Fondation Abbé-Pierre : « Qui a le plus le droit d’être en colère ? »
Représentant départemental de la Fondation Abbé-Pierre, JeanPaul Jambon a participé aux récentes réunions entre les services de l’État et les 37 communes varoises concernées par la loi SRU. Reconnaissant que dans certaines communes à la géographie particulière, l’application de la loi est « impossible », il peste contre le manque de volonté politique affichée par la plupart des maires et plus encore par leurs lamentations médiatiques. « Leurs récriminations portent sur l’obligation qui leur est faite par la loi de construire des logements pour leurs habitants et en particulier ceux les plus en difficulté, résume Jean-Paul Jambon qui note que « tout au long de l’année, des poussées de fièvre font s’agiter ces élus (...) surtout quand ils reçoivent la note ! » À l’issue de la série de réunions, le responsable associatif estime, chiffres à l’appui, que le bilan des trois dernières années « n’est pas brillant pour bon nombre de communes ».
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Bilan « pas brillant »
Selon ses données, 12 des 13 communes déjà en carence et touchées par les pénalités majorées vont le rester. « Les interventions dans la presse de plusieurs élus et en particulier ceux (tous) de la Métropole toulonnaise démontrent bien que s’il n’y a pas une forte pression et en particulier financière, il est difficile de faire bouger les choses. (...) Si leur position ne portait pas préjudice à toux ceux qui ont le droit et surtout un besoin parfois vital à un logement, on pourrait sans doute en rire… mais c’est plutôt triste ! »
Des chiffres et des mots
Irrité par les chiffres comme par les paroles, Jean-Paul Jambon veut au passage « tordre le cou à quelques idées reçues utilisées par certains afin d’argumenter sur leurs refus de construire des logements sociaux ». Dans son viseur, les propos des maires qui déplorent de ne même pas pouvoir loger des habitants de leur commune dans les logements qu’ils sont obligés de construire. « Selon les statistiques des demandes, 50 à 80 % sont déjà résidents dans la commune et cherchent un logement plus adapté à la cellule familiale, à la qualité du logement ou avoir un loyer plus adapté à leurs conditions de revenus. Le reste se répartit entre des demandeurs ayant des attaches dans la commune (emploi, famille..) et un très petit nombre est des “envahisseurs venus d’ailleurs” à savoir de communes voisines dans lesquelles ils n’arrivent pas à obtenir un logement. » Le représentant de la fondation en profite pour rappeler « que le droit au logement est un droit à valeur constitutionnelle et que le devoir de tout gouvernant est de loger son peuple ». Enfin, alors que le pays guette les effets du « plan de relance », il invite les élus à « se poser les bonnes questions. » « On demande de relancer la consommation, mais pour beaucoup de ménages à faibles ressources les dépenses liées au logement vont de plus de 30 % à 50 %. Alors oui, ce sont bien les 27 000 familles varoises qui elles, peuvent vraiment être en colère. » 1- Les chiffres commune par commune doivent être publiés par la préfecture d’ici la fin de l’année, après une série de différents arbitrages régionaux et nationaux.