Estelle Mouzin a bien été tuée par Michel Fourniret
Le tueur en série Michel Fourniret a bien tué Estelle Mouzin dans une maison familiale désertée des Ardennes, selon les derniers aveux de son ex-épouse, relançant l’espoir, 17 ans après, de retrouver le corps de la fillette. « Monique Olivier a déclaré au juge d’instruction [...] que Michel Fourniret avait enlevé Estelle Mouzin, l’avait kidnappée, l’avait emmenée le 9 janvier 2003 à Villesur-Lumes pour la séquestrer et qu’il l’avait violée et étranglée », a déclaré hier son avocat, Me Richard Delgenes.
De l’ADN retrouvé sur un matelas saisi en
Des déclarations qui s’ajoutent à l’identification récente de l’ADN partiel de la fillette, mêlé à d’autres traces, sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison près de Charleville-Mézières. Monique Olivier, interrogée depuis mardi dans le bureau de la juge Sabine Khéris, avait déjà accusé en janvier son ex-mari d’avoir tué la fillette de neuf ans. Mais sans préciser le lieu ni le mode opératoire, ni s’il s’était confié à elle, laissant ainsi planer de nombreuses zones d’ombre dans cette enquête, l’une des affaires criminelles non résolues les plus emblématiques en France. Elle affirme désormais que son mari serait rentré le 10 janvier vers 4 heures du matin, les vêtements sales, à leur domicile de Sart-Custinne, dans les Ardennes belges. Il lui aurait raconté les faits, avant de repartir sur place dans les jours suivants. Face à ces nouvelles déclarations de Monique Olivier, 71 ans, déjà condamnée à perpétuité en 2008, la juge a décidé de la mettre en examen pour « complicité d’enlèvement et séquestration suivis de mort ». « Il reste des investigations à mener pour découvrir où est le corps d’Estelle Mouzin [...]. Elle n’a pas pu donner d’indication à cet égard », a ajouté Me Delgenes. Un sujet qui sera au menu du nouvel interrogatoire de Michel Fourniret prévu la semaine prochaine.
« L’essentiel est de retrouver le corps »
Ces révélations sont « une étape importante » mais « l’essentiel est de retrouver le corps », a réagi Me Corinne Hermann, qui défend le père d’Estelle aux côtés de Me Didier Seban. Fin juin, une cinquantaine de gendarmes et d’experts s’étaient en effet rendus à Ville-sur-Lumes, près de Charleville-Mézières, pour fouiller pour la première fois l’ancienne maison de la soeur de Fourniret, qui était vide à l’époque depuis le décès de cette dernière quelques mois plus tôt. Un ticket de caisse, imprimé dans un supermarché à proximité le 11 janvier 2003 – soit deux jours après la disparition d’Estelle Mouzin à Guermantes (Seine-et-Marne) à 200 kilomètres de là – et retrouvé lors d’une perquisition chez Fourniret avait guidé les enquêteurs jusqu’à ce quartier pavillonnaire.
Moyens hors normes
Des moyens hors normes, dont un drone équipé d’une caméra hyperspectrale capable de détecter les irrégularités du sol, avaient été déployés. Mais les fouilles, à commencer par celle de la cave, dont le sol autrefois constitué de terre aurait été recouvert de béton par Fourniret, n’ont rien donné. La question se pose désormais d’y retourner en présence du tueur en série. À 78 ans, Michel Fourniret, dont les déclarations alambiquées et les problèmes de mémoire compliquent la tâche des enquêteurs, a fini par avouer en mars sa responsabilité dans cette affaire : « Je reconnais là un être qui n’est plus là par ma faute », avait-il déclaré à la juge Khéris. Il avait aussi estimé « pertinent » que le corps de la fillette de neuf ans, jamais retrouvé, puisse être dans l’une de ses anciennes propriétés des Ardennes. Michel Fourniret purge actuellement une peine de prison à perpétuité incompressible, depuis qu’il a été déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001. Il a de nouveau été condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux. Il est aussi mis en examen pour la mort de Marie-Angèle Domece en 1988 et celle de Joanna Parrish en 1990, qu’il a avoué en 2019 à la juge Khéris.