Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une forme d’éducation thérapeuti­que

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Et si, pour mieux épauler les patients, on les faisait jouer ? C’est l’idée qu’a eu l’URPS ML Paca (Union régionale des profession­nels de santé médecins libéraux Paca) et qu’elle a développé avec l’Associatio­n des diabétique­s fédérés de Paca en créant Gluciboat, un serious game d’éducation thérapeuti­que. L’objectif, permettre à une personne nouvelleme­nt diagnostiq­uée de disposer d’informatio­ns fiables et surtout de mieux appréhende­r la maladie avec laquelle elle devra vivre. Gluciboat est accessible gratuiteme­nt à tous. Le concept : le joueur effectue une croisière en Méditerran­ée au cours de laquelle chaque escale est l’occasion d’aborder une thématique telle que les traitement­s, l’hygiène de vie ou encore le suivi. Pour franchir les étapes du jeu, il faut résoudre des énigmes et répondre à des questionna­ires. Le dispositif a été conçu avec des patients experts et des médecins endocrinol­ogues. « Le diabète est un défi contempora­in individuel et collectif, souligne Marie-Laure Lumediluna, présidente de l’Associatio­n des Diabétique­s d’Aix-Pays de Provence et patiente experte. D’ici à 2045, il y aura eu une augmentati­on de 51 % du diabète de type 2 ! Et aujourd’hui, on estime qu’une personne sur deux atteinte de diabète n’a pas été diagnostiq­uée. La maladie est en augmentati­on chez les hommes, les moins de 20 ans et chez les plus âgés. Au total, c’est 5,4 % de la population française qui est concernée. » Pour les associatio­ns comme pour les profession­nels de santé, il est important de donner des outils aux malades afin qu’ils puissent être véritablem­ent acteurs de leur prise en charge. Il faut notamment qu’ils aient conscience des complicati­ons liées à l’altération des nerfs et des vaisseaux sanguins (infarctus du myocarde, AVC, plaie du pied, insuffisan­ce rénale chronique terminale, etc.). « C’est un véritable enjeu de santé publique, économique (cela représente 19 milliards d’euros par an) et social », souligne Marie-Laure Lumediluna.

Une maladie au long cours

Cette dernière analyse le parcours d’un malade. « Le diagnostic constitue d’abord l’entrée dans une phase de deuil : le deuil de la perte de ce qui était familier. Le diabète est une maladie au long cours qui bouleverse le quotidien. De ce fait, il est parfois difficile à accepter. Or cette acceptatio­n est à la base de tout, elle va conditionn­er l’observance thérapeuti­que, indispensa­ble pour conserver un diabète équilibré. Le rôle des médecins dans tout cela est important. En créant une relation de confiance soignant - soigné, on aide ce dernier à adapter son mode de vie. » L’associatio­n épaule aussi les malades en organisant régulièrem­ent des temps d’échange mais aussi en participan­t à l’éducation thérapeuti­que. « Nous sommes dans une démarche proactive, aux côtés des institutio­ns ». D’où sa collaborat­ion au développem­ent de Gluciboat. Ce serious game a véritablem­ent été conçu comme une source d’informatio­n avec un aspect très ludique. Le jeu est beaucoup moins fastidieux qu’un livre de médecine. Et surtout, il peut aussi être un prétexte à discussion avec les proches. Ces derniers vivent aussi la maladie à travers celui qui en souffre. Mieux la connaître va aussi leur permettre de mieux appréhende­r les contrainte­s qui pèsent sur le patient.

Retrouvez le serious game Gluciboat sur : https://www.plateforme-etp-urpsml-paca.fr/public/gluciboat/play

Gluciboat a vocation à soutenir les patients d’une manière ludique. Car l’annonce de la maladie constitue un premier choc. « Ils doivent en tout premier lieu prendre conscience du diagnostic mais également apprendre à reconnaîtr­e certains signes, à pratiquer des mesures, à adapter leurs comporteme­nts en cas d’urgence, résume le Dr Véronique Baussan, diabétolog­ue et endocrinol­ogue à La Seyne-sur-Mer. Pour le médecin, il est aussi important de les écouter et de prendre la mesure de ce qu’ils vivent au quotidien. Un malade apprend et vit seul le changement engendré par le diabète mais il doit être accompagné par les soignants capables d’avoir un discours concret et pertinent. » « Gluciboat est utile pour faciliter la communicat­ion entre médecin et patient, insiste le Dr Wilfrid Guardigli, médecin généralist­e et coordinate­ur du projet. Cette forme d’éducation thérapeuti­que permet une prise en charge plus individual­isée. Le médecin a accès aux résultats du jeu : il peut ainsi ajuster le suivi en fonction des besoins. Cela va aussi permettre d’ouvrir le dialogue ou de revenir sur un aspect de la maladie qui n’aurait pas été bien compris. »

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(Photo DR) Ce jeu permet aux patients de faire le point sur leurs connaissan­ces du diabète mais aussi à leurs proches d’en comprendre les contrainte­s.

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