Dans les coulisses de la photo-finish du Tour
FOCUS
7 juillet 2017, 17 h 27. Marcel Kittel et Edvald Boasson Hagen, au terme d’un ultime effort, jettent leur vélo sur la ligne, qu’ils franchissent dans la même fraction de seconde. Aucun des deux sprinteurs n’a osé lever les bras, et personne n’est alors en mesure de donner le nom du vainqueur. Même la technologie de pointe de Tissot, chronométreur officiel du Tour, ne permet pas tout de suite de révéler l’identité du héros du jour. Finalement, le dispositif de caméras disposées à chaque extrémité de la ligne d’arrivée, capable de mesurer 10 000 images par seconde, désignera le sprinteur allemand vainqueur pour quelques millimètres. Un cas rare, selon Pascal Rossier, responsable des opérations de chronométrage pour la marque suisse : « J’ai l’habitude de dire qu’il y a toujours une différence entre les coureurs, même lorsque c’est très serré, car notre photo-finish permet de l’identifier. On n’a pas le choix, on doit donner le vainqueur dans les 10 secondes, car il y a un timing très serré en termes d’organisation avec le protocole d’officialisation des résultats, le podium et le rendu d’antenne. »
Le Tour sans égal
Si le lien entre la Grande Boucle et la société helvète ne s’est renoué qu’en 2016, il est en réalité bien plus ancien : « Il y a toujours eu dans l’histoire du sport une relation entre une marque horlogère et la mesure du temps. Pour Tissot, elle a débuté en 1938. De 1988 à 1996, nous avons eu la responsabilité du Tour de France et notre partenariat avec l’UCI, qui nous permet de couvrir les championnats du monde de cyclisme sur route, entre autres, court toujours », détaille Pascal Rossier. Celui qui le lie à Amaury Sport Organisation, et donc au Tour, s’achève à la fin de l’année. « Les négociations pour prolonger le bail sont en cours », prévient le directeur des opérations du chronométreur. Car perdre un événement de cette envergure serait un vrai coup dur pour la marque : « L’histoire de la Grande Boucle fait que c’est non seulement une épreuve sportive, mais c’est aussi une carte de visite de la France, avec plus de 180 diffuseurs. Cette course unique nécessite des adaptations particulières au niveau de la technologie, car ASO demande des infrastructures supplémentaires en termes de chronométrage, tels que des panneaux d’affichage aux points intermédiaires, qui donnent des informations aux spectateurs », conclut Pascal Rossier. Le chronométreur officiel s’est élancé de Nice avec deux tonnes d’équipement dans les bagages, une équipe de six personnes sur chaque étape en ligne et un effectif qui sera doublé pour l’épreuve du contre-la-montre de La Planche des Belles-Filles (20e étape), dernier juge de paix de cette 107e édition.