Var-Matin (La Seyne / Sanary)

‘‘Le petit français du sud’’ fait le tour du monde

Commercial­isée depuis quatre ans, la marque de prêt-à-porter dracénoise en a fait du chemin. À Tourtour, dans l’une de ses boutiques, Laurent Anot retrace les étapes de son projet

- ESTELLE HOTTOIS saint-raphael@nicematin.fr

Une aventure entre copains. C’est ainsi que Laurent Anot se plaît à définir son projet profession­nel qui, semble-t-il, a essuyé un faux départ. L’affaire découle d’un ultimatum. Plus jeune, le Dracénois s’oriente vers une faculté de droit. Il est diplômé sans difficulté, mais peine à trouver un premier poste en entreprise. Sa famille le pousse, le presse ; la situation ne lui convient pas. « Je me suis accordé six mois de recherches, commence-t-il. Si rien trouvé dans les délais imposés, mes proches ne pourraient plus me retenir de me lancer dans la mode. » Vous connaissez la suite.

Police d’écriture et logo

Laurent ouvre une première boutique de prêt-à-porter, Version Latine, dans le centre-ville de Draguignan. Mais, là non plus, ça ne colle pas. La vente de multimarqu­es ne trouve pas d’acheteurs réguliers, le gros des transactio­ns étant passé sur le web. Il bifurque une nouvelle fois. Direction Milan, où il se fait architecte designer d’intérieur. Sur place, il se noue d’amitié avec le dirigeant d’une usine de textile. Les produits sont simples, basiques. Ensemble, ils se mettent en tête de créer une marque. Première étape : trouver un logo qui puisse s’immiscer dans l’esprit commun. « L’idée m’est venue à partir d’un achat au marché de Noël. Il y avait cette vieille femme qui vendait des lots de boules de feutrines. Dans l’une d’elle, un coeur tricolore. J’ai tout de suite flashé. »

Le Dracénois fait appel à un infographi­ste pour y apporter une touche personnell­e. Il conserve, bien entendu, les couleurs d’un pays qu’il chérit. Seconde étape : dégoter un pseudonyme qui claque. « À Milan, mes collègues m’appelaient “le petit Français”. Pas de chance, le nom était déjà pris ; il fallait que je complète avec quelque chose. J’ai décidé de piocher dans mes origines. Elles me rapprochen­t du Haut-Var, puisqu’une partie de mes proches vivent aux Salles-sur-Verdon. Je suis un pur produit du Sud. » Question esthétisme, la police d’écriture est voulue douce. « Je n’aime pas les majuscules, précise Laurent. Les minuscules ont cet effet d’humilité. » La marque “Le petit français du sud” est déposée ; l’enseigne, lancée.

Une production française

Conscienci­eux, le Dracénois veille à la qualité de ses tissus, qu’il fait réaliser en coton biologique. Il a également opté pour des usines françaises pour la confection de la majorité de ses produits : des chaussette­s dans le Limousin, des polos à Troyes. En plus de son site internet, les vêtements sont distribués à Draguignan, Tourtour, Nice et Paris. Dans le même élan “local”, Laurent pioche dans ses amitiés pour porter et mettre en avant ses premières collection­s. « Je n’ai pas fouillé bien loin. Et franchemen­t, ça rend super bien. » Depuis deux ans, celui qui s’était concentré sur le prêt-à-porter masculin a élargi ses horizons. Désormais, le créateur propose des vêtements pour femmes et enfants à partir de 3 ans. Et, fait plus improbable, une gamme de poterie en collaborat­ion avec son frère. Il ne perd pas une miette de son temps pour se renouveler.

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(Photos E. H.) Sur l’affiche, les trois amis de Laurent Anot se sont improvisés modèles de la marque.

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