« Quel triste confinement, quel triste Toulon... »
Il fallait s’armer de courage, hier après-midi, pour affronter la morosité des rues de Toulon, en ce premier weekend de confinement. «Je n’ai pas le coeur au shopping mais il faut bien faire les courses, hein ? Alors, je vais au centre Mayol avec mon attestation et on verra bien », confie Sandrine, une mère de famille toulonnaise. Justement. Le kiosque à journaux, situé à l’entrée du centre commercial, est un bon baromètre : « L’activité et les passages ici sont divisés au moins par deux par rapport à un samedi normal », explique Marie-Pierre, la gérante. Dans son secteur, elle est une des rares boutiques à avoir ouvert son rideau. Tout autour, les commerces dits « non essentiels » sont clos. Seuls les magasins de téléphonie mobile accueillent le public, comme Natacha, venue faire réparer à la va-vite son portable avant de s’enfermer chez elle pour longtemps. «Sije n’ai pas mon téléphone, je suis perdue ! C’est là que je regarde des vidéos, que je trie mes mails, que je travaille, que je communique avec mes amis... Indispensable par temps de confinement », raconte-t-elle.
Des commerçants souvent solidaires
Dans la rue qui longe la cathédrale de Toulon, toutes les boutiques ont portes closes à l’exception du Comptoir Irlandais. « J’ai l’autorisation d’ouvrir car je vends du thé, de l’alimentaire...», commente Éric, le responsable. « En revanche, j’ai condamné par solidarité le rayon vêtements pour ne pas faire d’ombre à mes voisins qui vendent du textile et n’ont pas eu le droit de travailler. » Bonne action. Autre dilemme : les livres. Hier, il était impossible à la Fnac d’acheter des bouquins. Rayon bloqué, à la demande du gouvernement suite au mouvement des libraires indépendants de ces derniers jours en France. Anaïs et Pascale, elles, n’ont pas eu de scrupules : « Monde ou pas, confinement ou non : on devait faire nos emplettes. Mais quel triste confinement et quel triste Toulon ! On est partis à Carrefour et dans les quelques boutiques alentour avec nos autorisations de sortie. On a acheté des magazines, de l’alimentaire : tout pour tenir ! ».