L’expo Yann Arthus-Bertrand s’éclipse avant son terme
Il aurait dû accueillir les visiteurs à la Villa Tamaris jusqu’au 10 novembre. Confinement oblige, le festival L’OEil en Seyne doit décrocher ses clichés. Sans possibilité de reprendre l’expo plus tard
Ceux qui pensaient y jeter un coup d’oeil début novembre regretteront de ne pas y être allés plus tôt. Inaugurée le 25 septembre, la 16e édition du festival international de la photographie n’ira pas à son terme. Recadrée par la crise sanitaire. Et même si les organisateurs ont caressé l’espoir de la mettre en parenthèse le temps nécessaire, puis de la reprendre après le confinement, l’exposition de Yann Arthus Bertrand devra être décrochée ces prochains jours. C’est bien sûr un crève-coeur pour l’équipe organisatrice. « Depuis son vernissage, l’expo a enregistré une fréquentation énorme, assure Cyril Bruneau, directeur artistique de L’OEil en Seyne. On estime à plus de 5 000 le nombre visiteurs qui sont venus durant les cinq premières semaines. C’est a priori trois fois plus que lors des éditions précédentes. Et cela, malgré la mise en place des gestes barrières et le nombre limité de personnes par salle, ce qui aurait pu freiner l’affluence ».
tirages pour une rétrospective
La notoriété du photographe invité a clairement ratissé large. Et la qualité de l’expo a tapé dans l’oeil du grand public. On y retrouvait toute l’oeuvre de l’auteur de La Terre vue du ciel, depuis ses premières photos prises au Kenya, jusqu’à ses portraits des Français et tous ses thèmes de prédilection autour de la préservation de la planète. Plus de 150 tirages propices à s’interroger sur le rapport à la nature et aux hommes. « Il est vrai que le public était au rendez-vous, confirme Jacqueline Franjou, présidente du festival. Le taux de fréquentation était très bon et, sauf interruption, il aurait sans doute été au niveau des meilleures éditions de L’OEil en Seyne, comme les 60 ans de Paris Match en 2009, Philip Plisson “Le voyageur des mers” en 2013, ou les plus beaux clichés des photographes de L’Equipe en 2018 ».
« Prolonger n’aurait rien coûté »
Évidemment déçus de devoir baisser le rideau avant la fin, les organisateurs se sont de suite interrogés : « Serait-il possible, à l’issue du confinement, de mener l’expo à son terme ? » « De manière générale, reprend Jacqueline Franjou, mon souhait est que la culture ne soit pas mise entre parenthèses, bien sûr avec toutes les précautions sanitaires nécessaires. On aurait souhaité que la dizaine de jours manquants être replacés quelque part dans le planning, d’autant que, les photos étant déjà accrochées, reprendre les visites à l’issue du confinement n’aurait rien coûté à personne ». « On savait qu’il fallait prendre en compte plusieurs paramètres, ajoute Cyril Bruneau : l’accord de Yann Arthus Bertrand, la disponibilité de l’expo en décembre (peut-être était-elle attendue dans un autre lieu ?), et la compatibilité avec le calendrier de la Villa Tamaris. « Mais de toute façon, complète la présidente du festival, la décision ne nous appartient pas, elle doit être prise au niveau de TPM et au regard de la programmation à la Villa Tamaris ». La décision est tombée vendredi soir. Elle est négative. « Le confinement serait intervenu 8 jours après le début de l’exposition, nous nous serions posés beaucoup de questions sur la possibilité de reprendre à un moment ou à un autre, explique Isabelle Bourgeois, la directrice de la Villa Tamaris. Là, l’expo a été montrée durant cinq semaines et doit s’interrompre 8 jours avant la fin. Certes, elle a très bien marché, mais on ne pourra pas la prolonger car nous avons un grand rendez-vous prévu en décembre ». De fait, la prochaine exposition – si les conditions le permettent – est annoncée pour débuter le 5 décembre (lire ci-dessous). Et il n’est pas possible de la décaler. «Ilya une quarantaine d’artistes invités, peintres, musiciens, architecte, écrivain… », indique Isabelle Bourgeois. Reste que, avec ou sans confinement, la dernière semaine de L’OEil en Seyne aurait eu un goût d’inachevé : toutes les visites des scolaires venaient en effet d’être annulées en raison... du passage du plan Vigipirate au niveau “écarlate”. De là à penser que le festival de photographie aura cette année été victime du mauvais oeil...