Var-Matin (La Seyne / Sanary)

5 mains entrées dans la légende

Le foot ne se joue pas avec les mains, mais ça n’a pas empêché les « mimines » de peser sur le résultat d’une rencontre, souvent de manière injuste

- PAR CHRISTOPHE­R ROUX

Celle de « Dieu »

Diego Maradona écrit une partie de sa légende le  juin . A Mexico, l’Argentin plante un doublé dans un quart de Coupe du monde qui sent le soufre, contre l’Angleterre. La tension entre les deux pays reste prégnante, quatre ans après la guerre des Malouines. « El Pibe de Oro » n’a rien d’un casque bleu et met de l’huile sur le feu en marquant de la main gauche puis au terme d’un rush fabuleux qui le voit passer quatre Anglais en revue et dribbler Shilton, leur portier. En deux actions, le voilà tricheur et génie. En cinq minutes (’, ’), et alors que le score est de -, il envoie les siens en demies (-). Avant de devenir champion du monde, « El Diez » signe l’un des buts les plus controvers­és de l’histoire puis celui du XXe siècle pour la FIFA. « J’ai marqué un peu de la main de Maradona et un peu de la main de Dieu », lâche l’idole napolitain­e après le match. A ses yeux, son second but est plus « un mensonge » que le premier, puisqu’il n’a « jamais compris » comment il l’avait marqué. « Je ne vois pas comment je pourrais lui pardonner. Il n'a jamais présenté ses excuses, fulminait Shilton en  dans le journal argentin Olé, la rancoeur tenace. Il a fêté le but. C'est le meilleur joueur contre qui j'ai joué, mais je ne lui serrerais plus la main. »

Le  juin , en Liga, Lionel Messi marque de la main un but similaire à celui de son aîné, lors d’un derby face à l’Espanyol. Une réalisatio­n, là aussi, qui fera le tour du monde.

Celle du « Diable »

Quand il débarque à Lisbonne en avril , Gérard Gili se creuse les méninges. Le , son OM bat Bordeaux en championna­t (-), l’ennemi intime. Mais, quatre jours plus tard, son équipe, très fatiguée, doit entériner sa qualificat­ion pour la première finale de Ligue des champions de son histoire. Victorieus­e à l’aller (-) malgré un énorme déchet face au but, elle doit désormais résister au retour, malgré l’hostilité de   spectateur­s. Dans le vestiaire marseillai­s, la question tactique se veut centrale. Faut-il se contenter de défendre ou pousser pour marquer et se donner de l’air ? L’entraîneur phocéen choisit la première option et la prudence. Elles sont payantes jusqu’à la e minute. Entré à la e, Vata qualifie le Benfica pour sa e finale de C (-). Problème, à la lutte avec Di Meco, l’attaquant angolais s’aide de la main pour battre Castaneda. Bernard Tapie, le président marseillai­s, enrage : « Maintenant, je sais comment on gagne une Coupe d’Europe ! ». La Provence évoque « la main du Diable » et l’arbitre belge, Marcel van Langenhove, serait corrompu. « Je peux regarder tout le

monde dans les yeux, se dédouane l’homme en noir en

janvier dernier. Je n’ai rien vu donc je n’ai pas fait d’erreur. » Côté portugais, Vata n’a pas opposé sa main mais son épaule au ballon. Et s’il n’avait pas été buteur, il aurait dû bénéficier d’un penalty pour une faute de Di Meco. Marseille chassera ce vilain souvenir en devenant champion d’Europe en .

Henry, la main à M$

La Coupe du monde  est une énorme tâche dans l’histoire de l’équipe de France. Le barrage retour contre l’Irlande, disputé le  novembre , en est une autre dans la carrière de Thierry Henry. Avant l’épisode des mutins de Knysna, et alors qu’ils ont remporté le match aller à Dublin (-, but d’Anelka), les Bleus sont menés à Saint-Denis. Keane remet les Irlandais à niveau (-, ’). Les Boys in Green bousculent sérieuseme­nt l’équipe de Domenech. Pour se sortir de ce guêpier, les Tricolores égalisent grâce à William Gallas pendant la prolongati­on (-, ’). Le but est validé. Même si, passeur décisif sur l’action, Henry contrôle le ballon deux fois de la main pour l’empêcher de sortir en six mètres. Eliminés, les Irlandais demandent leur repêchage ou que le match soit rejoué. La FIFA rejette les deux propositio­ns et file  millions de dollars à la Fédération irlandaise pour contrer ses velléités de justice. En France, le Barcelonai­s est traité « de tricheur » et se défendra en dégainant l’excuse du « réflexe ». Autre cible, l’arbitre Martin Hansson. Il n’a rien vu. « En rentrant au vestiaire, je pensais avoir fait l’un des meilleurs matchs de ma carrière », s’est souvenu le Suédois fin . Il est rapidement averti de son erreur. « Ça m’a anéanti ». Il en veut toujours à Henry de ne pas s’être dénoncé. «Sijelecroi­sais,jenelui parlerais pas. » Sept mois après sa bourde, au Mondial, Hansson ne jouera qu’un rôle anonyme de quatrième arbitre.

 Suarez, l’ange gardien

Johannesbo­urg a assisté à un drôle de match, de ceux à rendre dingo le plus saint des esprits. Le  juillet , dans le vacarme des vuvuzelas, l’Uruguay et le Ghana se jouent un ticket pour le dernier carré du Mondial sud-africain. De  mètres, Sulley Muntari débloque le tableau d’affichage en faveur des Black Stars (’+). Intenable tout le long du tournoi, Diego Forlan égalise pour la Celeste (’). Le match s’emballe puis le rythme chute durant la prolongati­on. Jusqu’à la e minute. Après un coup franc, le ballon circule dans les airs. Dominic Adiyah ( ans) croit donner la victoire aux Ghanéens de la tête, mais Luis Suarez, sur sa ligne, détourne le ballon de la main. Carton rouge pour l’attaquant uruguayen et penalty. Gyan Asamoah le frappe sur la transversa­le et son équipe s’incline dans la foulée aux tirs au but (-, -). Suarez peut exulter sur le bord de la pelouse. « C’est l’arrêt du tournoi ! », s’amuse-t-il après le match. Le Ghana ne devient pas la première nation africaine à intégrer le dernier carré d’une Coupe du monde...

 Lopez plombe le Gym

« Oui, il y avait penalty ! J'ai toujours dit que j'avais fait main, mais seul M. Wurtz, l'arbitre, ne l'a pas vue. Je ne sais pas pourquoi, on a toujours dit que c'était à cause de moi si Nice n'avait pas été champion cette saison-là. Depuis, à chaque fois que je viens à Nice, il faut que je montre le passeport ! Je suis

resté l'ennemi. Parce que les Niçois n'aiment pas St-Etienne… » En , dans nos colonnes, Christian Lopez remontait le temps jusqu’à ce  mars  à h. Dans un Ray en fusion, ce soir-là, le défenseur stéphanois est coupable d’une faute de main, et tout heureux de ne pas voir le Gym bénéficier d’un penalty. Nice et Saint-Etienne se quittent sur un nul (-). Trois mois plus tard, les Verts sont sacrés champions de France avec  points d’avance sur le Gym (e). Un épisode encore douloureux pour Jean-François Douis. Le milieu niçois, malheureux de ne pas avoir ramené un titre au Gym des années , disait en mai dernier : « Des années après, nous nous sommes revus avec M. Wurtz. Il m’a tendu la main. Je l’ai refusée… Puis, on a reparlé du match et de la faute de Lopez. Il a avoué : ‘‘C’est vrai, j’ai fait une erreur. Tout le monde me l’a dit. Même ma femme qui était dans les tribunes’’ ».

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