Var-Matin (La Seyne / Sanary)

LES VAROIS TRÈS PARTAGÉS

70% d’entre eux ne veulent pas se faire vacciner

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Un spécialist­e fait le point sur le vrai, le faux et l’irrationne­l

S «’il reste moins de 3 ou 4 % de la population sans vaccinatio­n, ce n’est pas grave, 10 à 15 %, cela devient dangereux. » Interrogé par notre rédaction (lire par ailleurs) sur la vaccinatio­n contre la Covid-19, le Dr Hervé Haas, pédiatre et infectiolo­gue, conclut ainsi son propos. Grande devrait être sa déception en découvrant les résultats de l’enquête que nous avons menée auprès des internaute­s (plus de 1 000 votants). En pleine épidémie virale, alors que des départemen­ts voisins, à l’instar du Vaucluse ou des Hautes-Alpes, accusent déjà 200 % de taux d’occupation de leurs lits de réanimatio­n, que le Var est dans une situation critique, que les hôpitaux azuréens commencent à voir affluer des patients graves de ces départemen­ts… les Azuréens et les Varois qui ont répondu à la consultati­on disent dans leur grande majorité : non. Ils disent non à 70 % au vaccin du laboratoir­e Pfizer, présenté pourtant hier dans la presse internatio­nale comme la promesse de lendemains déconfinés.

Mais ce taux est-il vraiment surprenant alors que la France se distingue depuis des décennies par sa défiance vis-à-vis des vaccins ?

Des craintes justifiées

Les Français sont fâchés avec la vaccinatio­n. Pendant que les scientifiq­ues s’épuisent à défendre ses bienfaits – en rappelant que certaines maladies (diphtérie, tétanos, poliomyéli­te…) ont été totalement ou presque éliminées grâce à une couverture vaccinale très élevée, que d’autres à l’opposé, comme la rougeole, perdurent parce que cette couverture est insuffisan­te – les discours « antivax » ont la vie dure et continuent de se transmettr­e au détriment des discours médicaux. Et la crise du Mediator, qui a mis au jour des collusions possibles entre les acteurs industriel­s et les autorités de santé, n’a fait que les renforcer. « L’industrie pharmaceut­ique est sans âme et ne recherche que le profit, même si elle doit nous faire avaler, ou nous injecter des produits dangereux. » C’est le leitmotiv des antivaccin qui puisent dans les écrits de certains professeur­s de médecine – dont le sulfureux Pr Henri

Joyeux – des arguments pour défendre leur position. Le célèbre : « On nous cache tout, on nous dit rien ».

Alors, oui, cette défiance visà-vis du candidat-vaccin contre la Covid-19 n’est pas surprenant­e. Mais, elle est cette fois fondée sur des craintes justifiées. Il s’agit d’un tout nouveau type de vaccin, pour lequel on n’a aucun recul. Il a été produit dans des temps records, alors qu’il faut généraleme­nt des années pour mettre au point un vaccin efficace. On a assisté à une course effrénée entre les poids lourds de la « Big Pharma », motivés par la perspectiv­e d’un blockbuste­r – les Bourses mondiales se sont envolées après l’annonce de Pfizer. Dans ce contexte, la prudence s’impose effectivem­ent. Concernant en particulie­r des effets indésirabl­es plus rares qui ne pourront être mis en évidence que lorsque ce vaccin bénéficier­a à des millions d’individus. Alors, plutôt qu’interpréte­r ce chiffre de 70 % comme la manifestat­ion d’un rejet dogmatique, rappelonsn­ous qu’il y a quelques semaines les Français se sont précipités en masse dans les officines pour réclamer le vaccin contre la grippe.

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