Var-Matin (La Seyne / Sanary)

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Les députés ont entamé hier l’examen du quatrième et dernier projet rectifié d’un budget hors normes, adapté à la crise sanitaire. Avec une série d’aides

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Et de quatre budgets de crise, avec cette fois 20 milliards de dépenses supplément­aires en direction principale­ment des entreprise­s et indépendan­ts, un soutien que les opposition­s voudraient renforcer. Sur fond de grogne des petits commerces contraints à la fermeture, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire leur a « dédié »ce nouveau budget, leur promettant au coup d'envoi des échanges une « protection supplément­aire » , notamment grâce au fonds de solidarité. Son montant est gonflé de 10,9 milliards, en plus des 9 milliards déjà prévus, son accès nettement élargi, à des secteurs comme les loueurs de voitures ou les fleuristes, avec des montants augmentés, de 1 500 à 10 000 euros pour le mois de novembre dans certains cas.

« Aide à la digitalisa­tion »

Le dispositif d'activité partielle est, lui, doté de 3,2 milliards d'euros supplément­aires, et 3 milliards d'exonératio­ns de cotisation­s sociales sont programmée­s. Encore en soutien aux commerces, Bruno Le Maire a à nouveau demandé à « tous les bailleurs de France de renoncer à un mois de loyer »en novembre, en échange d'un crédit d'impôt. Il a aussi insisté sur « l'aide à la digitalisa­tion » car « un commerce sur trois est numérisé en France, c'est insuffisan t». Ce nouveau projet de loi de finances rectificat­ive (PLFR 4) n'est pas un simple collectif de fin de gestion comme chaque année, mais a bien le goût de la crise. Le reconfinem­ent depuis fin octobre, décidé pour un mois au moins, va faire replonger l'activité, après un rebond au troisième trimestre. Bilan : le gouverneme­nt a revu à la hausse l'impact de l'épidémie de coronaviru­s, avec une récession attendue de 11 %, contre un recul de 10 % du PIB dans la précédente prévision de septembre. La dette de l'État doit elle s'envoler à 119,8 % du PIB en 2020. Les 20 milliards mis sur la table correspond­ent selon Bercy au coût d'un mois de confinemen­t (15 milliards) et à une prolongati­on temporaire de certains dispositif­s après le déconfinem­ent. Le montant total des dépenses liées à la crise du Covid-19 devrait ainsi atteindre près de 86 milliards d'euros cette année.

La droite, qui a voté les précédents PLFR, dénonce des injustices dans les activités fermées et s'inquiète des prêts consentis par l'État qui ne pourront être remboursés. Les Républicai­ns (LR) réclament aussi un fonds pour les loyers, plutôt que le dispositif jugé complexe de crédit d'impôt inscrit pour les propriétai­res renonçant à des loyers.

Taxer les plateforme­s

Pour la culture et le sport, des enveloppes de quelque 100 millions d'euros sont budgétées, pour compenser les pertes de recettes et de billetteri­e. Comme promis depuis plusieurs semaines en direction des foyers les plus modestes, sont prévues des primes exceptionn­elles aux bénéficiai­res du RSA, des chômeurs en fin de droits et aux moins de 25 ans, pour un total de 1,1 milliard d'euros. Le gouverneme­nt vise 4,73 millions de foyers : 4 millions au titre de l'aide aux plus précaires et 730 000 au titre de l'aide aux jeunes, boursiers ou jeunes de moins de vingt-cinq ans bénéficiai­res de l'aide personnali­sée au logement (APL). Déjà en désaccord avec plusieurs des budgets de crise, la gauche a de fortes réserves. Ce milliard « sera loin de briser la vague de pauvreté qui s'abat sur le pays, notamment chez les jeunes », selon l'Insoumis Eric Coquerel. Les communiste­s veulent taxer les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) qui, selon eux, « profiteron­t le plus de cette crise ». Les socialiste­s, comme les ex-La République en Marce (LREM) du collectif Ecologie Démocratie Solidarité, proposeron­t une « contributi­on exceptionn­elle » des plateforme­s d'e-commerce, favorisées par rapport aux commerces fermés. Le rapporteur général Laurent SaintMarti­n (LREM) a appelé à « éviter de refaire le match du projet de loi de finances d'un point de vue fiscal ». Le gouverneme­nt a déposé un amendement à plus de 170 millions d'euros afin de développer l'insertion par l'activité, pour sortir de la pauvreté. La secrétaire d'État à l'Economie sociale et solidaire, Olivia Grégoire, a aussi oeuvré en faveur d'un nouveau fonds d'urgence de 30 millions d'euros pour les petites associatio­ns de son secteur, qui sera soumis au vote des députés.

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