Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Chez nous, le frémisseme­nt ne va pas dans le bon sens... »

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Le ministre de la Santé a estimé, dimanche, qu’il y avait « un frémisseme­nt » et une forme de « ralentisse­ment » de la progressio­n de l’épidémie. Est-ce le cas à l’hôpital de Fréjus ?

Frédéric Limouzy et Jean-Marc Maurin : en Île-de-France, peutêtre, mais dans le Var, ce n’est pas le cas. Le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Paca a envoyé vendredi dernier à tous les établissem­ents de santé un document qui stipulait que nous passions en plan blanc palier . Cela veut dire plus de déprogramm­ations et, si possible, ouverture de lits de soins critiques et de lits de médecine. Chez nous, le frémisseme­nt ne va pas dans le bon sens. La pandémie continue à progresser. On a doublé le nombre de patients Covid par rapport à la première vague. Nous en sommes à . En nombre de patients, nous sommes quasiment au niveau du CHU de Nice…

Pourquoi ce grand écart avec la première vague ?

Nous avons été épargnés la première fois, le virus n’était pas passé aussi fort que dans d’autres départemen­ts. Là, il y a une résurgence. Nous avons été impactés par un déconfinem­ent globalemen­t mal maîtrisé, avec un gros afflux de touristes cet été et jusqu’à la Toussaint. Il y a eu de nombreux clusters, vers St-Tropez. Nous avons eu et avons encore des patients issus du Golfe qui sont en phase aiguë.

Avez-vous augmenté votre capacité en nombre de lits de réanimatio­n ?

Il y a trois semaines, nous sommes passés de  à , et nous allons passer de  à  cette semaine.

Comment gérez-vous l’activité Covid au quotidien ?

Sur le plan médical, depuis la première crise, on a une gestion particuliè­re. Elle est essentiell­ement médicale ‘‘pneumo’’. Notre grosse force, c’est notre secteur de pneumologi­e (lire ci-contre). Nous avons aussi avancé dans la prise en charge thérapeuti­que. De manière systématiq­ue, sont associées une antibiothé­rapie, une activité anti-inflammato­ire et une anticoagul­ation.

Le personnel de l’hôpital a-t-il été touché ?

La disséminat­ion du virus auprès de la population, on la retrouve au niveau de nos personnels :  à la fin de la semaine dernière, contre  lors de la première vague. Du coup, nous sommes amenés, parfois, à faire travailler des agents Covid+ mais asymptomat­iques, pour les besoins des services.

Des renforts extérieurs ?

Heureuseme­nt, on travaille bien avec le privé, notamment avec la clinique des Lauriers qui nous a mis sept infirmière­s à dispositio­n. Nous avons aussi sollicité les infirmière­s libérales. Il faut trouver un maximum de ressources. Il est aussi important de souligner le fait que l’on retrouve de la solidarité. Il y a une dynamique positive. Tout le monde fait des efforts. L’hôpital n’est pas débordé car on a su s’adapter. Collective­ment, nous sommes « plastiques ». Attention, si la courbe continue à grimper, dans quinze jours, on aura  patients. La situation reste tendue.

Quid de l’activité hors Covid ?

Nous disons aux patients : venez nous consulter et ne vous autodéprog­rammez pas ! C’est l’équipe médicale qui décide, surtout dans le but de nous apporter des ressources en personnel. Mais on ne fait pas que du Covid, on fait tout pour ne pas se retrouver avec des « pertes de chance ». On continue à programmer des patients hors Covid qui nécessiten­t des interventi­ons.

 ??  ?? Graphique à l’appui, Frédéric Limouzy, directeur du centre hospitalie­r intercommu­nal (CHI) de Fréjus, et le docteur Jean-Marc Maurin, président de la communauté médicale d’établissem­ent (CME), attestent de la violence de cette deuxième vague épidémique.
Graphique à l’appui, Frédéric Limouzy, directeur du centre hospitalie­r intercommu­nal (CHI) de Fréjus, et le docteur Jean-Marc Maurin, président de la communauté médicale d’établissem­ent (CME), attestent de la violence de cette deuxième vague épidémique.

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