Un petit commerce en « résistance »
« J e suis commerçante au même titre que les Gifi, Decathlon, Castorama. » Le discours est sincère. Les mots assurés. Hélène Meynard-Pisani est commerçante dans le village du Castellet. Depuis 15 ans, elle y tient l’Esperluette, un magasin de prêt-à-porter, de bijoux et de décoration. Avec l’annonce du confinement, son établissement n’étant pas considéré comme essentiel doit fermer ses portes. Pourtant, il n’en sera rien. Du moins pour le moment. La gérante a en effet choisi de laisser ses portes ouvertes.
« Je ne suis pas désobéissante »
D’emblée, elle assure ce n’est pas une provocation. Encore moins une fronde. Simplement, elle souhaite que tout le monde soit logé à la même enseigne : «Je fais comme les grands. Ils restent ouverts, alors moi aussi.
Tout le monde trouve la petite faille juridique pour pouvoir ouvrir dans la région. » Tout au long du week-end, elle a eu du monde dans sa boutique et même «lagendarmerie sourit-elle : Ils sont venus me tirer les oreilles mais pour l’instant je pense qu’il y a une certaine tolérance. Je ne suis pas désobéissante. » Sur les réseaux sociaux, elle a reçu également « beaucoup d’encouragements et parfois même, des gens sont montés pour simplement la féliciter ».
Vente de rouleaux de papier toilette
À l’entrée du magasin, à côté des vêtements en vente, Hélène Meynard-Pisani a entreposé des rouleaux de papier toilette. Non pas pour se moquer des personnes qui ont dévalisé les grandes surfaces, mais pour respecter la réglementation : « On nous dit qu’il faut vendre des produits de première nécessité alors j’en vends. On pourrait dire que c’est de la dérision, que je me fous de la gueule du monde. Mais non, je veux rester ouverte. Les rouleaux sont vraiment à vendre. Après, je les offre si vous faites les cadeaux de Noël dans le magasin. » Lorsqu’on lui demande si elle ne redoute pas une fermeture administrative, elle pose : « Qu’est-ce que je risque de plus que ce qui se passe en ce moment ? Aujourd’hui
de toute façon, je suis fermé administrativement par la force des choses, donc qu’est-ce que j’encourage de plus ? Une amende, je la paierai. En tout cas, j’ai besoin de travailler. » Si aujourd’hui son établissement est fermé – c’est son jour de repos – elle assure qu’elle le rouvrira demain aux horaires habituels. Puis les autres jours jusqu’à «ce que la loi soit valable et s’applique à tous ».