S. Pillonca : « Travailler comme sur un documentaire »
Elle met de l’amour sur des maux, Stéphanie Pillonca. Avec son sourire contagieux et son énergie style « On-yva-on-y-va », la réalisatrice aux racines profondément ancrées en terres varoises ne recule pas devant les sujets forts. Après Fleur de tonnerre (2017, sur Netflix) relatant l’histoire d’une tueuse en série dans la Bretagne du XIXe siècle, elle met en lumière le handicap.
Comment est venue l’idée de consacrer un film à la trisomie ?
Quand on a tourné le documentaire Laisse-moi t’aimer en sur la danse inclusive et le rapport des personnes handicapées face à leurs corps, j’ai rencontré beaucoup de familles. Beaucoup de papas. J’ai été intéressée par les discussions avec ces hommes qui, face à la trisomie, n’acceptaient pas. J’ai mené un travail d’enquête. Pour ces hommes, il y avait une grande douleur, un rejet, un refus de la différence. Pour les femmes, l’acceptation n’est pas plus simple mais elle est plus rapide. Style : il faut aller de l’avant, gérer. Rarement le parcours d’un homme n’a été évoqué ainsi.
Il s’agit d’un vrai film « témoignage » ?
Je suis allée puiser dans toutes les rencontres, les situations qui m’ont été décrites. L’association Trisomie Var, présidée par Barbara Pourcin, a amplement contribué à m’enrichir, à être crédible.
Stéphanie Pillonca, la réalisatrice, lors du tournage en octobre dernier à La Farlède.
Je voulais faire un film comme un documentaire. Être dans la vérité. Ne pas tomber dans le larmoyant.
Et vous avez offert des rôles à de jeunes acteurs trisomiques…
Mais ils sont énormes ! Ils sont une quarantaine de la région hyéroise, toulonnaise et des alentours à avoir participé à l’aventure. C’est tellement facile de tourner avec eux. Ils sont tellement contraints à vivre sous le regard, le jugement des autres. Ils sont émus et heureux, pour une fois, d’être sous les projecteurs. Ce sont des coeurs purs. Ils ne trichent pas. Quand vous voyez leur enthousiasme devant le film, ça booste encore plus.
De La Farlède, en passant par Hyères et Solliès-Pont, il y a eu un formidable élan de solidarité durant le tournage…
C’est un film compliqué à faire, il valait mieux le faire dans une région où j’étais en confiance. Chez moi. J’ai voulu des techniciens et des comédiens d’ici comme la comédienne Peggy Giraudot-Mahieu qui est professeure de théâtre à Hyères. Ses élèves sont venus au casting. Il y a des judokas hyérois, gardéens, toulonnais. Les maires ont été exceptionnels. Alors, je n’ai pas eu d’argent de la commission du film du Var et de la région, qui n’ont pas dû trouver mon film digne d’intérêt, mais j’ai eu du coeur et une chaîne de solidarité. On n’est pas couillons, nous les Varois !
Vous avez présenté votre prochain film C’est toi que j’attendais à Angoulême. Cette fois-ci sur le thème de l’adoption sous X ?
Exactement. Que l’on a tourné dans la région, aussi, et qui sortira à la fin de l’année au cinéma. Et j’espère pouvoir venir le présenter en avantpremière dans ma ville !