« On ne connaît jamais une personne même si on l’aime complètement »
de mère, en m’écartant complètement du fait divers. Il ne s’agit pas du tout d’un récit naturaliste. Ça n’a jamais été mon intention de faire une autofiction, même si le livre est nourri de mon parcours personnel, de ma mère, qui a eu un restaurant, qui a eu la même maladie que Rosa... Ce que je voulais, c’était explorer la dimension mythologique de ce personnage.
Ce livre a nécessité dix ans de travail...
Ça a été une longue maturation. L’histoire est assez sombre, il fallait que je la digère. Quand j’ai commencé à écrire, j’avais un point de vue de fille visà-vis de sa mère, et puis au fil de l’écriture, moi-même je suis devenue maman et ça m’a permis d’avoir un autre regard sur mon personnage. Je suis entrée dans un état d’obsession. Celle d’une mère pour son fils et son innocence. Pourquoi publier ce livre seulement maintenant ? Il fallait que je m’en donne l’autorisation.
L’écriture en elle-même a été longue, elle aussi ?
Elle a connu plusieurs étapes. Un premier jet sur une année et ensuite un long travail de réécriture incessant. Pas à plein temps parce que j’avais d’autres activités et parce que l’histoire m’atteignait aussi vraiment beaucoup. Me plonger dans cette histoire, c’est à chaque fois quelque chose pour moi. Donc oui, même l’écriture a été longue pour arriver à une sorte d’épure que je recherchais.
Vous pensez qu’il n’y a pas de limites à l’amour maternel ?
Je n’ai pas ce genre de conviction, et je n’ai pas voulu donner de leçons ou de messages dans mon livre. Il se trouve que le personnage a décidé de luimême de la fin du livre. J’ai lutté longtemps, j’ai cherché une autre fin... C’était très bouleversant pour moi de l’écrire. Des amours comme cela, dysfonctionnels, peuvent conduire à ce genre de tragédie, mais je ne veux pas en faire un schéma absolu.
Aimer son enfant ce n’est pas forcément le connaître...
C’est exactement ça. C’est une espèce de vertige d’être avec quelqu’un, d’aimer un proche, d’autant plus son fils, et se dire qu’on ne connaît jamais une personne même si on l’aime complètement. Il y a des zones qui nous échappent. Il y a toujours un mystère qui résiste.
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Pourquoi avoir situé ce livre à Nice ?
Il y a plusieurs raisons personnelles. D’abord, parce que mes parents, qui venaient de Tunisie et du Maroc, se sont rencontrés et mariés à Nice et y ont commencé leur vie de famille. L’un de mes frères y est né. J’ai passé beaucoup d’été à Nice puisque ma grandmère et ma tante y étaient toujours. Pourtant, comme vous l’avez lu, ce n’est pas une vision naturaliste de la ville que je donne dans le livre. On est plus dans un univers mental et mythologique. J’avais envie aussi de placer cette histoire dans une ville très cosmopolite et très culturelle. Ce n’est pas par hasard que j’ai choisi Nice.
Pourquoi publier ce livre seulement maintenant ? Il fallait que je m’en donne l’autorisation”
Les méduses sont très présentes : dans l’histoire, sur la couverture du livre...
Il se trouve que j’en ai vu en aquarium, à Monaco notamment. J’ai surtout un souvenir de l’aquarium de San Francisco, où j’ai vu les plus grosses méduses. Ça m’avait créé un choc hallucinant, j’ai trouvé ça magnifique, hypnotisant. Je me suis emparée des sensations que j’ai ressenties en les regardant pour le livre. PAR NATHALIE RICCI
nricci@nicematin.fr