Commerces : ces maires qui bravent l’interdiction
La grogne des maires se fait entendre. Certains ont pris vendredi des arrêtés autorisant l’ouverture des commerces non alimentaires, en contradiction avec le gouvernement
Àpeine 24 heures après le début du deuxième confinement, plusieurs maires ont décidé de braver l’interdiction du gouvernement. Mais plusieurs préfectures, comme celles de la Manche ou de Saône-et-Loire ont très vite demandé aux maires en question de retirer leur arrêté « illégal » car en contradiction avec le décret fixant le reconfinement. « Pour la ville et pour les commerçants de Perpignan dont la santé économique est déjà plus que dégradée, ce reconfinement est un nouveau coup dur qui pourrait s’avérer fatal pour beaucoup d’entre eux », a déclaré le maire de la cité catalane Louis Aliot (Rassemblemen national), lors d’une conférence de presse.
« Un confinenement incohérent »
« Très dubitatif sur l’efficacité » d’un confinement qualifié d’« incohérent » ,ilaen conséquence signé un arrêté d’ouverture des commerces non alimentaires du centre-ville à compter de mardi matin, a ajouté l’édile de cette ville de plus de 100 000 habitants, la plus importante à avoir prise ce genre de décision à ce jour.
D’autres villes avaient pris des arrêtés similaires un peu plus tôt dans la journée. La fermeture des commerces de proximité non alimentaires est « injuste et inéquitable » et « crée une rupture d’égalité entre petits commerces et grandes et moyennes surfaces », a expliqué Frédéric Soulier, maire Les Républicains (LR) de Brive (47 000 habitants), dans un message sur Facebook. À Chalon-sur-Saône, le maire Gilles Platret (LR) a autorisé « la réouverture de tous les commerces de vente au détail non alimentaires pour lutter plus efficacement contre la propagation du virus ».
Un arrêté qualifié « d’illégal » par la préfecture. Selon Gilles Platret, « l’accumulation de clientèle, notamment aux caisses », dans les supermarchés et hypermarchés, où se vendent également des produits non essentiels, « va automatiquement générer une situation de nature à encourager la propagation de l’épidémie, là où il faut au contraire tout mettre en oeuvre pour la ralentir ». « Des clients pouvant librement accéder à l’ensemble des petits commerces de la ville seront moins susceptibles de se contaminer », écrit-il. Le maire socialise d’Aubusson, Michel Moine, conteste, lui, « que la charge de la responsabilité de l’épidémie soit à ce point supportée par le commerce de proximité ».
Une commerçante en grève de la faim
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a estimé vendredi que les commerces de proximité contraints de fermer durant le confinement étaient « en danger de mort » malgré les aides gouvernementales. Une commerçante de Blotzheim (HautRhin), gérante d’une enseigne de prêt-à-porter féminin qui a dû fermer, a entamé une grève de la faim pour dénoncer l’injustice provoquée par le nouveau confinement,
Des auteurs de BD en colère
Quatre auteurs de bande dessinée qui parrainaient l’Année de la BD du ministère de la Culture ont annoncé, hier, leur démission collective pour protester contre la fermeture des librairies. « Nous avons décidé, devant l’incohérence et les contradictions des choix politiques à l’égard de la culture et des métiers du livre en ce temps de pandémie, de démissionner immédiatement de cette responsabilité », écrivent les auteurs dans un communiqué commun. Il s’agit de Florence Cestac (Harry Mickson, Fille des oiseaux), Catherine Meurisse (Moderne Olympia, Les Grands Espaces), Régis Loisel (Peter Pan, Magasin général )etJul( Silex and the City, Lucky Luke). L’Année de la bande dessinée 2020 avait été prolongée par le ministère de la Culture jusqu’en juin 2021. L’Association des maires de France défend l’ouverture des commerces. « Nous pensons que ces commerces de proximité doivent continuer à pouvoir vivre et le livre est un produit culturel de première nécessité » ,adéclaré, hier, Philippe Laurent, secrétaire général de l’Association des Maires de France (AMF) et maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine).