre première et unique date de l’été, et au mas des Escaravati­ers où l’on a déjà joué, on se sent vraiment comme à la maison.

Un mas où Tryo a élu résidence pour deux concerts. Or, c’est justement en remportant l’un de leur concours, que tout a commencé pour vous...

Élisa : depuis, on est devenus amis, mais c’est vrai que la première fois qu’on a joué leur première partie, on en perdait complèteme­nt nos moyens !

Toujours l’impression d’être un groupe « phénomène », auquel s’est même intéressé le magazine Time aux États-Unis ?

Ah non, plus du tout ! En , on a fait un coup de buzz avec notre mashup ,ettouts’est emballé. Mais à partir du moment où l’on a commencé à jouer nos propres compositio­ns, cette effervesce­nce s’est calmée, et c’est tant mieux. Après avoir appris le métier très, trop, rapidement, c’est mieux de prendre davantage notre temps. Avec nos compos, on essaie de se chercher nousmêmes aussi, avec nos envies, et on grandit. Alors, c’est préférable qu’il y ait un peu moins de fulgurance, même si on aime toujours faire des reprises.

Après les critiques sur vos reprises, vous disiez endurer le « syndrome de l’usurpateur ». Depuis, vous avez acquis une vraie crédibilit­é d’artistes ?

Lucie : moi, je n’ai jamais l’impression d’avoir une crédibilit­é d’artiste ! Avec le succès de nos reprises, on a dû essuyer des reproches, mais c’est comme si on avait reproché à Nina Simone (sans nous comparer à elle bien sûr) d’être dans l’imposture, parce qu’elle faisait des reprises ! Juliette : la scène, le live, permet aussi d’affirmer notre identité. Là, avec nos arrangemen­ts, on montre vraiment quel groupe on est, ainsi que notre réelle complicité, musicale et amicale. Lucie : de toute façon, le syndrome de l’usurpateur, on l’a toujours un peu quand on gagne sa vie sans avoir l’impression de travailler, parce qu’on y prend tellement de plaisir...

Votre ADN classique se fond dans la pop et les nouvelles sonorités rap électro ?

Juliette : c’est impossible de le faire disparaîtr­e, il fait partie de nos influences et on n’a pas la volonté de s’en détacher. Élisa : en fait, ce n’est pas qu’on cherche forcément à mélanger de la musique classique avec des musiques actuelles, mais c’est juste qu’on écoute des musiques actuelles, après quinze ans de formation classique. Donc, tout ça se retrouve dans notre travail.

La vidéo de Summer  aété tournée à Ramatuelle, mais vous avez aussi assuré la première partie de Pharrell Williams à Monaco, et joué en clôture du Festival de Cannes avec Ibrahim Maalouf en  ?

Élisa : Pharrell Williams, on l’a appris trois jours avant, on croyait que c’était une blague ! Lucie : bon, à Monaco, le public est un peu guindé, bien sapé avec une coupe de champagne, alors qu’on s’attendait à plus de folie, mais c’est un souvenir incroyable ! Juliette : à Cannes, on avait déjà joué quand on n’était pas du tout connues pour une soirée Madame Figaro, face à Marion Cotillard, Guillaume Canet… et heureuseme­nt, Pierre Niney avait fait l’effort de nous écouter, merci ! Après, la clôture avec Ibrahim Maalouf en , c’était trente secondes sur une reprise de Björk, on n’avait pas le droit de se louper, mais ça va, on s’en est plutôt bien sorties !

Et le Summer  alors ?

Ah, il est déjà prêt, mais on ne sait pas encore où on va tourner la vidéo. Donnez-nous des idées !

« T’es chiant comme un long code Wi-Fi », ça s’adresse à qui ?

Un mec hypercoinc­é, on ne sait pas, mais en fait, un peu nous. C’est la première chanson où l’on voulait vraiment se lâcher, parce que sur le précédent album, pour se démarquer de notre image mashup, on s’était mis trop de pression, trop de barrières. Mais en fait, c’est sur ce titre que le public s’éclate le plus ! (rires)

Vous avez peur de quoi aujourd’hui ?

Avec nos compos, on se cherche aussi nous-mêmes”

Au Festival de Cannes, on ne pouvait pas se louper !”

Juliette : de remonter sur scène après ces longs mois d’abstinence. Élisa : que ça s’arrête un jour, surtout dans ce contexte bizarre…

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