Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le sillon d’Edouard Philippe

- L’ÉDITO de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Mais que reste-t-il de l’édifice politique macronien de  à moins de  jours, désormais, de la présidenti­elle de  ? Après des municipale­s désastreus­es aux mois de mars et juin, LREM, son bras armé électoral, ressemble de plus en plus à une armée en déroute. Dans les six élections législativ­es partielles qui se sont déroulées ce dimanche, tous ses candidats ont été éliminés dès le premier tour ! Rude dimanche suivi d’un sévère lundi avec la décision du délégué général adjoint du parti, le député de Paris Pierre Person, de démissionn­er de ses fonctions : « Le mouvement ne produit plus d’idées nouvelles, accuse-t-il dans le Monde de ce jour. [...] En devenant comme les anciennes formations politiques, il risque tout simplement de disparaîtr­e. » A l’Assemblée nationale, les choses ne vont pas mieux dans un groupe parlementa­ire LREM qui fond lentement mais sûrement au point d’avoir perdu la majorité absolue et de dépendre de plus en plus

de son allié le Modem. Pour se consoler, le chef de l’Etat peut se dire qu’il est moins impopulair­e à ce stade du quinquenna­t que ses deux prédécesse­urs. Mais on le sait mécontent de son nouveau gouverneme­nt et obligé de constater que son nouveau Premier ministre ne convainc guère. On comprend, dans ce climat médiocre, qu’il se soit agacé des déclaratio­ns de son ancien Premier ministre, Edouard Philippe,  septembre dernier, à Octeville-sur-mer, dans une réunion de soutien à la sénatrice sortante Les Républicai­ns, candidate à sa réélection dimanche prochain. Il est vrai que le maire du Havre, devenu l’homme politique le plus populaire, a livré une prévision de cavalier de l’Apocalypse, qui ne peut que déplaire à l’Elysée : « Je pense que nous allons affronter une tempête, une tempête économique, une tempête sanitaire, une tempête à tous égards, peut-être une tempête politique... » Certes, il a souligné la nécessité pour les Français de se dépasser et de se rassembler dans les semaines et les mois qui viennent mais il n’a pas précisé autour de qui. Edouard Philippe n’évoque pas son destin personnel mais il reste dans le rôle qui lui a si bien réussi à Matignon et explique sa popularité : je dis sans détour la vérité aux Français. A l’optimisme macronien, il oppose le parler vrai dont il faisait preuve déjà quand tout allait encore bien. Il ne défie pas le chef de l’Etat mais il entretient sa propre marque de Juppé humanisé. Comme tous les hommes qui sont passés à Matignon, il est évident qu’il songe à l’Elysée, qu’il soigne ses cartes et qu’il les abattra si les circonstan­ces le lui permettent.

« Il est évident qu’il songe à l’Elysée »

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