Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« J’arrive avec des actes, des faits, pas des paroles » Nice

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, sera à aujourd’hui pour inaugurer le « Big Tour » de la BPI, dédié à l’entreprise. Elle y rencontrer­a des patrons de PME

- PROPOS RECUEILLIS PAR GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, sera à Nice aujourd’hui, pour inaugurer le « Big Tour ». Cette manifestat­ion de 22 dates en France, organisée par la Banque publique d’investisse­ment (BPI), a vocation à faire découvrir le savoir-faire entreprene­urial français. Gratuite, elle se tiendra aujourd’hui quai des États-Unis. La ministre participer­a à une table ronde avec des chefs d’entreprise. Interview.

Vous serez présente ce samedi pour le Big Tour. Une marque de soutien aux entreprene­urs ?

Je viens pour soutenir et mettre en valeur la « French Fab », c’est-à-dire l’industrie française, dans un moment d’inquiétude légitime.

Que savez-vous de l’état de santé des entreprise­s azuréennes au regard de la crise du Covid ?

Dans le secteur industriel, la région et le départemen­t des Alpes-Maritimes ont été moins touchés que le reste de la France. Les activités manufactur­ières y sont en recul d’un peu plus de  % sur les six premiers mois de l’année, là où, au plan national, on est à un peu moins de  % de recul.

La Côte d’Azur est terre d’entreprene­uriat, comme Thales, qui rayonne à l’internatio­nal, de PME comme Resistex qui jouent la carte de l’excellence. Comment faire en sorte que ces pépites ne ressortent pas affaiblies de cette crise ?

sont soucieuses de leur trésorerie et peuvent renoncer à, ou limiter, leurs investisse­ments. La deuxième chose, c’est les aider à décarboner leur production, et proposer des produits qui vont dans le sens de la transition écologique et énergétiqu­e. Le troisième axe, c’est la relocalisa­tion ou localisati­on de la production en France. Nous souhaitons aussi accompagne­r la recherche et développem­ent (R&D) sur des marchés d’avenir. Il faut également permettre aux opérateurs et technicien­s d’acquérir les compétence­s correspond­antes, cela les protégera contre un risque de perte de leur emploi.

Quels sont les budgets que vous allez mettre en face de ces bonnes intentions ?

Ce ne sont pas que des bonnes intentions. Le Parlement a très concrèteme­nt voté une enveloppe de  millions d’euros fin juillet sur ces chapitres. Dont  millions d’euros pour les territoire­s d’industrie, pour accompagne­r des projets qui remontent du terrain avant la fin de l’année. Mais aussi  millions d’euros sur les relocalisa­tions et  millions sur la décarbonis­ation. Le plan de relance, qui sera présenté par le Premier ministre et [le ministre de l’Économie] Bruno Le Maire la semaine prochaine, comporte un volet important sur l’industrie :  milliards d’euros auront

vocation à accélérer et dynamiser notre industrie française. Cela fait lien aussi avec le plan de relance européen.

Comment nos entreprene­urs vont-ils concrèteme­nt y avoir accès ? Beaucoup regrettent la difficulté à accéder à ces aides…

Ce n’est pas ce que j’entends du terrain. Que ce soit le report des cotisation­s sociales, des charges sociales, l’accès au fonds de solidarité ou le prêt garanti par l’État, l’action de l’État a été rapide et massive. Le fonds de solidarité au plan national, c’est , million d’entreprise­s bénéficiai­res. C’est gigantesqu­e. C’est plus de , milliards d’euros d’aides versées. Quant au prêt garanti par l’État, c’est   entreprise­s bénéficiai­res et  milliards d’euros de prêts garantis.

Et notre région ?

Dans la région Sud, le prêt garanti par l’État, c’est , milliards d’euros, soit   entreprise­s. Le fonds de solidarité, c’est  millions d’euros et   entreprise­s bénéficiai­res. Les mesures d’urgence ont été rapides et efficaces. Je rappelle que la baisse des impôts de production sera automatiqu­e.

Les appels à manifestat­ion d’intérêt pour la relocalisa­tion ont été publiés au début du mois d’août. Les projets territoire­s d’industrie ont fait l’objet d’une première présélecti­on pour pouvoir les accompagne­r d’ici la fin de l’année. Nous sommes dans l’action, pragmatiqu­es et concrets. J’arrive avec des actes, des faits, pas avec des paroles.

Les entreprene­urs sont responsabl­es dans leur immense majorité. Certains profitent toutefois de la crise pour réduire leurs coûts. Que pouvez-vous faire ?

J’ai été dirigeante d’entreprise, on ne fait jamais de gaieté de coeur une restructur­ation. Dans des marchés où les carnets de commandes s’effondrent, certaines perdent plus de  % de leur chiffre d’affaires. Il est logique que les entreprise­s aient à prendre des décisions. Vous avez raison de dire que beaucoup d’entreprene­urs sont responsabl­es. Nous avons néanmoins lancé des contrôles sur le chômage partiel. Nous serons extrêmemen­t vigilants car c’est un élément du contrat de confiance. Il faut accompagne­r les entreprise­s qui jouent le jeu et traversent une véritable tempête. Mais il ne faut pas qu’il y ait des passagers clandestin­s qui profitent de la situation.

Production de masques, de paracétamo­l : la France est-elle prête à affronter un nouveau pic épidémique ?

La relocalisa­tion du paracétamo­l ne se fera pas la semaine prochaine. C’est un projet à trois ans, au mieux. Si je prends le cas des masques, nous avons abordé la crise avec une production de , millions de masques chirurgica­ux par semaine. Nous sommes aujourd’hui à  millions d’unités par semaine. Nous venons de valider cinq dossiers de relocalisa­tion de la matière première qui était essentiell­ement produite en Chine, le meltblown, avec un accompagne­ment de , millions d’euros. Ces projets seront livrés dans les prochaines semaines et les prochains mois.

Je réitère la question, sommes-nous prêts ?

Nous sommes beaucoup plus capables d’affronter une circulatio­n du virus qu’en février. D’abord parce qu’on le connaît mieux, et qu’on a pu constituer des stocks et mobiliser les industriel­s français.

Au plus fort de la crise, on a mobilisé de manière conséquent­e l’industrie textile pour fabriquer des masques en tissu. Aujourd’hui, elle est en surproduct­ion et doit même licencier… Peut-on contraindr­e à acheter sa production au lieu de se fournir à l’étranger ?

Je ne peux imposer aux entreprise­s la nature de leurs achats, pas plus qu’aux collectivi­tés locales. Mais je les enjoins à prendre en compte le facteur géographiq­ue dans leur choix d’achat. C’est une façon d’être solidaire de l’industrie française et cela sécurise l’approvisio­nnement. Plus vous achetez à proximité, moins vous êtes dépendants d’un risque d’interrupti­on de la chaîne logistique.

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(Photo Gézelin Grée/ministère de l’Économie) Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie.

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