Covid- : l’université de Nice face à une rentrée compliquée
Sur les 30 000 étudiants, 90 ont été testés positifs « pour l’instant ». Pour le président de l’institution, il y en aura d’autres. Toute une logistique a été mise en place afin de contrer le virus
Alors que les quelque 30 000 étudiants ont regagné les amphis depuis deux semaines, le président de l’Université Côte d’Azur (UCA) Jeanick Brisswalter a dressé, vendredi matin, lors d’un point presse au Château-Valrose à Nice, le bilan de la rentrée. Et d’avouer que dans un climat sanitaire «morose », marqué par un rebond de l’épidémie, cette rentrée s’avère « compliquée ». « À ce jour, dix personnels sur les 5 000 de l’Université sont positifs à la Covid et depuis la rentrée, 90 étudiants sur les 30 000 ont été testés positifs. »
Deux clusters identifiés
Depuis la rentrée, deux clusters – c’est-à-dire la présence d’au moins trois étudiants positifs dans un même lieu et espacetemps – ont été identifiés. «L’unà Polytech avec 15 étudiants de 4e année testés positifs, indique le président de l’UCA, l’autre au Staps, la fac des sports de Nice. » Les promotions d’étudiants concernées ont été fermées, les cours en présentiel suspendus pour passer en télétravail. « On aura certainement d’autres clusters, estime-t-il. Car même si le port obligatoire du masque est respecté par la grande majorité des étudiants, il y a une certaine porosité entre ce qui se passe à l’extérieur des campus et à l’intérieur. » En clair, les gestes barrières et la distanciation physique ne font pas toujours bon ménage avec la vie étudiante. Accueillir l’ensemble de la communauté universitaire, c’est-à-dire les étudiants, profs, personnels, normalement dans les campus, tout en assurant leur sécurité face au virus, c’est « la problématique » à résoudre en cette rentrée « compliquée ». Pour cela a été mise en place une cellule Covid qui centralise, identifie et prend en charge les cas positifs et les cas contacts. Comme a été renforcée la coopération avec le Crous pour aider les étudiants en difficulté. Pour respecter les gestes barrières, les cours et les travaux dirigés ont été dédoublés : avec cours en amphi pour un groupe d’étudiant, tandis que l’autre les suit à distance et ce une semaine sur deux. « Cette formation hybride a été mise en place dès la rentrée, à Valrose, où nous avons les locaux et une bonne couverture wifi. Mais tous nos campus ne sont pas égaux en termes de bâtiments », reconnaît le président de l’UCA.
M en masques, caméras matériels informatiques...
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Cas de la fac de lettres, par exemple, où à la rentrée, les étudiants s’inquiétaient de suivre les cours dans des salles bondées. « Depuis la semaine dernière, c’est réglé, les promotions ont été dédoublées comme sur le campus Trotabas (fac de droit, Ndlr) », assure Stéphane Azoulay, vice-président chargé des formations. Achat de masques pour les personnels et les étudiants en précarité, de caméras pour filmer les cours en amphis, d’équipements informatiques, de réseaux Internet à renforcer, etc. Pour l’UCA, le coût direct de la crise sanitaire représente 3M€, pour l’instant. «On aura une meilleure vision en décembre », estime Jeanick Brisswalter. Et d’espérer dans le plan de relance des universités, des moyens financiers en plus pour faire face à la Covid-19.
places en plus
Cette année, la rentrée des campus est hors norme. Placée sous le signe de la crise sanitaire et marquée par une hausse du nombre d’étudiants grâce à un taux de réussite record (plus de 92 %) dû à un bac en contrôle continu. Cela s’est traduit par une hausse de voeux, sur Parcoursup, en faveur des campus. « Notre université classée Idex est attractive et génère 15 à 20 % de voeux en plus chaque année. À cette rentrée, les candidatures ont progressé de 23 % », révèle Stéphane Azoulay. Pour faire face à cet afflux, 200 places ont été créées. « Essentiellement dans les filières sous tension, comme le Staps, droit. »
Remise à niveau
Pour remettre à niveau des néoétudiants ayant eu une année écourtée en raison du confinement, l’université a ouvert en grand son dispositif « oui si ». « Tous les étudiants qui le souhaitent peuvent suivre des cours de méthodologie, bénéficier du tutorat avec vidéos d’accompagnement », poursuit le vice-président. Une remise à niveau essentielle pour suivre des cours moitié en amphi, moitié à distance. À écouter Stéphane Azoulay, cette hybridation des formations n’est pas le modèle idéal. « Il est juste imposé par la crise sanitaire. Le nôtre, vers lequel nous tendons, est basé sur l’accueil de tous les étudiants, les classes inversées (cours en ligne) pour travailler en amphi autrement. C’est ça le modèle à suivre. »