Étape et maillot jaune : l’exploit niçois de Julian Alaphilippe
Vingt-quatre heures après l’étape pluvieuse, Julian Alaphilippe a offert un instant de bonheur au public français en s’imposant sur la Promenade des Anglais et récupérant son maillot jaune
Àquoi bon placer 4000 mètres de dénivelé dès la deuxième étape du Tour, avec les cols Saint-Martin ou le Turini ? Julian Alaphilippe n’a eu besoin que des deux premiers kilomètres pentus de l’ultime ascension du col des Quatre Chemins, même pas référencé par ASO, pour faire parler son explosivité et dicter sa loi. A l’image des différences que lui seul est capable de réaliser dans le Poggio, la rockstar du peloton a fait dynamiter un groupe de favoris qui avait abordé cette première étape de montagne, à un tempo régulier qui laissait encore 60 coureurs au sommet du col d’Eze. Après avoir fait rouler Devenyns dans la première montée du col d’Eze, c’est Jungels qui a appuyé un peu plus fort dans la deuxième montée de la Grande Corniche. Le Français a ensuite pris ses responsabilités pour flinguer. Cette attaque, que seuls Hirschi et Adam Yates, avec un petit temps de retard, ont réussi à suivre a provoqué un moment de flottement, voire de panique, dans le peloton des favoris, puisque Tom Dumoulin a goûté au bitume un peu plus tard. Les Jumbo-Visma ont alors laissé à leurs adversaires le soin de la poursuite. C’était déjà trop tard. L’homme aux 14 Maillots Jaunes l’an passé a parfaitement saisi l’ouverture pour mettre fin à 14 mois de disette. « Quand on est autant marqué à la culotte, c’est compliqué de gagner, surtout quand on est n’est pas à 100 % analysait alors Laurent Jalabert à la télévision. Mais Julian a su faire preuve de beaucoup de maîtrise ». Retrouver le héros de l’édition 2019 en Jaune, le Tour ne pouvait pas rêver meilleure respiration dans ce contexte sanitaire pesant.
Barguil lâche du temps
L’enjeu sportif a refait surface et l’interrogation majeure est désormais de savoir jusqu’où Alaphilippe peut garder cette tunique. Demain à Orcières-Merlette, jeudi au mont Aigoual, ou même après les Pyrénées ? Tout est possible avec cet homme, qui a refusé de se projeter auprès des médias hier soir. Car en plus d’avoir récupéré ce paletot et la victoire d’étape, le leader des Deceuninck, arrivé deux secondes avant le groupe Roglic, a grappillé 10 secondes de bonifications sur la ligne d’arrivée et 5 au sommet des Quatre Chemins. Le voilà ainsi avec un petit pécule de 17 secondes d’avance sur une trentaine d’hommes. Tous les principaux favoris sont là, mais quelques outsiders ont déjà fait une croix sur le général. Aru a lâché 2’09’’, Barguil ou Zakarin 4’25’’, quant à Dan Martin et Gaudu (17’45’’), ils n’ont vraiment plus rien à espérer. Sans parler de Sivakov, la deuxième cartouche des Ineos, qui traîne sa peine à l’avant-dernière place (à 41’34’’)... Même si la pluie est venue perturber le grand départ, ce premier week-end niçois a accouché du scénario attendu. Un sprint massif le premier jour et la victoire et le Maillot Jaune pour Alaphilippe le deuxième. Après quasiment une semaine de présence dans la Métropole niçoise, le peloton peut désormais quitter le département avec le sentiment du devoir accompli. Aujourd’hui, de l’Allianz Riviera jusqu’à Séranon, les AlpesMaritimes vont le saluer une dernière fois pendant 90 kilomètres. Autant en profiter, car les retrouvailles ne sont pas pour demain.
Un petit crochet dans le Var : Le passage sera extrêmement furtif. Mais le Var sera sur le tracé aujourd’hui, au km 90,5, pour une seule commune traversée, celle de La Martre, avant d’entrer dans les Alpes-de-Haute-Provence.