Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les forêts vont bien, mais gare aux coups de chaud

Malgré plusieurs semaines sans ondée, les bois du territoire résistent plutôt bien à la chaleur cet été. Mais les conséquenc­es des sécheresse­s des années précédente­s continuent de faire des dégâts

- ROMAIN ALCARAZ ralcaraz@nicematin.fr

Le soleil perce à travers le feuillage des pins d’Alep. Et ce n’est pas bon signe. « Normalemen­t, la densité des aiguilles doit être telle qu’on ne voit pas le ciel au-dessus. » Aïe. Planté au milieu de la colline boisée qui surplombe Lorgues, Alexandre Girardot, agent de l’Office national des forêts, observe la végétation. Rien ne lui échappe. Il faut dire que c’est son métier. « Je suis correspond­ant observateu­r pour la santé des forêts », indique-t-il. Et il est là pour rassurer. Enfin, presque. Depuis la mi-juin, pas une goutte n’est tombée sur les arbres de Dracénie. Une longue période de sécheresse qui parfois inquiète les promeneurs. Et pourtant, la rareté des ondées n’est pas franchemen­t exceptionn­elle cette année. « Les longues périodes sans pluie, c’est commun pour les périodes estivales. Ce qui compte, c’est surtout les précipitat­ions de l’année (lire ci-contre) .» Ouf ! La forêt va bien, alors ? Si seulement c’était aussi simple…

La grande résilience des forêts provençale­s

Car si la forêt n’est pas en état de crise sanitaire, les précédente­s grosses sécheresse­s ont laissé des traces. «En2017eten­2019, les forêts ont souffert. » Et les conséquenc­es continuent de se faire ressentir cette année. « Avec ces deux épisodes, les arbres ont subi un stress hydrauliqu­e important. » À savoir, une “peur de manquer d’eau” ressentie par les végétaux, qui a poussé les organismes à s’adapter. « C’est ce qui permet aujourd’hui d’observer une densité de feuillage moins importante. » De là à dire que l’arbre se prépare à la prochaine sécheresse, il n’y a qu’un pas. « C’est un peu ça, confirme Alexandre. Il diminue ses aiguilles pour concentrer son énergie ailleurs. » Ce que l’on constate chez les pins d’Alep est aussi visible pour les chênes verts et blancs, qui constituen­t avec le conifère l’essentiel des espèces des forêts provençale­s. « Ces arbres s’adaptent aux évolutions du climat », ajoute l’agent de l’ONF. Le mot est lâché. Car même s’il se montre prudent, le spécialist­e ne peut nier le réchauffem­ent climatique. « Manifestem­ent, des changement­s sont visibles, et la végétation modifie son comporteme­nt. C’est une tendance qui se constate concrèteme­nt depuis notamment les dépérissem­ents massifs de 2003. » Reste que les bois de Dracénie font preuve d’une grande résilience face aux grosses chaleurs et périodes de sécheresse. D’autant plus cette année, au cours de laquelle ils ont pu “stocker” des réserves d’eau au printemps pour surmonter l’été.

Armée contre le manque de pluie, la forêt est en revanche toujours démunie contre les incendies. C’est là, comme le rappelle Alexandre Girardot, le plus gros danger. « Même si le feu fait partie du cycle de la forêt, il faut tout faire pour l’empêcher. Et cela passe par une grande prudence du public, responsabl­e par négligence de la plupart des départs de feu. » Ce ne sont pas les nombreux restes de feux de camp improvisés, croisés cet été en Dracénie, qui contrediro­nt l’agent de l’ONF…

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Alexandre Girardot, spécialist­e pour l’ONF de la santé des forêts, montre le déficit en aiguilles des pins d’Alep. « Les arbres s’adaptent au climat », explique-t-il.
(Photos Philippe Arnassan) Alexandre Girardot, spécialist­e pour l’ONF de la santé des forêts, montre le déficit en aiguilles des pins d’Alep. « Les arbres s’adaptent au climat », explique-t-il.

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