#Expertise
Depuis le jardin, on plonge le regard dans l’azur du ciel qui vient se confondre, sur la ligne d’horizon, avec la Méditerranée cristalline. De l’autre côté de la route qui longe la plage Saint-Clair, au Lavandou, on savoure l’été qui s’étire à la Villa Dollander. Le dernier, pour les actuels propriétaires qui l’ont rachetée en 2005 à la famille d’industriels vosgiens qui donne son nom à la maison. Également connue sous le nom de « Villa Saint-Clair », parce qu’elle borde la plage du même nom, la maison est en vente. La maison Dollander appartient au patrimoine et à l’histoire de l’architecture. Une raison à cela : elle a été dessinée et construite par les frères Prouvé. On retient d’ailleurs principalement le prénom de Jean dans l’histoire de ce bâtiment remarquable. Jean Prouvé, le designer constructeur qui donna un caractère « démontable » à l’habitat. Avec lui, l’esthétique est épurée d’artifice, les structures sont facilement démontables, modifiables.
Résidence secondaire
« Jean Prouvé n’est pas architecte, c’est son frère Henri qui l’était. Jean Prouvé, lui, était un ferronnier, un designer... », explique Aurélien Vernant, historien d’art, et directeur de l’agence Architecture de collection, en charge de la vente. Nous sommes dans l’aprèsguerre. La famille Dollander (des industriels) avait fait appel à Jean Prouvé pour la réalisation de sa résidence principale, dans la région de Nancy, où Jean Prouvé a installé ses ateliers. Désireux de s’installer dans le Sud de La France, les Dollander font à nouveau appel à Jean Prouvé pour penser cette résidence secondaire surplombant la plage de Saint-Clair, au Lavandou. La résidence secondaire Dollander est construite entre 1949 et 1951, en commençant par la chambre et le séjour. En mai et juin 1951, la cuisine est ajoutée. L’ensemble des éléments usinés ont été fabriqués dans les ateliers Prouvé à Maxéville (en Meurthe-et-Moselle), transportés par voie ferrée, puis montés par l’ingénieur selon les plans établis par son frère. Elle reprend même l’un des éléments de construction les plus significatifs du travail de Prouvé, en l’occurrence le système constructif de la maison à portique axial que Jean Prouvé élabore à partir de 1946. Le « préfabriqué » en somme… « La villa Dollander est très importante car c’est la première de Jean Prouvé entièrement conçue dans le cadre d’une commande de villégiature, poursuit Aurélien Vernant. C’est aussi l’une des plus abouties dans le rapport de l’habitat à la mer et au paysage. L'intelligence des solutions constructives et l’économie de moyens caractéristiques de Jean Prouvé croisent une recherche sur les ouvertures, exacerbant le rapport au panorama pour valoriser le site et favoriser le bien-être, le confort également... Et la modestie dans l’économie de moyens », ajoute Aurélien Vernant. Les lignes sont très épurées, le style est dépouillé.
Travaux à prévoir
Les poteaux extérieurs sont en tubes d’acier et les panneaux intérieurs en volige de bois. Les portes sont en tôle pliée selon le procédé inventé dans les usines de Maxéville. Les bacs d’acier encastrés qui composent sa toiture font office de contreventement. Les murs du fond sont en pierres apparentes. La Villa Dollander étant inscrite monument historique depuis 1991, les futurs acquéreurs s’engagent sur la rénovation du bâtiment. «Ilya,en effet, besoin d’une restauration pour certains éléments de façades, les sols et d’autres éléments intérieurs », reconnaît Aurélien Vernant. Des contraintes, donc, qu’il faudra travailler avec un architecte du patrimoine. C’est à la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) d’accompagner et de valider le projet. L’avantage pour les futurs propriétaires : le montant des travaux engagés est défiscalisable. Mais tout l’intérêt de cette acquisition reste, sans conteste, l’histoire qu’elle raconte et représente. > Spécialisée dans la vente de biens d’architecture remarquable du XXe et du XXIe siècle, l’agence Architecture de collection réunit agents immobiliers et historiens d’art : «En croisant les compétences d’historiens du patrimoine, d’architectes et de professionnels de l’immobilier, nous avons développé une expertise unique et un savoir-faire différent de ce qui se fait dans l’immobilier », résume Aurélien Vernant (notre photo). Fondée à Paris en , par Nicolas Libert – collectionneur d’art, il avait créé l’agence Ateliers lofts et associés dans les années quatre-vingt-dix, agence spécialisée dans la vente de lofts – et Delphine Aboulker, architecte et historienne de l’art, Architecture de collection travaille sur toute la France et compte même un bureau à Marseille. « Notre mission, poursuit Aurélien Vernant, est de présenter et valoriser ces maisons tout à fait uniques, qui sont souvent assimilables à des oeuvres d’art et dont l’histoire est tout aussi importante que l’architecture en elle-même. » Raison pour laquelle l’agence travaille avec « une clientèle nationale et internationale de collectionneurs d’architecture, comme on aime le dire. Des acheteurs, qui comprennent les contraintes propres à ce type d’habitat, qui ont à coeur de préserver ces lieux en y habitant ». Et qui, en cas de vente, souhaitent les transmettre non seulement aux meilleures conditions, mais à des acquéreurs partageant la même philosophie. « On ne fait donc pas seulement du haut de gamme, précise encore Aurélien Vernant, nous nous intéressons à tout ce qui revêt un caractère patrimonial et historique en matière d’habitat moderne et contemporain. » www.architecturedecollection.fr