Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Avec les plus grands

Charly Bérard a disputé sept Tours de France. Il en a remporté quatre comme équipier, avec trois leaders différents : deux avec Hinault, un avec Fignon et un dernier avec LeMond

- ROMAIN LARONCHE

Charly Bérard est tombé dans la marmite du cyclisme tout petit. Enfant, il a eu le plaisir de côtoyer les plus grands noms des années 60. «Mon grand-père tenait un hôtel à Saint-Antoine (à Nice). En stage, j’ai vu défiler Henry Anglade, Jacques Anquetil, Jacques Dupont, qui venaient préparer Milan-Sanremo ».

Une révélation. Le grandpère hébergeait les champions et le père faisait partie des meilleurs amateurs de la région, lui qui « avait épousé la fille du patron qu’il avait rencontrée pendant un stage ». La voie semblait toute tracée pour le jeune Charly. Tout n’a pas été si simple pour autant. « Ma famille m’avait fait comprendre que le vélo était un amusement, pas un fin. Alors, je suis allé en prépa “math spé” au lycée Masséna ». Le futur coureur doit commencer très tôt les entraîneme­nts. A 5 h du matin sur sa monture, à 8h en cours. « Après trois années d’études, j’ai manqué de peu le concours d’entrée dans les grandes écoles. Mes parents m’ont alors accordé une année pour faire du sport et tout s’est enchaîné ». Le Niçois gagne de nombreuses courses amateurs, finit premier Européen de l’ouest sur la Course de la Paix et signe rapidement chez les profession­nels. « J’arrive chez de Gribaldy (Jean, ancien grand directeur sportif dans l’équipe Puch-Sem). C’était une petite équipe, mais il y avait quand même Agostinho, Thurau. D’entrée, j’ai bien marché et quelques mois plus tard, Guimard vient me chercher pour rentrer dans la grande équipe de Bernard Hinault (Renault). Je suis resté avec lui jusqu’à ce qu’il s’arrête (de 1981 à 1986) ». Le Niçois fera une solide carrière d’équipier aux côtés du plus gros CV de l’histoire du cyclisme français. Mais Charly a également remporté deux Tours de France, avec deux autres leaders. En 1983 avec Laurent Fignon (lire ci-dessous) et en 1986 avec Greg LeMond, « avec la grosse équipe de La Vie Claire ». Cet été-là, l’Américain s’impose devant son coéquipier Bernard Hinault, tandis qu’Andrew Hampsten (4e) et Niki Rüttimann (7e) complètent les places d’honneur. Bref une carrière bien remplie et quelques victoires personnell­es de prestige, notamment des étapes du Tour de Suisse ou du Critérium Internatio­nal. Aurait-il pu aller plus haut ? « Des nostalgiqu­es me disaient “tu aurais pu gagner plus de courses...” Mais j’ai gagné le Tour avec trois leaders différents. Je suis resté des années avec Hinault qui gagnait une course sur deux. Et lors de ma dernière saison, nous n’avions pas de leader sur le Tour. Que je termine 25e ou 40e, il n’y avait pas d’intérêt. Que c’était triste de faire une compétitio­n sans enjeu ».

‘‘ Je suis resté avec Hinault qui gagnait une course sur deux. ”

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(Photo Eric Ottino) Charly Bérard est revenu sur les années .

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