Louise Mey, au nom des femmes victimes d’emprise
Son dernier ouvrage, La Deuxième femme, concourt au Prix des lecteurs du Var 2020, dans la catégorie roman. Une plongée dans les mécanismes à l’oeuvre derrière les violences conjugales
Votre livre est sorti juste avant le confinement, pendant lequel les violences domestiques ont explosé. Que ressentir face à cette soudaine actualité ? Énormément d’impuissance, de frustration et de colère. C’est le cas de pas mal de militantes, qui ont l’impression de hurler dans le désert. Sans moyens, on n’arrive à rien, et les moyens ne sont pas là... Et encore, c’était avant le remaniement.
Peu d’auteurs, jusqu’à présent, traitaient des violences conjugales sans en faire une violence comme une autre, presque banale...
Publier La Deuxième femme en roman noir, c’est mettre ces violences « banales » et pas très sensationnelles au centre d’un dispositif qui va les mettre en lumière. C’est vrai, souvent la violence et les féminicides par conjoint ou ex-conjoint servent de toile de fond, ici c’est LE sujet, donc on ne peut plus faire comme si ça n’était pas important.
C’était important que le lecteur entende les pensées de Sandrine, le personnage principal ?
Absolument ! Qu’on arrive à suivre, à comprendre, comment l’emprise s’installe. L’emprise, c’est un processus psycho-logique qui peut toucher tout le monde. Pas besoin d’avoir affaire à un génie du mal, c’est le cerveau qui finit par griller à cause de l’alternance entre compliments et pressions, entre insulte et cajoleries, entre violence physique et phase de « lune de miel »... J’étais très soulagée d’avoir des retours de « pros » de l’emprise, des gens qui travaillent au quotidien sur ce genre de problématiques, dans le soin, dans la justice, qui me disent que ça se passe souvent comme ça. Moi j’écris des histoires, j’invente, mais mes mots peuvent aussi faire du mal, transmettre des idées erronées, alors avoir leur validation, c’était très rassurant.
Comment est venu votre engagement d’écrivaine féministe ?
J’ai toujours été féministe. Même quand je ne le formalisais pas avec ces mots précis, j’ai toujours cru que mon genre ne devait pas me condamner à quoi que ce soit, ne conditionnait pas ma valeur. C’est comme ça que j’ai été élevée !
Vous avez aussi écrit pour les enfants et ados. Est-ce que vous imaginez un jour parler des violences conjugales à un public plus jeune ?
La littérature jeunesse et ado s’empare souvent de manière très talentueuse et pédagogue de sujets douloureux. Pour l’instant j’ai sorti un roman jeunesse à l’École des Loisirs, La Sans-visage, qui parle de harcèlement. J’en suis très fière. Mais là, j’avoue qu’après deux sujets aussi intenses, j’aimerais bien écrire plutôt une histoire drôle avec des batailles dans l’espace et des chiens qui volent... juste le temps de faire une petite pause.
Vous accordez à votre histoire une place à la sororité...
Il me semblait indispensable que dans cette histoire, les femmes se sauvent elles-mêmes, prennent la décision seules et reçoivent de l’aide d’autres femmes. Je n’ai rien contre le principe des Bruce Willis en débardeur qui viennent sauver la princesse en détresse, c’est parfois très chouette, mais ça n’était pas ça que j’avais envie de raconter ! « Bouleversant. Je suis beaucoup l’actualité sur le sujet, le nombre de féminicides est flippant. Mais c’est la première fois que j’arrive à comprendre ce qui se passe dans la tête d’une femme victime de violence. On n’en ressort pas indemne... »
L’emprise peut toucher tout le monde”
Margaux, 23 ans.
Les ouvrages sont disponibles dès maintenant dans les librairies et les médiathèques. Les lecteurs, Varois ou pas, sont invités à voter jusqu’au 23 octobre pour leur ouvrage préféré dans les trois catégories en compétition. Le vote se déroulera dans les médiathèques et les librairies partenaires ou sur le site du Département : www.var.fr
Médiathèques partenaires : Bandol, Barjols, Belgentier, Bras, Brignoles, Callian, Carcès, Carqueiranne, Cavalaire, Cogolin, Collobrières, Esparron-de-Pallières, Fox-Amphoux, Fréjus,Ginasservis,Gonfaron,Grimaud, Hyères, La Garde, La Môle, La Roquebrussanne, La Seyne, La Valette, La Verdière, Le Beausset, Le Cannetdes-Maures, Le Luc, Le Pradet, Le Val, Le Adrets-de-l’Estérel, Les Mayons, Montauroux, Nans-les-Pins, Néoules, Plan d’Aups, Plan-de-la-Tour, Pourcieux, Puget-sur-Argens, Rocbaron, Roquebrune-sur-Argens, Saint-Cyr, Saint-Julien, Saint-Maximin, Saint-Paul-en-Forêt, Saint-Raphaël, Saint-Tropez, Saint-Zacharie, SainteMaxime, Seillons source d’Argens, Signes, Solliès-Toucas, Solliès-Pont, Tanneron,Toulon,Tourrettes,Tourtour,
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