« J’arrive avec des actes, des faits, pas des paroles » Nice
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, sera à aujourd’hui pour inaugurer le « Big Tour » de la BPI, dédié à l’entreprise. Elle y rencontrera des patrons de PME
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, sera à Nice aujourd’hui, pour inaugurer le « Big Tour ». Cette manifestation de 22 dates en France, organisée par la Banque publique d’investissement (BPI), a vocation à faire découvrir le savoir-faire entrepreneurial français. Gratuite, elle se tiendra aujourd’hui quai des États-Unis. La ministre participera à une table ronde avec des chefs d’entreprise. Interview.
Vous serez présente ce samedi pour le Big Tour. Une marque de soutien aux entrepreneurs ?
Je viens pour soutenir et mettre en valeur la « French Fab », c’est-à-dire l’industrie française, dans un moment d’inquiétude légitime.
Que savez-vous de l’état de santé des entreprises azuréennes au regard de la crise du Covid ?
Dans le secteur industriel, la région et le département des Alpes-Maritimes ont été moins touchés que le reste de la France. Les activités manufacturières y sont en recul d’un peu plus de % sur les six premiers mois de l’année, là où, au plan national, on est à un peu moins de % de recul.
La Côte d’Azur est terre d’entrepreneuriat, comme Thales, qui rayonne à l’international, de PME comme Resistex qui jouent la carte de l’excellence. Comment faire en sorte que ces pépites ne ressortent pas affaiblies de cette crise ?
sont soucieuses de leur trésorerie et peuvent renoncer à, ou limiter, leurs investissements. La deuxième chose, c’est les aider à décarboner leur production, et proposer des produits qui vont dans le sens de la transition écologique et énergétique. Le troisième axe, c’est la relocalisation ou localisation de la production en France. Nous souhaitons aussi accompagner la recherche et développement (R&D) sur des marchés d’avenir. Il faut également permettre aux opérateurs et techniciens d’acquérir les compétences correspondantes, cela les protégera contre un risque de perte de leur emploi.
Quels sont les budgets que vous allez mettre en face de ces bonnes intentions ?
Ce ne sont pas que des bonnes intentions. Le Parlement a très concrètement voté une enveloppe de millions d’euros fin juillet sur ces chapitres. Dont millions d’euros pour les territoires d’industrie, pour accompagner des projets qui remontent du terrain avant la fin de l’année. Mais aussi millions d’euros sur les relocalisations et millions sur la décarbonisation. Le plan de relance, qui sera présenté par le Premier ministre et [le ministre de l’Économie] Bruno Le Maire la semaine prochaine, comporte un volet important sur l’industrie : milliards d’euros auront
vocation à accélérer et dynamiser notre industrie française. Cela fait lien aussi avec le plan de relance européen.
Comment nos entrepreneurs vont-ils concrètement y avoir accès ? Beaucoup regrettent la difficulté à accéder à ces aides…
Ce n’est pas ce que j’entends du terrain. Que ce soit le report des cotisations sociales, des charges sociales, l’accès au fonds de solidarité ou le prêt garanti par l’État, l’action de l’État a été rapide et massive. Le fonds de solidarité au plan national, c’est , million d’entreprises bénéficiaires. C’est gigantesque. C’est plus de , milliards d’euros d’aides versées. Quant au prêt garanti par l’État, c’est entreprises bénéficiaires et milliards d’euros de prêts garantis.
Et notre région ?
Dans la région Sud, le prêt garanti par l’État, c’est , milliards d’euros, soit entreprises. Le fonds de solidarité, c’est millions d’euros et entreprises bénéficiaires. Les mesures d’urgence ont été rapides et efficaces. Je rappelle que la baisse des impôts de production sera automatique.
Les appels à manifestation d’intérêt pour la relocalisation ont été publiés au début du mois d’août. Les projets territoires d’industrie ont fait l’objet d’une première présélection pour pouvoir les accompagner d’ici la fin de l’année. Nous sommes dans l’action, pragmatiques et concrets. J’arrive avec des actes, des faits, pas avec des paroles.
Les entrepreneurs sont responsables dans leur immense majorité. Certains profitent toutefois de la crise pour réduire leurs coûts. Que pouvez-vous faire ?
J’ai été dirigeante d’entreprise, on ne fait jamais de gaieté de coeur une restructuration. Dans des marchés où les carnets de commandes s’effondrent, certaines perdent plus de % de leur chiffre d’affaires. Il est logique que les entreprises aient à prendre des décisions. Vous avez raison de dire que beaucoup d’entrepreneurs sont responsables. Nous avons néanmoins lancé des contrôles sur le chômage partiel. Nous serons extrêmement vigilants car c’est un élément du contrat de confiance. Il faut accompagner les entreprises qui jouent le jeu et traversent une véritable tempête. Mais il ne faut pas qu’il y ait des passagers clandestins qui profitent de la situation.
Production de masques, de paracétamol : la France est-elle prête à affronter un nouveau pic épidémique ?
La relocalisation du paracétamol ne se fera pas la semaine prochaine. C’est un projet à trois ans, au mieux. Si je prends le cas des masques, nous avons abordé la crise avec une production de , millions de masques chirurgicaux par semaine. Nous sommes aujourd’hui à millions d’unités par semaine. Nous venons de valider cinq dossiers de relocalisation de la matière première qui était essentiellement produite en Chine, le meltblown, avec un accompagnement de , millions d’euros. Ces projets seront livrés dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Je réitère la question, sommes-nous prêts ?
Nous sommes beaucoup plus capables d’affronter une circulation du virus qu’en février. D’abord parce qu’on le connaît mieux, et qu’on a pu constituer des stocks et mobiliser les industriels français.
Au plus fort de la crise, on a mobilisé de manière conséquente l’industrie textile pour fabriquer des masques en tissu. Aujourd’hui, elle est en surproduction et doit même licencier… Peut-on contraindre à acheter sa production au lieu de se fournir à l’étranger ?
Je ne peux imposer aux entreprises la nature de leurs achats, pas plus qu’aux collectivités locales. Mais je les enjoins à prendre en compte le facteur géographique dans leur choix d’achat. C’est une façon d’être solidaire de l’industrie française et cela sécurise l’approvisionnement. Plus vous achetez à proximité, moins vous êtes dépendants d’un risque d’interruption de la chaîne logistique.