Plus d’intervention de l’Etat ?
Selon Lionel Nesta, la crise s’annonce longue. Comment alors régénérer le tissu productif ? «En relevant les défis de l’environnement, du développement durable et de la transition numérique, estime-t-il. Si on rapatrie des activités industrielles, il faut les positionner sur des marchés à très haute valeur ajoutée. Il ne faut pas produire des voitures ou des avions plus rapides mais plus propres. La globalisation n’est pas forcément négative mais on ne peut pas attendre de nos entreprises qu’elles produisent des biens de qualité avec des salaires de pays émergents. » D’où la proposition de l’étude que les pouvoirs publics aident financièrement les quelque 14 000 entreprises productives mais illiquides en raison de la crise de la Covid-19. « Si l’Etat rachète les fonds propres de ces sociétés, le coût estimé serait au 1er janvier 2021 de 3 Mds€, commente le chercheur. Ce qui serait relativement peu par rapport à tout ce qu’il a déjà injecté. S’il décide de contribuer aux fonds propres de toutes les entreprises insolvables, indépendamment de leur viabilité – quelque 31 000 –, l’estimation du coût serait de 8 Mds €. On a fait d’autres simulations où les pouvoirs publics paieraient tous les coûts fixes des entreprises et ils se situeraient entre 20 et 25 Mds€ .»
Cette politique qui, certes, peut être qualifiée de discrimination partielle peut se mettre en place via un guichet public où les entreprises prouveraient leur bonne santé mais insolvabilité.
Quid des créations d’entreprises ?
Et si l’on se soucie beaucoup des faillites et l’antisélection, il faut aussi poser la question de l’entrepreneuriat et du renouvellement de l’appareil productif par la création d’entreprises et l’investissement dans celles existantes. Lionel Nesta est, pour sa part, dans l’expectative .«Je pense que pour l’instant, l’investissement privé est atone. Bien évidemment, il y aura des entreprises nouvelles mais leur nombre sera réduit. Et de souligner dans ce cas également, l’intérêt de la prise de participation de l’Etat. »