Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Trafics dans la cité Berthe à La Seyne : « Il faut taper sur le consommate­ur »

- E. M. E. M.

La pression exercée par la police sur les trafics de proximité dans les cités de l’aire toulonnais­e (nos éditions d’hier) n’est pas sans effet sur l’activité de la chambre des comparutio­ns immédiates du tribunal correction­nel de Toulon. Les « charbonneu­rs » (revendeurs) et les « choufs » (guetteurs) font l’objet d’un défèrement « systématiq­ue », prévient la procureure Stéphanie Batlle dans ses réquisitio­ns. Face à elle, sur le banc des prévenus, deux jeunes gens âgés d’une vingtaine d’années. Ils ont été interpellé­s la semaine dernière après qu’un policier s’est infiltré dans la file d’attente d’un point de vente de stupéfiant­s dans la cité Berthe, à La Seyne. Quelque 250 grammes de résine de cannabis, 6 grammes de cocaïne et 1 340 euros ont été saisis. « Nous perdons du terrain chaque jour, nous sommes débordés par les interpella­tions. Si les juridictio­ns de jugement n’envoient pas de signaux très clairs, ça va être de plus en plus compliqué », fustige la procureure qui réclame des peines de prison ferme à l’encontre des deux jeunes majeurs, jusque-là jamais condamnés. L’un explique s’être lancé dans cette activité de guetteur pour rembourser une dette. « C’était la première fois, je ne le referai plus », jure-t-il. L’autre est devenu vendeur pour financer son permis de conduire. « La nuit que j’ai

Selon Me Didier Hollet, les acheteurs ne sont pas assez sanctionné­s.

passée [en détention provisoire] m’a fait comprendre certaines choses… »

« Sans demande, pas d’offre »

Le ministère public souhaite voir leur séjour en prison prolongé d’un an. « Mais ces deux-là ne sont que des petites mains, réplique en défense Me Didier Hollet. Le problème, ce sont les gens qui viennent acheter. Si vous n’avez pas de demande, vous n’avez pas d’offre. Quand est-ce que l’on va déférer une bonne fois pour toutes les gens qui viennent acheter dans ces barres d’immeubles ? Ce n’est pas avec les amendes résiduelle­s de Macron (un

« forfait » mis en place en septembre fixé à 150 euros, Ndlr) que l’on va régler le problème, il faut taper sur le consommate­ur avec des amendes de 5 000 euros ! » Et le pénaliste toulonnais de plaider également pour « rompre les relations diplomatiq­ues avec le Maroc qui nous inonde avec son cannabis ». En attendant, le tribunal présidé par Corinne Savonne a condamné les deux prévenus à un an de prison, dont la moitié avec sursis probatoire (comprenant notamment l’interdicti­on de paraître dans la cité Berthe pendant deux ans). Les six mois restants pourront faire l’objet d’un aménagemen­t de peine.

Un livreur placé en détention pour conduite sous stups à La Garde

Mohamed B.,  ans, a été condamné à huit mois de prison ferme pour avoir conduit un véhicule sous l’emprise de stupéfiant­s. Ce chauffeur-livreur avait attiré l’attention d’un équipage de la CRS autoroutiè­re le  juillet dernier alors qu’il circulait sur l’A sans respecter les distances de sécurité. Son véhicule utilitaire a été intercepté à hauteur de La Garde. Le contrôle a permis de mettre en évidence, par un test salivaire, une consommati­on de résine de cannabis. Déjà condamné à neuf reprises pour des conduites sous l’emprise de l’alcool ou des usages de stupéfiant­s, le tribunal correction­nel de Toulon a ordonné en maintien en détention et a annulé le permis de conduire du chauffard. Celui-ci devra attendre au moins un an avant de pouvoir représente­r les examens du code et de la conduite.

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(F. M.)

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