P 8 La décharge sauvage a trouvé son coupable
Près d’un an après le premier dépôt illégal constaté sur son terrain, Daniel Barthélemy vient d’apprendre que le chauffeur du camion a été identifié. L’entreprise devra faire place nette
Peu avant le centre-ville de Saint-Cyr, le long du chemin de fer, dans le quartier de la Recense, l’aspect champêtre de cet espace préservé en a pris un coup. Pas tant à cause des graffitis dessinés sur le vieux cabanon agricole qui se dresse sur le chemin d’accès, mais plutôt par le spectacle qu’offrent deux dépôts sauvages tout à côté, de 7 à 8 tonnes estimées au total, qui ont fini de ternir le joli tableau. « Ça a commencé en septembre 2019 », raconte le propriétaire de la parcelle, Daniel Barthélemy (aucun lien avec le maire), dès lors bien décidé à trouver les responsables. Non sans faire preuve d’une certaine pugnacité et de patience qui, un an plus tard, ont fini par payer. « Ce jour-là, poursuit-il, j’ai découvert l’équivalent de quatre ou cinq bennes déversées sur mon terrain, composées principalement de tuiles brisées. Et on y a retrouvé un ticket de carte bleue. » Alors avec cet “indice”, il se rend à la gendarmerie pour déposer plainte. On lui dit qu’une réquisition va être faite pour tenter d’identifier l’utilisateur de la CB. Probablement le responsable, pense-t-il à juste titre...
La police municipale sur le coup
Le temps passe. Pas de nouvelles. Pire : quelques jours plus tard, le 9 octobre, une nouvelle décharge, avec les mêmes tuiles, fleurit quelques mètres avant la première. Par chance, des voisins ont vu le camion-benne et l’un d’eux a même pu noter les deux premières lettres de la plaque d’immatriculation, ainsi que l’heure de l’infraction. « Je suis donc allé voir la police municipale avec ces éléments, pour savoir s’il était possible de retrouver le camion avec les caméras de vidéosurveillance... » Bingo ! La police découvre le lieu de chargement du camion. Selon nos informations, il s’agit d’un chantier dans une résidence prisée du bord de mer, aux Lecques. La gendarmerie est évidemment informée.
« Je pensais que c’était du velours »
Daniel Barthélemy se dit que l’affaire est pliée. Que les coupables vont être vite identifiés et condamnés à remettre son terrain en état. « Avec tous ces éléments, je pensais que c’était du velours pour les enquêteurs. » Pas tout à fait. Début novembre, le patron de l’entreprise chargée du chantier est entendu par les gendarmes. Factures à l’appui, il prouve qu’il a sous-traité les travaux de démolition de toiture à une société, qui elle-même a fait appel à une autre entreprise, pour l’enlèvement et le traitement des gravats. Or, les tuiles n’ont jamais trouvé le chemin du centre de recyclage... Et c’est là que la procédure marquera une longue pause, car le sous-traitant désigné est introuvable. L’adresse du siège, basé à Six-Fours, est une boîte de passage ; l’immatriculation renvoie vers le centre communal d’action sociale de La Seyne… Un avis de recherche est lancé. Le plaignant craint que la situation empire : « On sait ce que c’est : un dépôt sauvage en appelle souvent d’autres... » Les mois passent. Daniel Barthélemy désespère un peu. Il ne peut s’empêcher de penser au maire de Signes, mort en voulant s’opposer à une décharge dans la nature, et à « tous les beaux discours » qui ont suivi le drame.
Le chauffeur devant la justice
La crise sanitaire n’aidant pas, presque un an s’écoule, et les tuiles n’ont toujours pas bougé. Et puis, en fin de semaine dernière, M. Barthélemy reçoit un coup de fil de la gendarmerie : «Onm’a informé que le transporteur a été identifié et entendu. Il s’engage à dégager les tuiles et à nettoyer le site. » A la brigade de Saint-Cyr, on