EDDY MERCKX ET LUI

Jean-Luc Molinéris a couru une saison avec Eddy Merckx. En  chez Fiat, pour ce qui sera le dernier Tour de France du “Cannibale”. « C’était une consécration absolue. J’étais reconnu comme étant l’un des meilleurs du monde dans ma spécialité, comme le sont aujourd’hui les équipiers chez Ineos et au niveau de l’ambiance, c’était exceptionnel ». Le Belge rêve d’inscrire une sixième victoire sur le Grande Boucle pour entrer un peu plus dans la légende. « Ce n’était plus le meilleur Merckx, mais on était optimistes. Eddy avait marché en début de saison, remportant le Trophée Méditerranéen, on était dans une équipe très professionnelle, extrêmement structurée. On gagne d’ailleurs le chrono par équipes

étape). Malheureusement, on sentait qu’Eddy ne récupérait pas comme d’habitude et il a craqué dans l’Alpe d’Huez. On a su plus tard que c’était une mononucléose. Il n’en avait parlé à personne. Jusqu’au bout, il a cru à la victoire (il finira à ’’’ de Thévenet) ». Sur ce Tour , un événement plus précisément a marqué l’Azuréen. « J’étais le poisson-pilote de Patrick Sercu (le sprinteur belge remportera trois victoires d’étape sur cette édition) et ma mission était de l’accompagner tout le temps. Dans une étape pyrénéenne, il n’était pas bien et lâche dès le pied du Tourmalet. Au sommet, on se retrouve avec  minutes de retard sur la tête de course. Je me suis dit, “ce soir, on rentre à la maison”. Mais on s’est vraiment bien relayé tous les deux et on a réussi à faire diminuer cet écart. Quand il tombe à - minutes, je vois  maillots bleus qui nous attendent. Eddy avait gardé deux gars avec lui au cas où, et il avait décidé de faire redescendre les autres pour nous. On a roulé à  km/h et on est rentrés. C’était risqué en cas de coup de Trafalgar. Mais quel geste. Encore aujourd’hui, j’en ai la chair de poule. Eddy aimait rendre ce genre de services. Aujourd’hui, je l’ai parfois encore au téléphone, mais il est toujours extrêmement sollicité et doit changer de numéro tous les  mois ».