Grasse L’ART DE TRAVERSER LES SIÈCLES
Si la première mention de la ville apparaît dans les cartulaires au début du Moyen Âge, sa fondation et son nom viendraient de l’Antiquité. Et cela bien avant de devenir la capitale mondiale du parfum.
L'origine du nom Grasse – Grassa en provençal – varie selon les historiens. Pour certains, la ville tirerait son nom de l'expression latine crassus ager ou terra crassa soit terre grasse, fertile. D’autres ont prétendu qu’il viendrait plutôt du patronyme de Grassus, riche propriétaire terrien romain, qui comme premier consul, aurait fondé le premier village. Où peut-être est-il tout simplement dérivé de Podium Grassum – en provençal éperon rocheux –, cet énorme rocher de tuf, devenu le Grand Puy, et sur lequel s'est développé l'habitat primitif.
Un temple dédié à Jupiter
S’il est certain qu’une urbanisation s’est installée dès le XIVe siècle av. J.-C., les premières traces d’existence humaine sur le site datent du Néolithique. En effet, au XIXe siècle, des archéologues grassois ont mis au jour les signes d’une activité humaine importante, soit des vestiges de dolmens, tombes à chambre carrée, tumuli, bories ainsi que de grosses enceintes faites d’énormes blocs, sortes d’anciens castrums qu’ils ont nommé Castellaras et dont la destination reste mystérieuse. Preuve que les terres grassoises, très fertiles, étaient habitées par les Celto-Ligures, notamment à Magalia – aujourd’hui Magagnosc – avant de l’être par les Gallo-Romains. Il fut même avancé qu'un temple dédié à Jupiter se serait élevé en lieu et place des chapelles de SaintSauveur ou de Saint-Hilaire. En fait, il s'agissait vraisemblablement d'une église disparue dont la construction remonterait au VIe siècle. Il existe aussi une autre hypothèse. Une ville de Grace aurait été fondée par une colonie de juifs sardes au Ier siècle qui, chassés de Rome par l'empereur Tibère, débarquèrent sur le littoral, montèrent s’installer à Magalia où ils obtinrent l'autorisation de fonder ce qui deviendra Magagnosc. Bien que l’installation de la communauté juive soit avérée, rien n’accrédite qu’ils aient aussi fondé la ville de Grasse. Pendant la paix romaine, les villae agricoles occupaient la plaine fertile. Mais au Xe siècle, période des raids sarrasins en Provence orientale, les Grassenc – Grassois – se regroupent sur le Podium Grassum, esplanade en hauteur, pratiquement inexpugnable dont la roche sert de rempart naturel. L’abondance de pierres sur le site facilite l’édification d’habitations, de la cathédrale et de tours, prémices d’une future grande cité. De plus, sa situation au carrefour de grands axes de communication permettant des échanges commerciaux va favoriser son essor.
Des tanneries aux parfums
On retrouve le nom Grassum pour la première fois dans un cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille daté du 15 octobre 1040. Sept ans plus tard, celui de Castrum de Grasse apparaît dans les textes du monastère de Lérins. Tour à tour commune libre et autonome, siège du pouvoir spirituel, soit évêché de 1244 à 1790, attachée à la Maison de Savoie, chef-lieu du Var au cours de la Révolution et même ville pour curistes, etc., la ville s’étend autour du promontoire, gagne en prestige, assoit son importance et devient capitale de Provence orientale. Bien que tout au long de son histoire, elle ait connu son lot de calamités, pillages, incendies et autres épidémies, Grasse fut toujours une battante. À partir de 1600, elle redevient très active grâce à ses tanneries, puis suivront les époques des gantiers et des parfumeurs (lire encadré). Au XIXe siècle, Grasse devient ce qu’elle est toujours aujourd’hui, la capitale mondiale des essences et des parfums.
Remerciements à Christine Monpoix et Julia Thaon, service communication de la ville de Grasse.