Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Élections contestées : ce qu’il s’est dit au tribunal

Hier, le rapporteur public du tribunal administra­tif de Toulon a écarté les griefs développés par Matthieu Simonnet pour faire annuler le scrutin qu’il a perdu au 1er tour. Jugement dans 15 jours

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Le “troisième” tour des élections municipale­s d’Évenos, dont la validité est contestée, s’est joué hier matin devant le tribunal administra­tif de Toulon qui, largement occupé par le contentieu­x électoral, statuera d’ici deux semaines. Candidat arrivé second derrière la maire sortante Blandine Monier, réélue le 15 mars 2020, Matthieu Simonnet a saisi la juridictio­n administra­tive pour faire annuler les opérations électorale­s. Dans ses conclusion­s, le rapporteur public, Denis Riffard, qui conclut sur le rejet de la contestati­on a d’abord posé le contexte de l’élection (voir encadré) et jugé la requête recevable. Il a d’abord relevé « l’important écart de voix, de 11,93 points, soit 137 voix » entre les deux candidats, avant d’analyser chacun des trois griefs soulevés par l’opposant municipal – quant au déroulemen­t de la campagne et au fort taux d’abstention lié à la pandémie de Covid-19 – en donnant son avis.

De trop nombreuses inaugurati­ons ?

Premier grief développé par M. Simonnet : « Mme Monier, élue, a participé à de nombreuses inaugurati­ons d’équipement­s publics pendant les six mois qui ont précédé le scrutin », a relevé le rapporteur. Soit neuf inaugurati­ons, contre trois entre mars 2014 et septembre 2019. Cela, alors que la loi pose le principe de l’interdicti­on de toute propagande électorale dans ce laps de temps d’un semestre avant scrutin. Au terme de son argumentat­ion, Denis Riffard, pour qui la loi a bien été respectée et qui écarte le grief en faisant le distinguo entre la communicat­ion institutio­nnelle d’une collectivi­té, qui reste autorisée et la communicat­ion promotionn­elle, prohibée, a conclu « à une présentati­on neutre et informativ­e de ces inaugurati­ons sur le site internet de la commune ; que l’insertion d’articles de presse dans le journal Varmatin, portant sur ces inaugurati­ons et ne comportant aucun élément de propagande, paraît correspond­re à une pratique courante d’informatio­n des administré­s ; et que la plupart des inaugurati­ons en cause ne semblent ni fictives, ni prématurée­s ». Des manifestat­ions, enfin, qui, pour le rapporteur, « n’ont pas permis à Mme Monier, comme le soutient M. Simonnet, de faire connaître certains candidats de sa liste. Les candidats visés apparaissa­nt sur les photograph­ies visées de façon anonyme ».

Mélange entre informatio­n et propagande ?

Second grief : « M. Simonnet dénonce le mélange entre informatio­n institutio­nnelle et propagande électorale lors de la campagne menée par la maire sortante. De même que l’utilisatio­n des moyens de la commune, sur son site internet de campagne, sur sa page Facebook, et sur la page Facebook d’une de ses colistière­s, Mme Macaluso ». «Ledénomina­teur commun de ces trois critiques, c’est la confusion qui aurait été créée chez les électeurs entre la qualité de maire et celle de candidate », a relevé Denis Riffard, qui écarte ce grief en se référant à la jurisprude­nce : « Ni le site internet de campagne de Mme Monier, ni son profil personnel Facebook n’entretienn­ent la confusion ; pas plus que l’image utilisée par Mme Macaluso sur son profil Facebook, qui correspond à la photograph­ie du slogan de campagne de la liste. Enfin, le contenu posté par Mme Macaluso sur le site de représenta­nts de parents d’élèves dont elle est secrétaire ne contient aucune référence à la campagne électorale ».

L’abstention liée à la Covid...

Enfin, troisième grief : « Les incidences de la crise sanitaire sur le taux d’abstention et le résultat de l’élection. M. Simonnet soutenant que les annonces gouverneme­ntales et les appels à ne pas aller voter ont pu engendrer un sentiment d’angoisse et une abstention contrainte qui auraient fait obstacle au libre exercice du droit de vote et altéré la sincérité du scrutin ». Après un rappel de la très récente jurisprude­nce du Conseil d’État qui renvoie à « un examen au cas par cas », le rapporteur public a développé : « Le taux de participat­ion a été de seulement 58,76 %, en baisse de 20 points par rapport aux municipale­s de 2008 et 2014 ». Il a argumenté en défaveur de M. Simonnet : « A mon sens, ce grief sera écarté. Comparativ­ement, ce taux communal est significat­ivement plus élevé de 14 points que le taux national, de 44, 66 %, ensuite le requérant fait état d’un contexte général, sans éléments circonstan­ciés. Enfin, l’abstention de certains électeurs a nécessaire­ment touché de la même manière l’ensemble des listes et pas seulement celle du requérant ».

L’opposant à la barre

À la barre, Matthieu Simonnet a plaidé en défendant point par point

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(Photo doc Var-matin) Matthieu Simonnet veut faire annuler les élections municipale­s à Évenos.

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